Tout ce qu'on peut attendre d'un JRPG à l'ancienne

Un JRPG tout mignon en apparence qui plonge le joueur dans un monde plus intéressant qu'il n'y paraît.

Alors OK, ça ne transpire pas l'originalité, le système de combat au tour par tour n'invente pas la roue, mais force est d'admettre que le boulot des dév est tout ce qu'on peut attendre qu'un JRPG "moderne". On a accès à six persos qui représentent tout autant de classes déguisées : guerrier, barbare, paladin, voleur et deux archers, un qui se concentre sur les AOE et l'autre sur les DOT. On note l'absence de classe entièrement dédiée à la magie, mais cet "oubli" est lié au scénario, puisque l'utilisation de la magie hors du cadre de "Deus" (la divinité du principal culte monothéiste) est punie par la loi. Le jeu se veut "moderne" dans le sens où les combats s'enchaînent plutôt vite, et où la gestion des HP/MP est inexistante puisque tous les persos sont soignés à la fin de chaque combat. Concernant la magie et les capacités spéciales, le jeu se veut un peu original en ce que les personnages commencent le combat à 2MP, et en gagnent au fil des tours (ce qui permet justement d'éviter des situations où on défouraille tout dès le premier tour avec une seule attaque surpuissante.) Les combats les plus difficiles demandent ainsi un minimum de stratégie (puisque si vous cramer tous les MP de votre healer, vous serez obligé de le faire agir par la suite pour qu'il en regagne.) Les personnages gagnent de (nombreuses) capacités au fil des niveaux, mais on ne peut leur en équiper que six (quatre actives et deux passives), qui laisse pas mal de choix de personnalisation.

En parlant de personnage, on peut justement choisir d'incarner le perso avec lequel on souhaite commencer, ce qui détermine votre leader de groupe, le prologue du jeu ainsi que quelques autres scènes. J'ai personnellement choisi la demi-elfe, personnage particulièrement touchant qui part découvrir le monde des humains alors qu'elle a toujours vécu en harmonie dans la forêt avec les lapins et les papillons. Elle y découvrira les merveilles de la culture humaine, la guerre, les massacres de femmes et d'enfant, la cruauté gratuite, etc. etc.

Les dialogues et la narration sont particulièrement soignés. On apprécie l'effort fait sur l'écriture des personnages, qui ont tous des personnalités bien distinctes et qui ont tous leur rôle à jouer dans l'histoire. Contrairement à de nombreux autres JRPG, j'ai suivi la plupart des dialogues avec un grand intérêt (l'ambiance mature nous dispensant des niaiseries courantes du genre à propos de l'amitié et du courage), et j'ai trouvé chacun des six protagonistes intéressants. On a même droit à des blagues salaces récurrentes de la part d'un personnage en particulier (celui qui joue le rôle du barbare), ce qui m'a beaucoup plus car je suis un gros dégoûtant.

Au niveau de la réalisation, certains environnements sont charmants, et même si ce n'est pas au niveau de Bastion ou de Braid, ça reste quand même très joli. De même au niveau de la musique : on a vu mieux, mais la plupart des mélodies sont très adaptées à l'ambiance du lieu.

Je recommande ce jeu à tous les nostalgiques de l'âge d'or des Final Fantasy : je préfère encore jouer les vieux cons nostalgiques plutôt que de soutenir la récente orientation prise par la plupart des JRPG (coucou FFXIII), et c'est un bonheur de retrouver une perle comme celle-ci de temps à autres. Si vous n'êtes pas convaincu, son prix réduit (10-13€) pourrait pencher en sa faveur.