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Parler de Goodbye Despair sans évoquer le premier volet de la série est difficile, c'est pourquoi je vous déconseille de lire cette critique si toutefois vous comptiez y jouer. Pour ceux qui auraient déjà fait le pas, c'est exactement ce à quoi vous vous attendez, sans rien de plus. Mais ce n'est pas seulement une suite qui se base sur ses acquis sans aller de l'avant, elle réussit à être plus fade, moins intéressante, et beaucoup plus prévisible. Inutile de préciser à quel point le dernier point est gênant quand on veut se baser sur du suspens. Mais revenons-en au cœur du problème et reprenons l'histoire de cet opus : 16 étudiants d'une prestigieuse école ne recrutant que des surdoués dans des domaines divers (scolaires ou non) se retrouvent soudainement sur une île paradisiaque accueilli par l'un des personnages mascottes les plus inutiles de tous les temps pour un voyage scolaire à la surprise des adolescents. Mais Monokuma s'invite à la fête et transforme vite leur expérience paradisiaque en un cauchemar dans lequel ils devront s'entretuer à la façon du premier volet. Le protagoniste, Hajime Hinata, est le seul à ne pas se souvenir de son talent et... Bon je vais me reprendre : Hajime Hinata est une lopette molle au QI de mollusque. Autant j'ai un faible pour les personnages banals sans réel talent mais conscients de leur situation (Gonbe de Muramasa, Daichi de Devil Survivor 2, j'en passe), autant celui-ci est d'une mollesse sans précédent à l'image de Naegi dans la série animée du premier opus. Celui-ci passe son temps à se plaindre tout le long de l'histoire, sans mentionner la crise à laquelle nous avons droit vers le climax final plus puérile que dramatique...


Le reste des personnages principaux n'est pas en reste, malheureusement. Le premier personnage que le héros rencontre, Nagito Komaeda, est un personnage avec beaucoup de promesses narratives. Dès le départ il est une fausse piste, étant en de très nombreux points similaire au protagoniste du premier opus (le choix du même doubleur n'est pas un hasard également). Malheureusement, ce point-là ne va nulle part, mais il lui reste encore suffisamment d'éléments qui pourraient faire de lui quelque chose d'intéressant. À la limite du masochisme et prêt à tout pour servir de marchepied à sa vision de l'espoir, Nagito aurait pu être un personnage aux frontières de l'humanité, où folie et génie semblent être synonymes plutôt qu'antipodes, notamment quand il se retrouve à jouer à la roulette russe, et qu'il fait tellement confiance à son talent (la chance) qu'il joue à 5 balles dans le barillet plutôt qu'une.. Il aurait pu être un personnage moralement ambigu dans un jeu finalement très manichéen, ce qu'il semble dévoiler lors du premier chapitre. Mais les suppositions ne font pas un bon récit, car il est lui aussi un total gâchis. Malgré le concept initial, Nagito rentre très clairement dans un stéréotype dont il ne sortira jamais, restant juste « un méchant fou » tout au long de l'histoire. Qui plus est, le sujet a déjà été traité de façon bien plus intelligente par le passé.
Et enfin, Chiaki qui je suppose est censée servir d'intrigue romantique vis-à-vis du protagoniste. Je dis bien « suppose » car le tout est expédié à une vitesse telle qu'elle n'est jamais vraiment établie. Cela va de pair avec la ténacité du jeu à faire passer sa (prévisible) mort pour un événement dramatique. De plus, sa fin est jouée comme un véritable mélodrame, avec tous les clichés qui soient, alors que rien jusque-là ne poussait une réelle affection pour le personnage.


On se retrouve également avec un Monokuma plus burlesque que sadique passant son temps à gâcher le notre avec la nouvelle mascotte de trop. Le jeu inonde le joueur de références insipides lors de leurs dialogues pour tenter de faire sourire quelques personnes dans l'audience, le tout en brisant le rythme d'un récit qui a clairement perdu en intensité, ne la relançant que vers la toute fin. Les crimes du jeu sont volontairement inspirés du précédent opus, mais il ne réussit pas à jouer suffisamment autour de l'aspect similaire de l'intrigue pour justement renverser nos attentes, ce qui fait passer le tout plus pour de la feignantise par moment qu'une inspiration scénaristique, surtout quand ils se font le plaisir de nous le rappeler. Aussi, seul un chapitre osera vraiment sortir des sentiers battus, et il sera un peu tard pour relancer l'histoire qui traînait du pied depuis déjà un moment. Pour comparer à son prédécesseur, ce dernier réussissait au sein d'un même jeu à jouer sur les attentes du joueur quand les règles du jeu jusque-là établies se retournaient contre le joueur pour le prendre de plein fouet.


