Call of Duty: Black Ops
6.3
Call of Duty: Black Ops

Jeu de Treyarch et Activision (2010Xbox 360)

La série Call of Duty a été initié par Infinity Ward mais dans un soucis de rentabilité maximale Activision utilisaTreyarch pour permettre la production annuelle de Call of Duty. Le studio s'est fait la main sur une version console de Call of Duty 2 avant de passer aux affaires sérieuses avec Call of Duty 3. Et là, ce fût le drame.
Pâle copie sans idée de la formule Call of Duty ce troisième opus, minable sur a peu près tous les points, a néanmoins rempli les poches de Bobby Kotick de façon confortable. Il n'en fallait pas moins pour que Treyarch s'installe donc définitivement aux côté d'Infinity Ward sur la juteuse franchise. Jusque là cramponnée à la seconde guerre mondiale la licence parallèle de Treyarch change désormais de cap, il faut dire que les Modern Warfare ont été des phénomènes commerciaux impressionnants. La guerre moderne vend plus que la seconde guerre mondiale ? Ok, faisons du moderne... mais pas trop quand même histoire de ne pas faire dans le copier/coller trop évident.

Nous voilà donc dans les années 60, au coeur de la guerre froide, des complots et des opérations clandestines. Puisqu'on ne change pas une formule qui marche on est ici dans du pur Call of Duty, on avance, ça fait boum, ça fait paf, ça fait pan pan, et ça fait re-boum.
Script en cascade, IA absente, séquences awesome tous les deux mètres...
Treyarch rend sans doute là sa copie la plus propre : les scripts sont beaucoup moins grossiers qu'avant, le rythme est plus maitrisé et le rendu graphique est vraiment satisfaisant, surtout sur consoles.
Le studio n'a cessé de faire des efforts et progresse chaque année, Black Ops est le meilleur Call of Duty fait par Treyarch.

Ceci dit ça n'empêche pas le jeu de tomber dans les travers habituels de la licence. Ainsi CoD : Black Ops fait parti de ces FPS où le tir est subsidiaire. Scripté jusqu'à la moelle et jusqu'à l'absurde le jeu prend tellement le joueur par la main que celui-ci n'a pas besoin de faire grand chose pour avancer. Le déluge d'action permet de noyer un peu le poisson mais le sentiment d'être inutile domine parfois lors de plusieurs séquences du jeu. On avance d'un checkpoint à un autre sans vraiment savoir pourquoi on le fait et sans vraiment avoir d'utilité non plus. Black Ops ne se joue pas, il se traverse et la balade est forcément un peu morne.
Ensuite le jeu est toujours aussi premier degré dans son univers archi caricaturale. Des braves soldats bien viriles qui hurlent avec des grosses voix pour sauver le monde libre comme dans les pires films des années 80. Le caméo de Chuck Norris est attendu pour le prochain épisode.
Mais puisqu'il faut être parfaitement honnête on ne peut que souligner l'effort de Treyarch au niveau de l'histoire. En effet on est ici dans une construction en flash-back où le mystère a une certaine place, où est développé une histoire secrète et parallèle comme dans les films paranoïaque de la grande époque.

L'intention est louable... l'exécution, elle, est déjà plus problématique. Le scénario à twist est un exercice qui requiert une certaine finesse et, comme pour le traitement de l'univers, comme pour la gestion des scripts, Treyarch n'en a aucune. Les ficelles sont tellement grosses, les effets tellement éculés qu'on devine très vite qui se cache derrière la voix, qu'on devine très vite le retournement final qui va donner du sens à tout ça.
Comme tout le scénario est construit autour de ces révélations supposées awesome il finit par s'écrouler et l'intérêt pour l'histoire fait de même.
Cependant cette volonté d'explorer un peu autre chose accouche de quelques bons moments, comme cet assaut de tanker explosif, cette course-poursuite sur des toits ou encore lors d'un dernier niveau dans un lieu insolite. Des séquences qui lorgnent bien plus du côté de James Bond ou des films d'action HK qu'autre chose.

