Curse of the Sea Rats
5.5
Curse of the Sea Rats

Jeu de Petoons Studio et PQube (2023PlayStation 4)

Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations sur mon blog.

Dans une ère où nombre de joueurs ne jurent que par le photoréalisme, des studios se tournent vers une direction artistique s’en émancipant pour proposer des visuels que je trouve, à titre personnel, plus attrayants (même si je ne boude pas tout titre photoréaliste, Death Stranding en tête). Curse of the Sea Rats m’a ainsi intrigué, d’autant plus que Petoons Studio a conçu entièrement le jeu à la main en termes d’animations, ce qui confère au titre un petit cachet qui le sort du lot. Les personnages étant des rats, et par l’esthétique rappelant de vieux films d’animation, l’ensemble m’a rappelé les productions de Don Bluth. Si vous avez été un enfant durant les années 80, vous avez forcément vu une de ses productions : Brisby et le secret de NIMH, Fievel et le Nouveau Monde, Anastasia ou du temps qu’il était encore chez Disney avec Les aventures de Bernard et Bianca ou Rox et Rouky.


Un visuel volontairement « ancien » peut non seulement rallier des joueurs en évoquant une quelconque nostalgie, mais aussi contraster avec un gameplay plus pernicieux qu’il n’y parait. Je songe notamment à Cuphead qui, sous ses airs de film Disney des années 30 façon Steamboat Willie, se révèle être un véritable challenge bien corsé. Curse of the Sea Rats ne requiert pas autant de dextérité que Cuphead mais son gameplay est subtil, et son univers bourré d’humour. Un savoureux mélange que je m’en vais vous présenter plus en détail.


Yoh ho, yoh oh, une vie de rats pour moi !


Prisonnier aux mains d’un capitaine et officier de l’Empire britannique, le navire est alors attaqué par Flora Burn. La pirate, loin de se contenter de piller et passer les occupants au fil de l’épée, use d’un étrange artefact, l’Œil du Serpent, transformant tout le monde en rats (elle et son propre équipage inclus). Le navire échoué aux larges des côtes irlandaises, vous découvrez l’impact de la malédiction mais aussi que Flora a kidnappé Timothy, le fils du capitaine. Ce dernier s’engage à vous libérer si vous ramenez son rejeton, ainsi que briser l’amulette pour défaire Flora. Proposition que les quatre condamnés acceptent.


Si quatre personnages sont disponibles, vous n’en incarnez qu’un seul à la fois. Néanmoins, le titre propose un multijoueur local jusqu’à quatre joueurs. Option que je n’ai pas testé mais dont j’approuve l’ajout, surtout en un temps où le local est complètement délaissé. Une option permet même de centrer la caméra sur le premier joueur ou de passer en écran partagé. Les quatre protagonistes possèdent chacun son propre background expliquant sa présence dans les cales du navire mais aussi son gameplay. Vous avez ainsi le choix entre David Douglas, un membre de l’armée américaine résistant au joug britannique, Buffalo Calf, une amérindienne capturée alors qu’elle s’en prenait aux colonisateurs, Bussa, un esclave luttant contre ce joug et Akane Yamakawa, une guerrière en quête du fameux Œil du Serpent. Il vous sera possible de changer de personnage durant votre périple que ce soit pour varier votre approche ou par simple curiosité. Personnellement, j’ai conservé Akane durant toute ma partie.


Metroidvania par excellence (pardon ratoidvania selon le studio), la carte de Curse of the Sea Rats est tentaculaire et propose des biomes aux ambiances bien tranchées. Si l’on commence par une ambiance très pirate avec la musique qui va avec, traçant notre chemin parmi les crabes et pirates ennemis, le ton change et dévoile toute une variété d’environnements. Irlande oblige, il y aura des temples celtiques (et des entités ancestrales), mais aussi des falaises abruptes balayées par les vents où chaque chute est mortelle, des souterrains emplis d’araignée (un classique indémodable), un phare abandonné, ou encore une enclave dissimulée dans un fond sous-marin.


La variété des décors évite tout sentiment de lassitude et permet de raviver la curiosité. Les changements ne sont pas seulement visuels mais se ressentent aussi via le bestiaire, chaque zone possédant sa propre faune. Seule l’équipage adverse revient avec quelques menus variations, mais c’est une part assez anecdotique du bestiaire pour qu’on passe outre. Les marais regorgent ainsi de mouches, de lucioles explosives alors que des ruines renferment des morts-vivants. Chaque biome possède aussi sa propre bande sonore et le studio a misé sur des couleurs pour accentuer cette sensation que chaque environnement se distingue des autres. J’ai trouvé certains tableaux très beaux aussi bien par les teintes utilisées que le dessin.


Durant votre exploration, des coffres seront dissimulés dans le décor mais notifiés sur votre carte que vous pouvez consulter à loisir, avec la touche L1, pour voir quelque chemin à demi dissimulé et vous repérer au sein de tous les couloirs. Si le jeu vous laisse libre d’explorer à votre guise, il sera nécessaire d’obtenir certaines capacités-clés pour pouvoir accéder à des environnements, ouvrir des portes, en un mot comme en cent : progresser. Pour cela, il faudra se frotter aux boss qui ne sont rien de moins que les coéquipiers de Flora. Certains proposent quelques mécaniques variées mais ce sont surtout des « sacs à PV » qui vont réclamer soit de l’endurance, soit d’user de vos compétences pour en venir à bout. Les nouvelles compétences ainsi acquises ouvrent de nouveaux chemins.