Dans la section qui suit, je vais parler plus en détail des retournements scénaristiques au cours et en fin de jeu, Spoilers Incoming


Là où j'ai le plus de mal vis-à-vis de ce jeu, c'est qu'il tend à se mettre lui-même des obstacles en ruinant par moments sa narration. Quand l'une des révélations majeures du jeu est annoncée à voix haute par l'un des personnages à la moitié du jeu comme si de rien était, en croyant que le joueur n'allait pas remarquer quelque chose d'aussi évident, cela rend l'un des grands retournements absolument sans intérêt car cela déjà fait plus de 8 heures qu'on le voit venir. Et c'est d'autant plus bête qu'à côté, certains détails absolument mineurs, voir l'absence de, servent d'indices potentiels à la fois complètement insignifiants et révélateurs. À vrai dire, deux des plus gros éléments de l'intrigue sont sous vos yeux dans les 3 premières minutes. Même certaines apparentes incohérences scénaristiques peuvent servir d'indices, du moins quand ce ne sont pas de vraies trous scénaristiques...


On oubliera le fait que les deux tiers des grandes révélations du jeu précédent sont rushés en 5 secondes dans le premier chapitre, ce qui encore une fois n'est pris en compte par personne, avant de faire face à une fin en demi-teinte. Le dernier chapitre est en effet à la fois très bien mis en scène et complètement gâché à cause de notre cher protagoniste. Alors que le dernier procès a laissé Hajime dans un état presque végétatif, un compte à rebours présenté dès le début du jeu arrive enfin à terme alors que tout le monde du jeu semble perdre en cohérence. L'interface ne fonctionne plus qu'à moitié, il se met à neiger sur une île tropicale, le jeu bugge graphiquement, l'écran se décompose, alors qu'il s'apprêtent à passer l'examen final de Monokuma pour quitter cet enfer. Alors que le monde « bugge » de plus en plus, ils se retrouvent à devoir dévoiler ce qui leur est vraiment advenu pour finir ici, le tout dans une reconstruction de l'école du premier opus. Il faut peu de temps pour comprendre que le monde qui les entoure est virtuel alors que ce dernier se corrompt plus fortement à chaque instant, où les textures se mélangent, montrant à partie l'aspect informatique derrière ce qu'ils voient quand les tableaux se mettent à faire tourner des lignes de commandes et d'erreurs. En plus de tout cela, les éléments auxquels ils font face laissent entrevoir une vérité sur eux plus sombre qu'autre chose. Le tout ainsi jusqu'à leur épreuve où les derniers survivants font devoir lever le voile sur ce qu'il leur est arrivé.
La séquence d'investigation de ce dernier chapitre est absolument grandiose, et maîtrise parfaitement son rythme de la fin de l'avant-dernier chapitre jusqu'au procès du dernier. Les révélations faites ici s'ancrent sans trop de problèmes avec celles du premier jeu, et on voit vite venir une toile de fond qui semble grandiose (même si encore une fois l'un des plus gros twists est connu depuis une éternité).