Et c'est finalement là le plus grand paradoxe de CoD : Black Ops c'est qu'il réussit à être sympa lorsqu'il fait autre chose que du Call of Duty. Les batailles à grand échelles sont par exemple sans intérêt. Son ambiance Guerre du Vietnam est particulièrement ratée. Malgré les Rolling Stones, malgré les citations mal digérée de films, malgré les rizières, malgré les niakoués à l'accent pittoresque : ça ne prend jamais. C'est un Vietnam de pacotille.
Malgré la débauche de violence, on n'est jamais impliqué puisqu'elle ne sert ici qu'à la surenchère et à la complaisance. On entendrait presque les rires gras des rednecks lorsqu'un homme se fait énucléé à coup de tesson de bouteille. Une séquence choc qui n'a d'autre intérêt que de choquer, justement. On a beaucoup parler de la sène de massacre à l'aéroport lors de Modern Warfare 2 mais on oublie souvent que l'on pouvait ne pas tirer sur les civils, on pouvait avancer et regarder ailleurs... ici : non, le moment crade et absolument injustifié tu dois le subir, quoi qu'il arrive. Pourquoi ? Parce que c'est "Bad Ass" et qu'être "Bad Ass" c'est la mode, ça fait bien, ça fait vendre.
Subir, encore et toujours, tel est le mot d'ordre de Call of Duty : Black Ops l'interactivité est réduite à sa portion congrue et on se sent bien vite otage de ce jeu con comme le pilier de bar du coin mais qui se prend malgré tout complètement au sérieux.

La "Call of Duty defense force" ne manquera pas de souligner que Call of Duty c'est surtout un jeu multi. Un aspect important du jeu avec ses multiples cartes et son système de grades et d'expérience désormais incontournable.
Malheureusement Black Ops ne fait que confirmer le déclin de la série à ce niveau là aussi : maps minuscules, possibilités tactiques minces (youpi, il y a deux chemins !) et surtout système de bonus complètement abusif. Les parties deviennent incroyablement pénibles à force de se prendre des volées de plombs d'un hélico invisible ou un bombardement qui tapisse tout la largeur de certains endroits.

Le système est mal calibré car les bonus sont trop puissant et n'ont pas assez (pas du tout ?) de points faibles pour offrir une chance à l'équipe adverse de limiter les dégâts. Comme il s'obtient en faisant plusieurs frags d'affilé et quils sont tellement puissants qu'il occasionnent plusieurs morts d'un coup il y a rapidement une escalade dans le n'importe quoi et les affrontement tournent au spammage d'attaques spéciales.
La nervosité du gameplay se prête pourtant bien aux parties en ligne mais avec un système aussi boiteux l'expérience devient plus agaçante qu'autre chose.
L'arrivé, la même année, de Battlefield : Bad Company 2 fini de ringardiser le multi de CoD : Black Ops. Bien qu'imparfait le multi du titre de Dice offre une expérience bien plus variée et satisfaisante.
Pour ceux qui n'ont jamais entendu parler de Left 4 Dead il y a aussi un mode zombie qui tente de pallier son manque d'intérêt ludique par des choix farfelus assez marrants, ça détend mais pas bien longtemps.

Les intentions sont là mais la formule Call of Duty atteint vraiment ses limites avec cet épisode qui essaye de nouvelles pistes sans jamais se donner les moyens de les exploiter correctement. Plus d'explosions, plus de bruit, plus de sang, plus de coups de feu... toujours plus... oui, mais sans doute trop. Cette grosse cinématique bourrée de clichés honteux ne se révèle que vaguement interactive, à croire que le jeu a été développé uniquement pour pouvoir faire de trailers lors des coupures pub des NBA Finals. Pas de doute, ça en jette sur ton écran plasma mais une fois la manette en main c'est le vide absolu qui domine.

Créée

le 13 mai 2011

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