Call of Duty revient chaque année avec la même régularité que les avis d'imposition et les calendriers de pompiers. Alooooors, cette année, ce sera... tiens, un Black Ops. Ben oui, il faut bien alterner avec les Modern Warfare, faut pas déconner non plus. Tout commence au pays fleuri de la liberté et de la démocratie, où l'on apprends qu'un des personnages de l'opus précédent a "comme de par hasard" survécu a l'explosion d'une ceinture de grenades sur le type qu'il essayait d'étrangler. Cette année, le grand-méchant est un trafiquant de drogue sud-américain qui, pour une quelconque raison psychologique, a une dent contre l'Oncle Sam et décide de déclencher la troisième guerre mondiale.

Ah, ne soyez pas surpris, la jaquette "so badass" avait prévenu que "the future is black". Allons-y gaiement pour cinq heures de... hein, quoi? Ben oui, cinq heures. Ben oui, soixante euros. Mais bon, c'est comme ça depuis le premier Modern Warfare, alors ne venez pas faire les étonnés. Cinq heures disais-je, de défouraillage transpirant de testostérone aux quatres coins de la planètes, au cours desquelles il s'agira de mitrailler du mec basané pour des raisons pas bien claires dans des couloirs de trente mètres de large au maximum (ne riez pas, j'ai vérifié), exception faite d'un passage afghan ou votre héros, chevauchant fièrement un destrier noir comme la nuit, massacrera deux bataillons blindés soviétiques, ainsi que tous leurs hélicoptères, au lance-missile Stinger. Et d'une seule main pour tirer et recharger ledit missile hein, parce qu'il faut bien en garder une pour garder les rênes du canasson qui semble avoir une peau en titane renforcé, car visiblement, il se rit des centaines de balles et d'obus de 20 mm qui lui transpercent le lard.

Dois-je vous raconter l'histoire de bout en bout? Non. La seule chose que vous avez besoin de savoir, c'est que le méchant est capturé ou tué a la fin et que tout se conclut sur un beau "AMERICA, FUCK YEAH". Alors, ce Black Ops II vaut-il son aîné? Non plus. Pour plusieurs raisons: d'abord, il n'y a aucune surprise. Dès la cinématique d'introduction, on devine que le méchant a été traumatisé dans son enfance, que c'est un psychopathe au dernier degré et qu'il va vous emmerder pendant toute la campagne. A chaque fois que vous montez dans un véhicule, vous savez pertinemment qu'il va se crasher quelques secondes plus tard. A chaque fois que vous faites de l'infiltration, ou que vous surveillez une rencontre entre deux méchants, vous sentez que quelque chose va arriver "tout a fait par hasard" pour faire foirer le plan prévu et que tout se réglera a coups de 5,56, puisque Activision ne semble pas capable de faire autre chose. A chaque fois que vous avez Menendez en ligne de mire, vous flairez l'embuscade qui va arriver comme prévu trois secondes plus tard et vous relancer a sa poursuite. Et c'est comme ça pendant tout le jeu.
Ensuite, parce que l'IA n'a pas changé, ne vous inquiétez pas. Elle pourra vous sniper a trois cent mètres au pistolet, mais restera paralysée si vous arrivez au contact. Elle a suffisamment de QI pour se mettre a couvert mais elle n'est là que pour se faire tailler en pièces.
Puis, parce que le côté sombre, voire bien cradingue du premier Black Ops, qui donnait une réelle personnalité au jeu, n'existe plus. Allez savoir si c'est l'époque futuriste qui veut ça, mais tout est froid et clinique, les séances de torture sont fades et en matière d'opérations-spéciales-secrètes sur lesquelles le jeu base sa trame de fond, on repassera, ou alors c'est très courageux de vouloir la jouer incognito en atomisant la moitié de la planète.
D'autre part, les armes n'ont aucune personnalité, et surtout, aucun recul! Mais vraiment aucun. Les fusils a verrou de dix kilos peuvent aisément servir de mitrailleuses et certains fusils d'assaut tirent tellement vite que ça ressemble plus a des fusils lasers, et comme il n'y a aucun recul, tuer des adversaires se résume a pointer la souris, a appuyer sur le clic gauche et a ne pas le relâcher tant que tous ces infâmes suppôts du Diable ne sont pas tous allongés par terre.
Question scénario? Ben... c'est morne. Noriega en guest-star, ça ne fait pas tout. Le dénouement final est tellement téléphoné que vous garderez le même air dubitatif tout au long de la campagne, d'autant qu'encore une fois, tout est tellement prévisible que la surprise ne marche plus du tout. Si vous allez quelque part, c'est qu'on vous dit d'y aller. Aucune interaction avec le décor, aucune destructibilité, un seul et unique chemin tracé, point. On ne peut pas s'empêcher de ressentir de la pitié devant un tel déballage d'effets spéciaux (particulièrements moche d'ailleurs, mais j'y reviendrais plus tard) qui est là pour combler le vide. Le côté "grand spectacle" ne touche plus le joueur aussi bien qu'avant.