Afin de vous aider à progresser dans la carte, Curse of the Sea Rats propose deux types de « salles » : des portes antiques qui vous permettent de vous téléporter de l’une à l’autre, et un équivalent des safe rooms gardées par un esprit. Ce dernier vous permet aussi de changer de personnage et d’améliorer votre arbre de compétences via une monnaie spirituelle, glanée sur vos ennemis. Energie que vous perdez dès que vous êtes tué. Ou, plutôt, elle vous attend bien sagement sur le lieu de votre mort, à l’instar d’une mécanique propre aux die and retry. Si vous mourez une seconde fois, sans récupérer votre dû, tout est perdu. Mais le jeu reste généreux sur cette manne. J’ai pu améliorer les quatre personnages entièrement et ce avant de conclure l’histoire.


Une boutique est aussi à votre disposition, ses emplacements se multipliant au fur et à mesure de votre progression. Elle propose aussi bien des objets clés pour l’histoire et les quêtes secondaires, mais aussi des consommables pour vous soigner que améliorer vos statistiques temporairement. Comme mentionné juste avant, Curse of the Sea Rats propose quelques récits annexes qui consistent surtout à ramener des objets à des PNJs très haut en couleurs. Non seulement cela octroie des bonus intéressants mais c’est là aussi qu’on sent que le studio s’est fait plaisir en termes de références. Un certain Amélio recherche ainsi des trésors et vous allez tomber nez à nez avec des objets bien connus comme la broche d’Arwen du Seigneur des Anneaux, la Sainte Grenade des Worms, ou encore la boussole cassée de Jack Sparrow.


L’humour se ressent aussi dans l’écriture du jeu se couplant fort bien avec l’esthétique film d’animation. Durant votre avancée, vous aurez droit à des flashs vous montrant comment Timothy vit son incarcération. L’occasion de dévoiler une Flora bien embarrassée aussi bien par les réclamations du petit que par ses comparses. On a droit à des scènes typiques du grand méchant dont les ambitions sont limitées à cause de ses subalternes peu à la hauteur. Curse of the Sea Rats étant intégralement traduit en français à l’écrit, on peut ainsi profiter des réparties des personnages. Le casting anglophone mène un très bon travail, se parant même de quelques termes propres aux origines de certains individus (comme l’italien pour une certaine Mamma, ou le japonais pour Akane).


Quelques défauts mineurs sont présents comme un manque de précision dans les passages en plate-formes (que je jouais avec les flèches directionnelles pour palier à cela). Bug ou choix volontaire mais je n’ai pas compris pourquoi la capacité Ruée amène votre personnage à fendre l’air en arrière, et non vers l’avant.


Je parle rarement du rapport qualité-prix puisqu’il y a toujours un peu débat à ce sujet (surtout en une période où l’inflation s’affole). Mais je considère qu’à 19,99 € en version digitale, Curse of the Sea Rats propose une expérience qualitative et une durée de vie agréable. Je pense qu’on peut viser la vingtaine d’heures si on a pour but d’explorer tout ce que la carte a à offrir. Au vu du rythme proposé, je pense que plus d’heures n’aurait fait que rallonger pour rien. Car plus qu’une durée de vie, je pense qu’il faut davantage penser au rythme. Proposer cent heures de jeu est intéressant si le titre a de quoi offrir sur la durée, si ce n’est que du remplissage avec des activités sans intérêt, je préfère passer mon tour. Curse of the Sea Rats tient son concept sur une durée respectable sachant que le scénario reste le même, servant surtout de prétexte à toute cette aventure avec, toutefois, un petit retournement de situation après avoir retrouvé Flora. Elément que je tais, bien évidemment, car il faut conserver la surprise.


Aparté sur les trophées


Le platine ne réclame pas plus que ce que propose le jeu, invitant simplement le joueur à explorer le titre dans son entièreté. Que ce soit explorer la carte à 100%, réaliser toutes les quêtes, ouvrir tous les coffres et portes : tout se rejoint et va de pair avec l’essence du metroidvania qui amène le joueur à tout découvrir. Le plus subtil représente quatre trophées que j’associe à quatre fins potentielles. Si j’en ai obtenu un et que j’ai deviné le second (qui est la fin parfaite), je ne sais pas encore ce qui l’en est des deux autres qui semblent représenter deux mauvaises fins. Si vous battez le boss final avant de tout explorer, pas d’inquiétude : le jeu propose de charger depuis votre dernière sauvegarde avant l’ultime combat afin de pouvoir reprendre votre progression.


‼️ A ce jour sur la version PS4 il est impossible d’obtenir le platine. Le jeu plante lorsque je veux obtenir la bonne fin du jeu. ‼️


En conclusion


Curse of the Sea Rats a su me happer, tant et si bien que j’ai déjà envie de retourner fouiller la carte pour accéder à la véritable fin. Le titre propose assez de challenge pour maintenir l’intérêt sans être absurdement difficile. Possible qu’un habitué du metroidvania le voit davantage comme une promenade de santé, mais un jeu reposant ne fait-il pas du bien, de temps à autre ? Le multijoueur local pourra intéresser les familles et les groupes d’amis recherchant un jeu à plusieurs : l’esthétique film d’animation à la Don Bluth et l’humour pourra plaire à un public intergénérationnel. Au vu du prix en version digitale, si le jeu vous attire, je ne peux que vous le conseiller.

So-chan
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le 11 mai 2023

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