Blasphemous
7.5
Blasphemous

Jeu de The Game Kitchen et Team17 (2019PC)

Comparaison Gastronomique n°9 : Sangria


Le dernier blasphème avant le renouveau du cycle des souffrances



Je n'ai jamais fait de critiques gastronomique sur du vin auparavant, et il me fallait un truc espagnol que je connaissais et ou j'avais des choses à raconter en lieu avec un jeu aussi difficile que Blasphemous et pourtant aussi riche, aussi exigent et aussi beau, tant par ses visuels que son écriture, dont je vous parlerais en détails.


Comme le jeu la sangria est rouge sang, duquel elle tire son nom, espagnol lv2 bonjour et au revoir ce sera tout pour cette critique. Au delà de ce constat flagrant on trouvera dans la sangria pas mal de bordel qu'on pense pas trouver dans d'autres vins en vrac des épices ( au choix plusieurs ou pas du tout ), des fruits souvent plus ou moins exotiques et étranges selon la recette, on rajoute souvent un alcool fort après macération ou avant puis certaines variantes rajoutent même des boissons comme le coca ( oui ) et autres boissons gazeuses.
Un joyeux bordel que la sangria. Tu sens passer la culture espagnole là ? reprends un verre ça fais mal mais ça se boit tout seul tu sais que la gueule de bois est violente mais t'as bien envie de goûter à nouveau toutes les épices et les saveurs étranges qui se côtoient là dedans.
Et bah nous y voilà, c'est ça Blasphemous. Bienvenue dans cette comparaison gastronomique, on à poser le décor, on va pouvoir parler du jeu.


Etape 1 de la préparation : le vin.


Blanc, Rouge ou même Rosé allez hop rien qu'au début t'as du choix. Evidemment du vin espagnol si possible ( applaudissement et ovations dans les commentaires ). C'est là que le jeu débute avant toute chose : son inspiration et son contexte. Dans un monde étrange un soldat d'un ordre religieux obscur se réveille entouré d'une montagnes de cadavres, de ses frères d'armes. Le style architectural rappellera l'espagne du 17ème siècle aussi appelé siècle d'or espagnol ou la monarchie catholique domine.
Le vin, qui ici sera rouge, pour son rapprochement avec le sang ( ah oui non mais cette comparaison gastronomique vous est présenté par captain obvious ), renvoie à tout le coté très sanglant et brutal du titre. Pas juste dans les effets du jeu qui renforce cet aspect comme les finish moves sur les mobs ou encore les attaques bien lourdes qui renvoient un feeling de destruction massive manette en main ( joues le à la manette faites pas les fous ) mais aussi à travers l'écriture et le champ lexical du sacrifice, des blessures et de la mort qui domine tout le long du jeu. On est littéralement du début à la fin du jeu, entouré de cadavres ou de personnes à l'agonie, crucifié sur notre route de l'expiation. Joie et douceur donc ont pris des vacances dans Blasphemous et ne reviendront jamais. Enjoy ton voyage dans les enfers espagnols.
Il serait bien sur sacrilège de na pas faire mention à la saga des souls et à toute ses similitudes mais j'ai pas envie de faire une bête comparaison hâtives alors autant lister tout ce qui rentre dans ce game design sanglant et brutal tout de suite :



  • L'écran de mort avec des lettres rouges sur fond noir quand on meurt, avec toujours la même phrase ou plutôt le même mot ici : Excommunication, sur lequel nous reviendront plus tard.

  • La gestion de l'esquive est vitale si ce n'est primordiale dans le jeu, si vous n'esquivez pas, vous allez mourir dans d'atroces souffrances.

  • Les potions sont faites littéralement de sang, et il y à de ci de là des fontaines sanglantes qui les remplissent pour en avoir plus.

  • Enfin pour finir les points de sauvegardes sont fixes et prennent ici l'apparence d'autels ou prier, on y reviendra aussi plus tard.
    Enfin 2 points viennent nuancer ceci pour le rapprocher plus de BloodBorne que de la saga des Souls : L'agressivité qui est largement récompensé surtout quand on commence à obtenir certains power up, et aussi dans l'architecture qui peut par moment rappeller le néo-gothique de BloodBorne, même si dans Blasphemous là ou il y à la suffocation de BloodBorne il y à ici la mélancolie des grands espaces vides.




Etape 2 de la préparation : laissez macérer les fruits dans le vin.




Voilà nous avons la base, le sang la brutalité, la religion. Mais tout ça ne serait rien sans une histoire. Et c'est là ou encore une fois le jeu rejoint la saga des souls dans sa narration décousue. Des indices sont laissés ça et là, et dans le jeu vous ne croiserez que très peu de pnj aussi. Seuls les morts parlent, et ce qu'ils ont à dire est souvent obscur, troublant, confus. A vous de remettre les pièces du puzzle dans l'ordre.
Sans trop spoiler voici le pitch global : Vous êtes le dernier représentant de guerriers de l'ordre religieux qui existe dans ce monde depuis bien longtemps. Il y à de cela des générations maintenant un " Miracle " à fait ressortir les pêchés et les valeurs des gens aux grands jours et si certains sont resté bons d'autres ont basculé dans le pêché et ont subi des mutations. Vous devez les traquez, et les exterminer. Sur votre chemin vous croiserez des âmes en peines, en proie à des souffrances éternelles qui ne demandent qu'à être abrégées ou apaisées, vous rencontrerez des pèlerins perdues sur le chemin de la rédemption mais surtout vous verrez votre personnages s'enfoncez de plus en plus dans une folie sanguinaire sans fin.
Le jeu est très silencieux et très mélancoliques comme j'ai pu vous le dire et tout à été revu pour coller avec cet esprit de chemin pieux et salutaire , les écrans de mort affiche " Excommunication " ce qui chez les catholiques ( mais pas que ) signifie être expulsé de l'ordre religieux.
Les points de sauvegardes sont des prières et c'est seulement à ces points de sauvegardes que l'on peut équiper une autre prière ( celles ci donnent des pouvoirs spécifiques ).
On notera aussi tout le coté religieux que ce soit dans les équipements : chapelets sur lequel on équipe des gris gris en tout genres, une épée que l'on obtient d'une pénitente qui se sacrifie avec et nommée "Mea Culpa", des reliques que l'on peut avoir au nombre de 3 en même temps ( nombre qui fait écho à nombre de choses dans la religion catholique dont bien sur la sainte trinité ), et j'en passe d'autres sinon je fait faire un pavé la dessus.
Le seul point qui mérite qu'on s'attarde dessus est l'épée. Mea Culpa signifiant grossièrement " Ma faute " prend un sens symbolique ici puisque l'épée aspire les péchés de son porteur à chaque fois qu'il meurt celle-ci réduit la jauge de pouvoir appelé " ferveur " jusqu'à ce que l'on retourne sur le lieu ou nous somme mort ( c'est une version amélioré des échos du sang des souls ).
De plus attention spoiler alert !


