Depuis quelques temps j’avais du mal à comprendre la dissonance entre les œuvres que j’appréciais et les avis/critiques/tests glanés ici et là. Pourquoi tel jeu est bien, pourquoi tel autre est à chier et pourquoi « que celui-ci on peut pas vraiment dire du mal parce que tout le monde dit que c’est trop bien donc ça doit l’être quand même » ? Soit on se sent trop con, soit on se met d’accord avec vox populi qui devrait parfois apprendre à fermer sa gueule parce qu’on peut aimer Limbo sans trouver Inside incroyable…
Alors on en est où ?
Ah oui, donc c’est quoi un jeu vidéo : c’est l’interaction. Sur un écran. C’est la définition de base. Les exceptions ne sont pas la règle alors ferme la avec ton jeu sans écran ou sans contrôle. Et qui dit interaction, dit qu’il y a d’un côté un joueur et de l’autre côté un jeu. C’est con dit comme ça, mais puisqu’on n’est pas des I.A. un peu teubés, il y a une énorme quantité de variables qui se bousculent dans notre citron qui nous poussent à agir différemment les uns des autres, d’avoir des goûts, des orientations, des expériences, bref qui font de l’être humain un esprit d’appréciation unique. Et comme cet appréciation est unique, chaque joueur réagit différemment des autres face à ce que l’on rencontre : pourquoi certains vont gueuler au volant, pourquoi d’autres seront cools et polis, pourquoi certains vont mépriser le code de la route et pourquoi d’autres vont trouver rigolo de rouler avec un SUV d’enculé dans Paris sur un cycliste ?
Vous le voyez arriver là ?
Pourtant c’est plutôt simple car l’interaction nécessitant un goût, fondamentalement subjectif, il est impossible d’avoir un avis objectif, être critique sur ce type d’œuvre culturelle sans y apporter son propre goût. Je peux trouver super cool Captain America qui dit « Avengers assemble ! » en brandissant le marteau de Thor, parce que je comprends la ref, parce que j’ai l’impression de faire partie de la commu des fans du MCU, parce que ça me rappelle quand mon papa il m’achetait les Strange dans les stations services quand j’étais petit, mais ça n’a rien à voir avec les qualités du film. Elles peuvent être débattues, mais elles ont été suffisamment théorisées pour être capable d’en faire ressortir des critères définissant si tel film est bien et tel autre est naze. Et donc Batman & Robin c’est un chef d’œuvre.
Dès lors (oui, ça fait bien les transitions introduites par des locutions…), la critique de jeu vidéo devient mensongère et par conséquent superfétatoire. Il devient beaucoup plus judicieux de renommer cet exercice (concernant le jeu vidéo en tout cas) « avis » ou « curation », voire « conseil » si on est un ancien président condamné avec bracelet à la cheville.
Mais alors Call of Duty Black Ops 6 ?
Mais putain on s’en fout, on parle d’un truc qui va au-delà de ça, merde ! C’est sérieux là !
Je suis pas fan des Call of mais j’en ai fait les deux tiers et ça m’a toujours un peu surpris cette messe annuelle qui attire autant les foules alors que bon, c’est pas fifou quand même.
Le multi ? Sans doute, mais c’est pas pour moi… Le mode zombies ? Pareil et pareil.
Mais si moi je ne trouve pas ça passionnant, alors pourquoi ça se vend autant tous les ans ? Et est ce que ceux qui y jouent se plantent autant en trouvant ça bien ?
Et voilà qu’après avoir fini ce Black Ops 6, j’en ressors en me disant exactement la même chose que le plupart de ceux auxquels j’ai touché : c’est sympa mais pas dingue, c’est toujours la même chose, il y a toujours les mêmes écueils, toujours les mêmes méchants, toujours la même trahison au même moment, toujours le sens du sacrifice exacerbé et toujours l’impression d’être passé à ça (les deux doigts qui se touchent presque, faut les imaginer…) d’un vrai bon jeu.
Mais là n’est plus la question.
Tout ceci est très loin. Aujourd’hui je comprends que ceux qui aimaient aimeront et ceux qui n’avaient aucun problème à passer à côté trouveront ça toujours aussi nul. Et ils auront tous les deux raison ! Le jeu vidéo a cette différence avec les autres arts/médias/produits culturels qu’ils ajoutent de l’interaction qui génère un ressenti qui nous est propre et qui parvient à en faire une expérience totalement personnelle. A mon sens, le jeu vidéo a toujours été une promesse : celle de nous entraîner dans un jeu d’interactions nous permettant de ressentir des choses qui nous sont tantôt personnelles, tantôt partagées mais qui ne pourront jamais être jugées de façon objectives.
Alors la critique non, mais l’avis oui.
Et Black Ops 6, à mon avis c’est comme d’hab’ : mwouif.