Si les machines prenaient le pouvoir... quel camp choisiriez-vous ?


Detroit : Become Human, pour ceux qui ne le savent pas, est un jeu où le moindre de nos choix mènent à des conséquences. De vraies conséquences, tantôt positives, tantôt négatives. Ce jeu m'a pris aux tripes. Il s'agit d'un énorme coup de foudre, une claque intersidérale. Les possibilités qu'engendrent nos histoires, à chaque fois différentes quand on le recommence, sont époustouflantes.


Nos choix prennent un autre chemin pour atteindre une même fin. Sachez que, durant l'histoire, vous pouvez tomber sur des chapitres où vos choix peuvent mener vers plusieurs dénouements. Par exemple, rien que le premier chapitre nommé Prise d'otage contient six ou sept fins différentes !


Immersion intégrale

D'emblée, le jeu nous insère dans son univers avec un menu futuriste, avec une androïde nommée Chloé, présente pour nous accueillir. Elle nous parle, comme s'il s'agissait d'une personne lambda qui souhaitait faire notre connaissance, nous connaître. Au début, je ne vous cache pas que sa façon de me regarder (comme si elle me sondait, là) me mettait très mal à l'aise. Au fil du jeu, je me suis attachée à elle, d'autant plus qu'elle est trop adorable. C'est étrange, mais vers la fin, je me sentais moins seule sur le jeu lorsqu'elle me tapait la causette. Vraiment, ce n'est pas qu'un simple jeu. Comme le dit si bien Chloé, ceci... est notre avenir.


Un scénario simple mais complexe à la fois

Aux premiers abords, l'intrigue du jeu paraît simple. Néanmoins, elle s'avère vachement complexe quand on y creuse un peu plus. Nous devons jouer trois personnages qui ne se connaissent pas et qui n'ont pas du tout le même quotidien. Leur seul point commun ? Il s'agit d'androïdes, des non-humains qui, pourtant, leur ressemblent en tout point physiquement. Dès le début du jeu, j'ai pu constater qu'ils étaient fort introduits dans la vie des Hommes, à tel point que ça en devenait vraiment malsain. Ils sont achetés, utilisés pour tout (ménage, enquêtes, s'occuper des enfants, sauver des vies, et j'en passe). Ils en viennent à remplacer les humains dans certains métiers, ce qui alimente la controverse dont les androïdes sont victimes. Et ça commence à mal tourner quand certains d'entre eux deviennent ce que l'on appelle des "déviants". D'ailleurs, le jeu aborde cela en faisant un grand rappel évident à l'époque de la ségrégation raciale, notamment avec les bus compartimentés, etc. Avec finesse, le jeu nous évoque la problématique du racisme dans le monde. Par contre, la vision manichéenne que transmet David Cage peut déstabiliser. Sur le moment – et même un peu après avoir fini le jeu –, j'ai trouvé ça super-badass. Lorsque j'ai pris un léger recul, que je me suis posé des milliers de questions sur le message qu'a voulu passer le créateur, je me suis dit "wait what ?". Bien qu'impressionnant, ce récit vidéo-ludique offre une vision un peu trop manichéenne. Il faut vraiment entrer dans le délire de David Cage pour en saisir les subtilités et y adhérer complètement. En ce qui concerne l'histoire à proprement parler... Eh bien, j'ai adoré ! Elle mêle plusieurs thématiques comme le deuil, la dépression, la toxicité de certaines relations, etc. Le rythme du jeu, quant à lui, est entrecoupé par les points de vue de Connor, Kara et Markus. On ne se lasse jamais, parce que l'on change presque systématiquement de personnage après chaque chapitre. Cela crée une addiction au jeu, parce que si l'on s'attache à eux et que l'on se questionne sur leur avenir, on va avoir envie de rusher sur le jeu, sauter de points de vue en points de vue, etc. De plus, cette structure amplifie le suspense de l'histoire que je placerais, personnellement, à mi-chemin entre de la bonne science-fiction dystopique et du thriller sur fond policier. Un mélange de genres explosif, mais diablement réussi !


