Scriptolding

L’étron fumant qu’en prime, on a pas le droit de détester. Clickolding n’est pas un jeu vidéo, il s’est trompé de média et aurait eu meilleur vent d’être un court-métrage d’animation ou tout simplement un texte vu le point auquel le joueur est inexistant et tout simplement non-exploité. Mais les fans du jeu vous répondront “justement, c’est pour faire ressentir l’expérience des TDS, tu n’as pas le choix, tu es obligé de faire ce que tu dois faire”... La vie est-elle à vos yeux aussi peu complexe, pensez-vous vraiment que vous vivez à ce point sur un rail de point and click où vous ne pouvez pas sortir du script (informatique et scénaristique) et où chacune de vos actions est régie par une sortie de fatalité décidée par le Créateur ? Regardez Tatami Galaxy par pitié…

Clickolding est donc un jeu qui entreprend de traîter le sujet des travailleurs.eu.ses (je sais pas inclusiver mon écriture désolé) du sexe, vous vous retrouvez dans une chambre d’hôtel avec un gars qui vous promet 11000$ si vous “cliquez” devant lui, en suivant les indications qu’il vous donne (“plus vite… stop retiens le plaisir je sens que ça vient… va ouvrir la fenêtre j’ai chaud”). Donc là on est dans un jeu vidéo, évidemment premier réflexe interactif, vous vous dites “Qu’est-ce qu’il se passe si je ne clique pas”. Et vous attendez. 2 minutes. 5. 10. Et vous constatez qu’aucun dialogue, aucune réaction, aucun script n’a été prévu pour correspondre à un comportement aussi BASIQUE. Et c’est ça le problème fondamental souligné évidemment par la critique de mon camarade de meute mais que n’importe quel joueur constatera en “jouant” ou devrais-je plutôt dire en “se pliant” à cette expérience réductrice. Clickolding est rachitique, anorexique de contenu, il se désagrège littéralement dans vos mains lorsque vous sortez du rail prévu. A un moment par exemple, le personnage demande d’aller cliquer dans la salle de bain. Si vous en sortez il sortira une ligne de texte “ouin ouin pas content” et la répétera en boucle jusqu’à la fin du jeu, bloquant tous les scripts intermédiaires. Lunaire de fainéantise et de pauvreté de contenu.

Même les visual novel qui est le genre que tout le monde décrit comme le powerpoint de texte par excellence prennent en considération leur média et la présence du lecteur dans leur design fondamental, minimum que Clickolding ne s’est pas senti obligé de garantir. Au final je trouve même l’expérience irrespectueuse d’utiliser un sujet aussi complexe que celui des travailleurs du sexe pour en faire un truc aussi primaire, stupide. Car c’est ça qui frustre, le concept est allécheur et pertinent mais le résultat sans subtilité et vide. Je pense qu’il y a moyen de remake ce jeu en quelque chose de bien et je vous donne mon concept en pâture car je ne pense pas avoir le temps de le réaliser avant plusieurs années. Au lieu de faire un huis-clos de 10 000 clics excessif comme ici, faire en sorte qu’on puisse parcourir l’hôtel en entier, qu’on ai plusieurs “contrats” de clic dans une nuit pour permettre de rencontrer une multitude de personnages et de situation différentes pour à la fois installer et briser la routine. Ce sera mieux que de faire un unique personnage comme ici qui te sort tous les clichés du TDS “que penserait ma femme si elle savait”, c’est la mort de la subtilité. Et évidemment prendre en compte toutes les interactions possibles du joueur (le job d’un jeu vidéo quoi en somme).

Le fait même que quitter la chambre d’hôtel se résume simplement à un “Sauvegarder et quitter” est le symbole ultime de l’échec de l’expérience… Si tu n’as aucune considération pour mon “non-jeu”, c’est que ton jeu est équivalent à un non-jeu… Misérable et irrespectueux, autant pour le joueur que pour son sujet.