L'épée est fourni avec une épine qui se gorge du sang récolté par l'épée et grandit jusqu'à être une ronce qui aspire les péchés. Celle ci finira, dans la fin secrète, par recouvrir son porteur pour devenir le nouveau dieu adulé par tout les fidèles et recommencer la boucle infernale du jeu, qui dans la timeline dit qu'un pénitent originelle s'est sacrifié pour tous et s'est transformé en arbre d'ou est issu le Miracle, en partie.


De plus il est important de souligner que l'histoire est renforcée par le level design. On notera que l'on peut abréger les souffrances de personnes crucifiés sur notre chemin pour récolter un petit peu de ferveur. Les zones sont toutes interconnectés et nous pourrons explorer ainsi pas mal d'endroits religieux tels le couvent de bonne sœur isolés du reste du monde, une cathédrale et ses toits, des cachots...
Ces zones possédant chacune leur spécificités que cela soit les cloches qui repousse et heurte le pénitent si il est dans la zone de l'onde de choc, la poix enflammée qui tombent de chaudrons en or, le vent qui souffle et rend tout déplacement hâtif mortel etc...
On notera aussi que quelques quêtes secondaires présentés dès le début du jeu nous accompagneront tout le long du jeu et renvoie encore à cet aspect morbide et maudit de l'univers en questions : des angelots en cages que nous devons libérer, comme si toute aide sacrée était proscrite et les ossements de personnages célèbres religieux qui ont tous perpétrés des massacres que nous devons collecter et apporter dans une crypte. On peut citer entre autre le roi midas, le conquistador francisco hernandez de Cordoba... mais aussi des noms de personnages inconnus mais avec des liens avec la religion que ce soit un lépreux, un médecin durant la peste et autres.
Pour finir le nom même du jeu renvoie au blasphème religieux, thème qui revient souvent dans les propos des boss du jeu et à la fin.


Etape 3 de la préparation : Les épices :


Une fois que vous avez bien progressé dans le jeu, que votre haine et votre rage à fait son chemin, il faut passer au delà. Il faut explorer chaque recoin à la recherche de chaque secrets, vous obligeant, de fait, à vous intéresser à ce qui vous entoure, et à écouter les morts, à scruter les murs à la recherche de chaque secrets, à réaliser les quêtes des rares pnj présents, et surtout cela vous force à écouter les histoires de ceux qui peuvent encore témoigner de la démence et la folie qui règne partout. Le jeu arrive à temporiser an plein milieu de votre aventure. Si il fallait le découper il serait découper en trois actes distincts, et c'est pas anodin encore une fois ce chiffre trois car pour moi voilà ce que j'ai ressenti. Les trois premiers boss qui servent à débloquer le reste de Custodia sont simples, et l'on ressent une réelle puissance de notre personnage, comme si il était un messie venue délivrer les âmes damnées et leur donner le salut du fil de son épée. Puis une fois la porte franchie la difficulté se corse, on voit apparaître même dans les phases de plateformes des pics, du vides, des ennemis fourbes qui vous projette dans l'un ou l'autre avec des attaques vicieuses. Et alors nous ne sommes clairement plus en position de suppériorité, on meurt, on meurt encore, on meurt toujours, parfois plusieurs fois au même endroits et il semble nécessaire de lutter pour faire quelques pas en avant dans notre quêtes, on apprend à temporiser et à faire les quêtes qui donne de belles récompenses, on explore puisque le combat frontal avec certains boss semblent impossible ( je pense essentiellement au bébé géant, ceux qui ont joué comprendront, les autres, bon courage. ). C'est une fois que nous avons pris le temps et l'empathie de se soucier des personnes brisées qui nous entourent que l'on peut avancer, et le messie s'étant repentie va pouvoir s'éveiller et accéder à la troisième partie du jeu : la recherche de la fin secrète et de l'accomplissement de soi. Le Mea Culpa ultime, qui sauvera et son âme et celle de tout les autres tombés au combats, de tout ses frères amoncelés en tas de cadavres sans visages, sans âmes, dont ils ont été privés, de tout ceux qui ont abandonnés le combat, se croyant peut être seul face à la folie.


Etape 4 de la préparation : servir frais :


Il faudra une bonne dose de sang froid ( énorme blague ) pour finir Blasphemous avec sa fin secrète. Est-ce que la fin en vaut la peine ? à vous de juger, mais l'important n'est pas l'arrivée, c'est le voyage en lui même.

Spiralis
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Jeux vidéo et Prépare le sel, je prépare le Alt F4.

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le 19 sept. 2019

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