Un gameplay satisfaisant

Je ne suis pas une professionnelle du jeu-vidéo, mais j'ai vraiment apprécié de découvrir le système de choix et de QTE avec Detroit : Become Human. Le QTE est une cinématique durant laquelle le joueur doit appuyer sur certains boutons de la manette (croix, carré, rond, triangle, R1, R2, L1, L2, ou encore des mouvements de joysticks !) au bon moment afin de constituer l'action. Les commandes qui doivent être actionnées s'affichent à l'écran, et le joueur dispose de très peu de temps pour réagir. Dans le cas de ce jeu-ci, manquer un seul QTE ne tue pas forcément votre personnage mais peut l'endommager (sauf dans certains cas), et rater tous les QTE ne mène pas forcément à la mort.


En revanche, si vous êtes adeptes d'open-world, ce gameplay vous frustrera sans aucun doute. Quand le joueur reprend le contrôle du personnage qu'il doit guider, une zone limitée s'offre à lui. Bien entendu, on ne peut pas la dépasser. C'est un jeu narratif, qui suit une trame précise, alors on ne peut pas faire tout ce qu'on veut. Nos choix décident de la suite, le moindre geste et la moindre parole entraîne des conséquences parfois irréversibles. Cependant, on se laisse en quelque sorte guider par le récit. Ce côté immersif m'a totalement happée, je trouve ça vraiment satisfaisant de pouvoir participer à l'histoire de Connor, Kara et Markus.


Sur le moment, la seule chose que je lui reprochais était le système de caméra, parfois très problématique. Au milieu d'un chapitre, on marche, puis une transition change l'angle de caméra, alors si on maintenait le joystick vers l'avant, le personnage se mettait à reculer, etc. Néanmoins, l'avantage (contrairement à d'autres jeux comme, ahem, Until Dawn) c'est que l'on peut changer l'angle de la caméra en appuyant sur la touche R1. Du coup, si la transition nous menait à un angle que l'on désapprouvait, le changer restait possible. Et ça, c'est cool !


Des personnages emblématiques

Habituées aux personnages de papier, dans les romans, je n'imaginais pas à quel point un jeu-vidéo pouvait rendre aussi émotif. Dès les premières minutes (bon, d'accord, dès les premières secondes !), je me suis attachée à Connor, l'androïde envoyé par Cyberlife pour seconder les enquêteurs. Par la suite, j'ai adoré Kara (et Alice). Leur périple est impressionnant, allant de rebondissements en révélations, le tout nappé par de bonnes scènes angoissantes. Celui avec lequel je n'ai pas accroché, lors de ma première game, a été Markus. Ce n'est que par la suite que j'ai éprouvé un petit attachement envers lui. Maintenant, ce que je trouve encore plus impressionnant que la construction de ces différents personnages, c'est la profondeur des relations qui se créent durant l'histoire. Je n'en dirai pas trop pour ne pas spoiler, néanmoins, sachez que vos choix ont également une importance au niveau social. Cela veut dire que, en gros, en améliorant ou détériorant vos rapports entre vos personnages, cela amène plus facilement à d'autres fins. Sans spoilers, aucun, je ne dirai qu'une chose : Connor et Hank, c'est quelque chose de fort. Tellement fort que ça prend aux tripes, peu importe vers où cela mène. Dès leur rencontre, c'est... torrentueux. À chaque fois qu'ils échangeaient, je voyais leurs propos comme des bombes qu'ils s'envoyaient à tour de rôle. Et à un moment ou à un autre, ça pétait. C'était si prenant ! Mais à la fois si saisissant, si authentique, si beau. Bref, vous comprendrez que j'ai adoré l'arc de Connor.

Bien entendu, il y a une multitude de personnages secondaires très intéressants (en-dehors de Hank que j'ai cité, il y a North, Carl, Luther, Alice, Rose, et j'en passe !), mais je préfère vous laisser les découvrir par vous-mêmes. Je me suis surtout concentrée sur les acteurs de l'histoire, ceux dont on suit l'histoire.


Pourquoi je recommande ce jeu ?

– L'immersion est totale, le jeu happe le joueur dès le début. Notamment avec Chloé.

– Connor et Hank.

