A la fois shitpost et thèse de philo, Cruelty Squad n'est pas facile à décrire. Pour reprendre en partie sa description sur le magasin Steam, disons que c'est un fps tactique avec des éléments d'infiltration et d'immersive sim dans un monde combinant cyberpunk et body horror. Et il y a aussi du trading. Et de la pêche. Le fait qu'il semble hurler 'JE SUIS ORIGINAL" peut entraîner la méfiance, mais je pense qu'il ne faut pas passer à côté de cette expérience unique à la grande inventivité, telle que seule la scène indépendante peut proposer.
Cruelty Squad ne ressemble à rien d'autre. Je ne parle pas là du gameplay, où on peut reconnaître des influences, mais littéralement. Les graphismes sous acide sont très perturbants lorsqu'on commence. On s'y habitue étonnamment vite, car ils n'empêchent pas de distinguer les éléments importants. Ils demeurent ensuite un élément fascinant, qui garantit une prise complète de notre attention par le jeu. La musique elle aussi fait de grands efforts pour que l'expérience soit unique, au point d'être parfois à la limite du désagréable.
Associé à cette ambiance semblable à nulle autre, c'est le gameplay qui va nous accrocher. Là encore, le début est très dur. On avance à travers les niveaux très sérieusement, vérifiant angoissé chaque salle sur notre chemin pour tuer les ennemis un par un. C'est une fois les niveaux en tête et quelques améliorations en poche qu'on découvre l'extrême liberté laissée par le jeu, et on se surprend finir en moins de 5 minutes un niveau qui nous avait posé problème. Les rejouer est donc toujours intéressant, d'autant que la difficulté (secrète) "hope eradicated" rajoute des cibles et des ennemis supplémentaires.
L'acquisition du grappin change complètement le gameplay, sans le casser grâce à l'excellent level design. Il est aussi essentiel pour trouver les innombrables secrets cachés dans chaque niveau.
En parlant de secrets, c'est un autre point à louer sur Cruelty Squad. Sa page du magasin Steam indique fièrement "No handholding !", et c'est tout sauf mensonger. Au joueur d'expérimenter avec les outils qui lui sont donnés. Cet aspect ne prend pas pour autant un tournant excessif : Les touches ne sont pas cachées (contrairement à ce que je croyais) et nul besoin d'un guide pour atteindre la première fin. Pour parvenir aux deux suivantes en revanche, ce sera nécessaire, à moins bien sûr de mener une grande investigation à la recherche des indices (ce dont je n'ai pas eu le courage, j'avoue). Concernant son lore, même approche, Cruelty Squad nous jette direct dans le bain sans introduction. A travers les savoureuses répliques des pnj, les description des objets, les briefings de mission et les niveaux eux-mêmes, plus bien sûr les fins, l'on peut découvrir un univers extrêmement intéressant et une critique recherchée de la mentalité capitaliste, pouvant être interprétée de diverses façons.
Bref, au cas où vous ne l'auriez pas compris, Cruelty Squad est un objet vidéoludique non identifié au charme aussi fou qu'incompréhensible pour les non-initiés. Les amateurs d'expériences originales (pour ne pas dire folles) devraient être ravis (Dès que j'en ai vu des images, je me suis dit "IL ME LE FAAAUUUUT !"), tout comme ceux qui aiment les jeux complexes ne se laissant pas saisir du premier coup.
This is just like Gorbino's quest. This is the Gorbino's quest of SensCritique.