Je ne compte pas m'attarder sur ma critique de Detroit : become human, parce que mon propos peut être assez vite résumé. Je pourrais tout à fait détailler chaque aspect du jeu, mais je n'en vois pas la nécessité ici, donc je devrais faire assez court. C'est parti.


Detroit : Become Human est le dernier jeu du studio français Quantic Dream, connu notamment pour Heavy Rain et, dans une moindre mesure, Beyond : two souls. Il est essentiel d'avoir cela à l'esprit tant le dernier né de Quantic se rattache férocement aux précédentes expériences du studio.


Mais soyons clairs dès le départ, je savais que j'aimerais Detroit et ça a effectivement été le cas. C'est un bon jeu et il n'y a franchement pas grand chose à lui reprocher. Les personnages sont intéressants et attachants, tous dans un style bien à eux, ils sont formidablement animés, le doublage est très bon, les environnements sont extrêmement beaux, la musique est réussie et la mise en scène est une franche réussite. Le fait de passer d'un personnage à l'autre – car vous en contrôlez trois – permet de varier les ambiances, les gameplays et les histoires, ce qui empêche toute lassitude. Non vraiment, c'est très propre et j'ai peu de choses à lui reprocher. Du beau boulot, en somme. On peut quand même regretter pas mal d’incohérences sans gravité et une propension à vouloir faire jouer ostensiblement les violons à chaque scène, ce qui induit un léger détachement là où ces moments sont censés nous rapprocher des personnages.


Detroit est en quelque sorte l'apogée de la recette Quantic Dream initiée à l'époque par Fahreneit puis nettement améliorée avec Heavy Rain. C’est ainsi leur travail le plus abouti. Mais cela signifie aussi qu'on replonge une nouvelle fois dans ce qu'on connaissait déjà. Je sais que ce que je vais dire est tout à fait subjectif, mais je suis particulièrement sensible à ce genre de chose, c'est pour cela que je ne suis que rarement attiré par les suites. Detroit : become human reprend l'exacte formule qui a fait le succès de Heavy Rain. Un gameplay strictement identique, trois personnages jouables à tour de rôle (une femme et deux hommes, dont un flic) et une histoire et des rebondissements qui appliquent le même schéma. Il y a même une scène avec Kara où je savais d'avance tout ce qui allait se passer tant elle me rappelait Heavy Rain et même, en règle général, l'écriture de David Cage.
Pour tomber amoureux d'un jeu, pour être touché par ce qu'il raconte et ce qu'il me fait vivre, j'ai besoin d'être surpris, surtout quand l'expérience se concentre sur l'histoire et l'émotion. Alors quand j'ai l'impression de jouer à Heavy Rain 2 et que tout ce que je fais correspondait à ce que je m'étais attendu de voir, je ne peux que hausser les épaules en me disant "c'est très bien, mais bon...". Et Quantic Dream eux-mêmes refusent de faire des suites à leurs jeux pour garder justement un maximum d'innovation et proposer des expériences nouvelles à chaque fois. Sauf que là, on n'est pas dans de l'innovation, on est dans la réutilisation stricto sensu d'une formule existante avec, il est vrai, de nombreux curseurs poussés au maximum pour offrir la meilleure expérience possible.


Quantic Dream a développé Detroit à la demande de Sony, parce que Beyond ne se vendait pas assez. Ils ont donc appliqué une recette qu’ils savaient être efficace. On reconnait donc au premier coup d’œil la patte du studio, mais on s’éloigne de leur volonté première qu'est l'originalité et l'innovation. Maintenant qu’ils sont arrivés à l’apogée de la formule, je doute qu’ils continuent sur le même schéma pour la suite. David Cage aura sans doute envie d’innover et de proposer de nouvelles expériences.


Detroit : become human est un très bon jeu qui réussit dans tous les domaines de manières très propre. Le joueur se sent impliqué, l’émotion est au rendez-vous et la réalisation est d’excellente qualité. Mais Detroit est aussi un parfait recyclage de la formule Heavy Rain, une réutilisation stricto sensu des codes de l'histoire et du gameplay notamment. Et même si la formule a été améliorée, la surprise n'est plus là, l'innovation a été jetée aux oubliettes. Il ne me reste plus qu'à espérer de Quantic Dream décidera de se risquer vers un nouveau chemin pour leur prochain jeu. Et mon petit doigt me dit que c'est ce qu'ils feront.

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le 20 févr. 2019

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roifingolfin

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