La bande-son? Ca sera trois ou quatres morceaux épiques casés au bon endroit et pour le reste, des bruits de détonations et d'explosions qui n'ont pas changé d'un iota depuis maintenant sept ans, des cris de blessés mal faits, et quand aux bruitages des armes, ça ressemble furieusement au pistolet a billes que mon pote Louis avait quand on était en sixième.

Ah, j'ai parlé des graphismes? Oui, un peu tout a l'heure. Mais comme ça reviendrait a tirer sur une ambulance, je me contenterait de rappeler qu'Activision nous ressert encore une fois le moteur graphique de l'épisode de 2006, mais un moteur épuisé, rogné, poussé dans ses derniers retranchements, essoré jusqu'a l'os et qui fait vraiment peine a voir. Les textures sont du papier-peint (au passage, si vous avez l'oeil a certains endroit de la campagne, vous constaterez que certains bâtiments ne sont même pas recouverts de textures), les effets spéciaux sont dépassés, les effets de lumière et de poussière inégaux et pas crédibles.

Et le multijoueur? Eh bien... vous voyez celui de Black Ops? Eh ben, c'est le même. Avec deux ou trois gadgets "innovants", du genre fusil-qui-transperce-le-béton-mais-qui-peut-pas-tirer-a-travers-le-carton, des lunettes qui permettent de voir a travers les murs, et j'en passe, sur des cartes bien pensées et aux ambiances prenantes, il faut le reconnaître, mais qui ne changent pas non plus car toujours semblables aux dizaines d'autres qui les ont précédées.

Donc, au final, on se rabattra sur le mode zombie, qui lui est original, avec un véhicule et une map en plusieurs étapes, des vagues ininterrompues de morts-vivants et un rythme qui tient la route. Mais il faut alors être prêt a payer un mode zombie soixante euros. 70 si vous faites partie de ceux qui ont assez de mauvais goût pour jouer a un fps sur une console.


Non, Black Ops II n'est pas un bon jeu. Parce qu'il n'innove en rien, que ça fait des années que ça dure et que le haut-le-coeur commencé avec Modern Warfare III commence a devenir une nausée franche. Il garde les mêmes qualités que ses aînés mais ses défauts le rattrapent au galop, et les développeurs de Treyarch utilisent des ficelles tellement grossières que ça en devient ridicule. Mais ça ne s'arrêtera pas là, parce que chaque année, il y a toujours des centaines de milliers de consommateurs abrutis pour l'acheter. Les gens veulent de la merde, alors on leur sert de la merde. De la merde a soixante euros qui rapporte un milliard de dollars en moins d'une semaine alors qu'il y a tellement d'excellents jeux fait avec soin et bonne volonté, qui ne se vendent pas. Je vous en conjure, gardez votre argent, je me félicite d'avoir seulement piraté ce jeu au lieu de l'avoir payé.
VélocipèdeA
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le 13 janv. 2013

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