Je m'apprête ici à tout spoiler comme un cochon pour pouvoir aborder pourquoi toute cette préparation est foutu en l'air par la suite. Donc, suite à Danganronpa 1, les survivants du premier opus se sont engagés dans une société visant à restaurer l'ordre dans le monde en ruine. Au même moment, ils trouvent des survivants de la catastrophe en piteux états, ces survivants étant les personnages de ce jeu-ci. Ils se rendent vite compte cependant qu'il sont à l'origine même de cet incident, étant sous la botte de l'antagoniste du premier jeu. Il faut peu de temps pour que la société en question décident de les exécuter, mais Makoto décide à leur insu de lancer un programme de réalité virtuel pour leur restaurer leur personnalité d'il y a deux ans. Mais manque de chance, un virus est introduit par le protagoniste dans le programme, installant l'Alter Ego de Junko (incohérence incoming) dans le programme, obtenant petit à petit l'accès à toutes les commandes du monde virtuel. Le but de AI Junko étant de pouvoir s'uploader dans le corps des personnages décédées au cours de l'examen final pour contourner les règles principales auxquels elle reste soumise. Cependant l'intervention direct du cast du premier jeu (dont l'ultimate troll Byakuya) fait son apparition pour tenter une extinction forcée pose vite un dilemme pour les survivants. Ils peuvent passer l'examen et conserver leurs personnalités actuelles mais en permettant à Junko d'utiliser le corps des leurs amis décédés, ou forcer le shutdown du programme pour éliminer Junko "une bonne fois pour toutes", mais perdre leurs souvenirs avec et redevenir les monstres qu'ils étaient.
L'aspect "monde virtuel" du jeu est très bien amené, ceci-même depuis le tout début avec le démarrage d'un programme en guise d'introduction ou certaines remarques. Le fait de voir le jeu perdre de son enrobage pour laisser paraître sa vraie nature est aussi réussi avec une multitude de détails. La plupart des révélations sont plaisantes à découvrir, mais tout s'effondre à partir la réapparition de Junko, qui pue le recyclage à des kilomètres. La réapparition du cast du premier jeu au cours du procès, si elle vole très clairement la vedette aux héros de ce jeu durant leur apparition, ne me gène pas plus que ça en raison du casting de ce jeu-là. Mais ce n'est que le début de la chute. Il est aussi révélé que Hajime a subi les frais d'une expérience visant à faire de lui un être disposant d'une multitude de talents pour rentrer dans l'université mais l'ayant aussi rendu amoral par la suite. Du coup, après avoir chialé comme une lopette face au choix qu'il doit prendre et un nervous breakdown des plus pénibles à subir, on a droit à un cliché de dernier discours avec son alibi romantique le transformant en... Super Saiyen ? J'aimerai plaisanter. J'aimerai vraiment que ce sont juste une parodie. Mais non. C'est à croire que les scénaristes sont passés sur TropesTv et ont pris les trois premiers clichés les plus revisités. Et après un boss de fin pathétique en god mode, les héros activent le shutdown, gardent on ne sait comment leur personnalité actuelle par le pouvoir des facilités scénaristiques, Junko est "morte" (étant donné la résurrection forcée à laquelle on a eu droit, laissez-moi le droit d'être sceptique), tout le monde est content, bis repetita.
Quel gâchis. Une fin ambiguë aurait pu être tellement plus intéressante (celle du un aussi était exagéré, mais pas à ce point et avec un arrière-goût amer) avec un choix qui aurait pu vraiment valoir quelque-chose, mais pas ceci.
L'autre gros problème que j'ai avec ce jeu, c'est qu'il n'a aucune valeur en tant que suite. Les révélations qui sont faites ne sont intéressantes qu'au niveau de cet opus, et non pas au niveau de la série. On ne sait que très peu de plus comparé au premier volet, et on ressort du tout avec l'impression de n'avoir rien accompli. Le jeu est un condensé de fan-service qui passe son temps à référencer le premier opus sans vraiment aller de l'avant. Beaucoup trop d'éléments sont recyclés et l'effet surprise que pouvait avoir le premier opus n'opère plus ici, difficile alors d'ignorer ses défauts. Et quand enfin le jeu semble vraiment prendre de l'intérêt (au bout de bien trop de temps), le plaisir est bien trop court et surtout piétiné presque instantanément.


Pour mon plaisir personnel, une petite liste d'incohérences :



  • Pourquoi la personne tentant de simuler Byakuya Togami a-t-il son rôle s'il ne l'a jamais rencontré avant de rentrer dans l'école et donc rencontrer le véritable roi des douchebags ?

  • COMMENT peut-on tenter de copuler avec de la bouillie ?!

  • D'où l'antagoniste a-t-il pu se faire un sosie artificiel quand la seule personne qui a prouvé être capable de le faire n'était pas de son côté ?

  • Pourquoi la façon d'interpréter ce qu'est un meurtrier varie autant du second chapitre au cinquième ? Il est clairement indiqué que si une personne est forcée par quelqu'un d'en tuer une autre, c'est le 'commanditaire' qui est considéré comme coupable, et non pas le premier.

  • Le jeu montre clairement que l'un d'entre eu a vieilli durant tout ce temps, alors pourquoi le protagoniste a-t-il exactement la même apparence avant et après ? Et où a-t-il trouvé un coiffeur entre la fin du chapitre 6 et l'épilogue ?

  • Dafuck ce Deus Ex Machina sortant de nulle part à la toute fin ?

  • Pourquoi cette foutue mascotte réapparait-elle à la fin malgré le fait que la commande de Shutdown est censée avoir priorité sur tous les éléments du programme, y compris les « responsables » dont fait/faisait partie ce bouche-trou ? Le fait que ce soit elle qui l'applique est contraire à l'intérêt de cette commande.

Souv
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le 10 févr. 2015

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Souv

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