– Les thèmes abordés : les androïdes qui prennent trop de place dans la vie des humains, qui est le monstre au final dans tout ça ?, le rappel à la ségrégation raciale, la toxicité de certaines relations, la dépression, le deuil... et d'autres encore.

– Connor et Hank.

– Le scénario simple, mais complexe à la fois. Il arrive à défouler, à détendre, tout en faisant réfléchir, c'est impressionnant.

– Le gameplay satisfaisant : je trouve les QTE très faciles à côté de certains jeux. La rudesse du jeu réside dans les choix parfois difficiles à prendre ou dans des détails qui peuvent nous échapper.

– Connor et Hank.

– Les personnages emblématiques, en règle générale. Que cela soit les principaux (que l'on suit) ou les autres, secondaires et récurrents, tous sont intéressants. Mon seul regret est qu'il n'y ait pas davantage d'approfondissement chez certains.

– La multitude de choix que l'on peut faire, les schémas que cela crée... Ce jeu peut se recommencer à l'infini sans que l'on ait exactement la même histoire, à moins de se rappeler précisément tout ce que l'on a fait auparavant.


En bref, ce jeu est un véritable coup de foudre pour ma part. J'espère de tout cœur qu'il y aura une suite ou un DLC. Ils en ont parlé, à un moment, donc je croise les doigts pour que ça se réalise.


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MON AVIS AVEC SPOILERS /!\


Je ne me vois pas refaire une analyse complète du jeu en ajoutant les spoilers, donc je vais résumer en tiret ce que je pense de certaines choses. Cela peut être positif, neutre ou négatif. Si vous ne voulez pas en savoir plus, arrêtez votre lecture ici.

– Personnellement, j'ai eu une fin globalement positive lors de ma première game. J'ai tenté de ne pas recommencer mes chapitres, même si j'ai fait deux-trois entorses à la règle car je n'étais pas satisfaite. Le seul point négatif de mon final, c'est que je perdais Luther, Kara et Alice. Ces trois personnages sont très difficiles à sauver, gosh !

– La révélation sur Alice m'a laissé sur le cul. Au fond, on s'y attendait tous, mais ça surprend quand même assez. Et ça provoque pas mal d'émotions, comme scène.

– Le chapitre Dark Night m'a vraiment marqué. Il est horriblement bien foutu. Quand je pense qu'on peut y perdre Kara et Alice durant leur fuite... Ceci dit, une scène (vers la fin du jeu) est dédiée à Todd (à la gare routière) et on en apprend un peu plus sur sa façon d'agir. Je ne dirais pas que je le "comprends", mais cette scène était émouvante. Une chose est sûre, elle ne m'a pas laissé indifférente.

– Je suis fortement dégoûtée qu'il n'y ait pas d'option "draguer Simon" ou quoi avec Markus. On sent que Simon est grave en kiff dessus, il le suit coûte que coûte malgré ses décisions, le dévore du regard... La seule scène que l'on peut obtenir est un câlin de retrouvailles si on décide d'abandonner Simon à son sort sur la tour Stratford et qu'il survit. C'est vraiment trop tordu ! Ceci dit, à côté, la romance Markus x North, si on décide de la faire naître, est beaucoup trop belle. Niaise, certes, mais elle m'a mis les larmes aux yeux.

– Quand j'ai eu fini, je me sentais vide. Mais alors, quand je suis tombée sur la scène post-crédit de Hank qui prend Connor dans ses bras... J'étais en PLS, sachez-le. (Eh oui, j'ai fait Connor en déviant, mais j'ai vu en let's play le Connor Terminator, et c'était assez badass !).

– Je déteste Amanda. Cyberlife tout court, en fait. Leur façon de remercier Connor, dans l'optique où il réussit sa mission, est à vomir.

– Une seule vraie (et grande !) déception : que le jeu soit aussi court. Il fait 10h de jeu, c'est relativement faisable en deux-trois jours pépouze. On m'a dit que le jeu se recommençait à l'infini... Néanmoins, égoïstement, j'aurais préféré un jeu beaucoup plus long, pour encore plus de gros kiff dessus !

PapillonVoyageur
10

Créée

le 25 oct. 2022

Critique lue 13 fois

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