Il y a très longtemps quand j'étais pré-ado, deux trucs me fascinaient: les films d'horreur et les jeux vidéos. 20 ans après rien n'a changé.
Mais à l'époque, il se trouve que je passais pas mal de temps devant Game one et je me rappelle que c'était les débuts de la chaîne. Pas beaucoup d'émission si ce n'est le Level one du toujours présent Marcus, et la série Red dwarf à laquelle je captais rien mais qui, étrangement m'hypnotisait. Par contre, il y avait des morceaux de gameplay de jeux du moment qui passaient entre deux pages de pub. 5 minutes par çi par là... Ca suffisait amplement à te donner l'envie (ou non d'ailleurs) d'acheter un jeu. Et c'est ainsi que je suis tombé sur Blair witch épisode 1-Rustin Parr, le jeu vidéo.


En 1999 Le projet Blair witch sort en salle. Petit film indé, fait par des étudiants en cinéma pourvu d'une réputation traumatisante pour les chanceux l'ayant déjà vu. Dont mon père. Moi je me suis fait recalé, j'avais presque 12 ans. Il sort de la salle, il m'en parle. Je le questionne non-stop pour savoir ce qui se passe dans ce putain de film. J'apprends au passage ce que "witch" veut dire en anglais. Je lui demande ce qu'elle fait donc, cette fameuse sorcière. De toutes les réponses que j'ai eu je n'en ai retenu absolument aucune. A la place je me suis fait un vrai film dans ma tête. Un film qui, comme je m'en rendrais compte l'année d'après grâce à la VHS, n'avait absolument rien à voir avec ce que j'avais réussi a créer dans ma tête. Putain c'était grave chiant comme film en fait! Alors oui, bravo aux 3 comédiens qui croient dur comme fer à l'existence de cette sorcière qu'on verra jamais. Bravo à la com. Mais en vrai, il se passe rien dans ce film! Par contre dès que je suis tombé sur cette adaptation jeu-vidéoludique j'étais complètement aux anges.


Nous sommes donc en 2000 et le survival horror s'est déjà fermement installé sur les terres de la Playstation, Resident evil 1&2 en tête, suivi du premier Silent hill. Dans mes souvenirs ce genre de jeu avec des angles de caméras pré-calculés étaient assez rares. Je m'étais précipité dessus, et, bien que chaque expérience fut absolument traumatisante (le premier RE et Silent hill surtout), j'en redemandais davantage.
Le volume 1 de Blair witch est vraiment un jeu qui utilise les ficelles du genre à la perfection tout en se fendant d'être très novateur pour l'époque. Y jouer maintenant est une expérience assez grisante en soi. Déjà le jeu est loin d'être moche. Si ce n'est les modèles 3D des personnages qui sont en effet pas top, les décors, eux, ont vraiment une sacrée bonne gueule. Le gameplay bouffe à tous les râteliers mais prend à peu près ce qu'il faut aux aînés et compose comme il faut souris en main.
Là où le jeu s'en tire avec tous les honneurs c'est au niveau de sa liberté de ton. On dirait que les types ont signés le deal. Puis, visionnés le film. Et là ils se sont dits "merde. On peut pas faire un jeu vidéo de ce truc". Du coup. Eclair de génie." Le found footage on oublie. Concentrons-nous sur le jeu. Rendons ça fun et flippant." Et ce renoncement du produit de base marche super bien. Dès les premières minutes on te tape des hommages dans tous les sens à X-files et à Twin peaks. L'histoire est assez déconcertante au début et dénote complètement par rapport aux films vu que ça se passe en 1948 et qu'on y incarne une nana qui bosse pour un genre de BPRD du pauvre qui enquête donc sur des phénomènes paranormaux. Parmi ses collègues de bureau on retrouvera le "stranger" du jeu vidéo Nocturne des mêmes développeurs, ce qui donne un côté presque multiverse en croisant des licences qui n'ont aucune raison de muter ensemble. Notre héroïne part donc dans la petite ville de Burkitsville pour enquêter sur une série de meurtres d'enfants et va rencontrer sur son passage des individus en tout genre, dont, peut-être, une sorcière qui serait à l'origine de tout ce bordel.
Du coup on s'installe (comme dans la vraie vie) dans le motel de cette charmante petite ville (une rue principale et quatre autres artères) et c'est super! On peut aller voir tout le monde, manger une tarte au diner, croiser un simili Dale Cooper, rentrer dans la bibliothèque, aller faire chier le shériff. L'immersion est immédiate et vraiment bien fichue. On se sent très vite au centre de l'enquête et en plus de ça on prend vraiment plaisir à incarner une personne dont le job c'est de résoudre des trucs pas nets. On a un petit journal. Pour voir la carte, les notes, les objectifs etc... Et c'est plus qu'utile parce que sans, on naviguerait complètement à l'aveuglette. Mention spéciale à l'enregistreur de son analogique où tout se fait à l'ancienne et qui permet d'entendre des choses cachées, seulement en bidouillant les fréquences, les basses et les trebbles. Terriblement prenant et en fait assez flippant. J'ai jamais revu depuis un jeu réussir aussi bien dans les actions secondaires.
Le jeu suit vraiment le schéma d'une enquête. On observe, on questionne, on apprend, on agît. Ce qui nous amène donc à quitter de temps en temps la ville pour aller s'aventurer dans la sombre forêt de Blair. Dans laquelle on y trouve un tas de trucs sympa. Et même des dimensions parallèles ce qui rappelle évidemment SH, mais ça fait quand même partie des points forts du jeu.
Alors oui, les combats sont foireux (surtout les boss, dont la logique est... Pas très logique en fait). L'histoire est inutilement complexe et la durée de vie assez basse. Mais ses défauts sont très vite gommés par la liberté que le jeu laisse dans le gameplay. Si les combats vous emmerdent, tracez. Si on compte les boss et les ennemis que j'ai flingué, on doit pas dépasser la dizaine de victimes. Rien ne vous oblige à vous battre sinon. Et pour l'histoire, si par moments les rouages déconnent un peu (surtout sur la fin), il y a vraiment des moments de narration qui font qu'on passe un excellent moment. Notamment dans cette liberté qu'on te donne, d'avancer de façon logique et c'est ce qui octroie un vrai sentiment d'accomplissement quand on finit un pan de l'histoire.


Il est très amusant de noter que la réussite de ce jeu est dû à la transgression totale du matériel original. Rustin Parr est très souvent drôle (grâce à des personnages bien écrits), se savoure avec des grandes idées d'horreur (la baraque de Rustin qui se recompose avec tous ses fantômes) et t'envoie la mise en scène gerbante des deux films (oui je sais le deuxième n'est pas un found footage mais vous avez vu comment c'est filmé avec le cul?) aux oubliettes et te servant de magnifiques plans de caméras fixes. Je chante les louanges des types de Terminal velocity qui même si ils n'ont rien inventés d'absolument taré dans l'industrie, ont presque toujours réussi a servir des produits de qualité sans trop en faire.


A noter qu'il existe deux suites au jeu mais pas par les mêmes developpeurs. Du coup ils sont un peu nuls. Snif.

YazDeckard187
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le 18 oct. 2021

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YazDeckard187

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YazDeckard187
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