L'originalité ne suffit pas.
Dragon Commander est un véritable pot pourri mêlant stratégie tour par tour, stratégie temps réel et manipulations politiques. Vous incarnez un prince bâtard, fils d'un empereur et d'une dragonne, et vous partez à la conquête de son empire morcelé et disputé par vos demi-frères, à bord d'un aéronef et en compagnie de quelques personnalités. Il vous faudra ainsi construire des bâtiments dans les différentes régions pour acquérir des ressources et pouvoir produire des unités, mener des batailles (en temps réel, donc) et maintenir votre côte auprès des différentes ethnies qui composent cet empire.
Franchement, c'est vraiment un jeu que je voulais aimer, mais, malheureusement, j'ai trouvé peu de qualités dans Dragon Commander. Alors certes, c'est plutôt joli, l'interface est léchée, les doublages ne sont pas mauvais, et l'ambiance générale baigne dans un humour un peu particulier (voir un elfe vous demander de légaliser le mariage homosexuel, c'est quand même quelque chose), mais... ça s'arrête là. Vos conseillers politiques sont pour la plupart antipathiques et énervants, et les décisions qu'ils vous demanderont de prendre seront prises en une seule réplique. Aucune négociation pour essayer d'atténuer les désaccords ou de convaincre les indécis. Il y a bien un système de dialogues à choix multiples, mais ces derniers sont trop souvent pauvres en termes de choix et on en apprend finalement très peu sur le royaume qu'on nous force à conquérir. Il s'agit du premier jeu de la saga Divinity auquel je joue. Je suppose (à tort ?) qu'un connaisseur s'y sentira chez lui...
La partie tour par tour et gestion économique du royaume est également très limitée, puisque vous n'aurez qu'à construire un bâtiment emblématique par région (usine de guerre, mine d'or, académie...) et, éventuellement, jouer une carte pour leur octroyer certains bonus, et, surtout, déplacer vos unités pour déclencher des batailles en tant qu'assaillant ou en tant que défenseur.
Et c'est là que mon attrait pour le jeu dégringole : sa partie stratégie temps réel représente ce que je déteste le plus dans un jeu du genre, puisqu'elle consiste essentiellement à produire un gros sac d'unités et à lui faire suivre le sentier jusqu'à un camp ennemi pour capturer son avant-poste. Une fois que vous avez l'avantage, l'issue de la partie est bouclée (c'est aussi valable pour vous). Si la plupart des cartes peuvent laisser un peu de place au contournement, vous ne serez jamais encouragé à séparer vos unités en petits groupes, notamment parce que vous ne voudrez pas mettre en péril la sécurité de votre camp principal (qui peut être défendu par des tourelles, si faibles qu'elles se feront dégommer en un clin d'oeil). La meilleure solution consistera donc à amasser des unités, en produisant au pif tel ou tel type histoire d'être efficace contre tout ce qui passera à portée de canon.
Quant à la construction des bâtiments, elle se fait d'un simple clic, une fois qu'une unité a "capturé" son socle, ce qui veut dire que l'ennemi pourra construire des tourelles chez vous, sans qu'il soit réellement possible d'intervenir. Et si vous avez la possibilité de vous transformer en dragon, la durabilité et la puissance de ce dernier sera de toutes façons totalement dérisoire face à son coût en ressources et son coût en temps (vous ne gérez pas votre base lorsque vous vous transformez, et vous ne pouvez pas non plus programmer des files d'unités si vous n'avez pas les ressources pour les produire...).
Et comme si cela ne suffisait pas, vous aurez à reconstruire vos bases à chaque fois que vous vous ferez envahir, contrairement à un Dark Crusade où (la plupart) de vos bâtiments restaient en place. Les cartes finiront également par toutes se ressembler, et la défense de vos régions deviendra très vite particulièrement chiante.
J'ai laissé ma partie en plan pendant un bon mois avant de me résoudre à relancer le jeu, et je ne me sens pas le courage de le terminer. Il faut dire que les personnages ne sont pas non plus attachants (mention spéciale à la "générale" habillée comme une prostituée et qui a à peu près autant de personnalité que Kelly Chambers de Mass Effect), ils donnent même parfois envie de cogner (je ne supporte pas le conseiller mort-vivant et le conseiller nain par exemple, l'un étant un zélote que j'aurais préféré cynique et désabusé, et l'autre, un banquier lambda), et je ne me sens pas de finir le jeu pour voir une fin qui, d'après ce que j'ai lu, n'en vaut pas la chandelle.
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