Days Gone
6.8
Days Gone

Jeu de Bend Studio et Sony Interactive Entertainment (2019PlayStation 4)

The Walking Dead, Sons of Anarchy et Red Dead 2 ont un gosse (un peu) décevant

Oui, j'ai bien conscience qu'il suffit d'être deux pour faire un gosse, mais Days Gone est un tel melting-pot d'influences qu'il me paraîssait justice de citer les principales. Influences certes de qualité, mais régurgitées d'une façon qui dessert le jeu : à force de pomper sans grande inspiration, ce dernier peine beaucoup à se forger une personnalité propre.


L'esthétique et l'esprit biker sont tout droit tirés de Sons of Anarchy. Appréciant beaucoup cette série je n'ai rien contre, mais voir Deacon arborer les mêmes bagues, tatouages, patchs et vêtements que Jax Teller fait sourire. Et limite fainéant, je suppose que l'autre truc à la mode du moment, les vikings, ça le faisait pas trop dans un monde post-apo, et que quelqu'un à la machine à café chez Bend Studio a dû balancer un « Hé les gars, pourquoi pas des bikers ? ». Un arc scénaristique est également repompé (le coup de Carlos et des tatouages brûlés).


J'évoquais The Walking Dead, Days Gone est une resucée de ce qu'on a pu voir dans cette série (et d'autres), la qualité d'écriture et l'intensité en moins (du temps où The Walking Dead était encore une bonne série). Il y a bien des tentatives de créer des séquences émotion, mais les personnages n'étant pas franchement intéressants, elles sont forcées et artificielles. Deacon, dans le rôle du bourru gentil, est le seul à qui on finisse réellement à s'attacher.


J'aurais évidemment pu parler de The Last of Us pour la thématique zombie, mais de part son monde ouvert, Days Gone m'a plutôt fait penser à Red Dead 2. Monde ouvert qui est malheureusement bien moins qualitatif. Là où celui de RDR2 était très organique, réaliste (les évènements aléatoires étaient si variés qu'on avait l'impression que chacun était unique), ici il est certes beau mais guère exaltant. Affrontements entre humains et zombies, otages à sauver ou énième collectible à ramasser : on n'a rapidement plus très envie de s'arrêter lorsqu'un point d'interrogation apparaît sur la carte, et le réservoir extrêmement limité de la moto ne donne pas non plus envie de faire du tourisme. Jusqu'à un point très (trop) avancé du jeu, on passe son temps à chercher du carburant pour sa bécane, et les menaces de panne sèche réduisent à néant nombre de velléités d'exploration.


Pas grand chose à dire sur l'I.A des créatures, les zombies vous voient et vous sautent dessus, c'est bête et méchant mais c'est logique. Par contre, concernant l'I.A humaine, c'est une petite catastrophe. Les pires exemples que j'ai pu avoir sont des ennemis qui jettent des molotovs n'importe comment sans vous atteindre avant de se précipiter dans leur propre feu, d'autres à deux cent mètres qui courent vers vous à découvert, machette à la main, alors que vous venez d'exploser la tronche de leurs potes au fusil sniper sous leurs yeux, ou encore ceux qui ne vous attaquent tout simplement pas (?)... Il paraît que le jeu était bourré de bugs à sa sortie, de nombreux reliquats sont encore présents, qui sont parfois game-breaking et nécessitent de reloader une sauvegarde. Certes, ça n'est pas Cyberpunkesque et reste relativement rare, mais ça n'en est pas pour autant acceptable.


Tout n'est pas noir pour autant. Comme je le disais, le jeu est beau et les 60 fps de la PS5 permettent d'avoir une animation fluide et des contrôles réactifs. La durée de vie est très correcte si l'on se prend au jeu des missions secondaires (qui sont malheureusement trop répétitives : tuer un mec qui a nuit à un camp, nettoyer des bases de maraudeurs, déverouiller et investir des bases scientifiques désertes). On peut aussi s'amuser sur les combats si l'on accepte que le jeu relève plus du tir au pigeon que d'une quelconque forme d'affrontement stratégique (Deacon est un Rambo qui dérouille sans problème 20 mecs armés jusqu'aux dents repliés en position défensive dans leur camp, en se soignant au bandage après avoir encaissé deux rafales de mitraillette, un cocktail molotov et quelques grenades... Et encore je jouais en difficile).


Mais Days Gone n'est à mes yeux ni suffisamment qualitatif, ni surtout suffisament distinctif pour un titre first-party Playstation. La récente annonce de Sony concernant le studio Bend qui travaillerait sur une nouvelle franchise semble signifier qu'ils pensent de même, et enterrer de facto la possibilité d'un Days Gone 2.

Vonsid
6
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le 16 avr. 2021

Critique lue 84 fois

3 j'aime

Vonsid

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