Dragon Age II
5.5
Dragon Age II

Jeu de BioWare Corp et Electronic Arts (2011PC)

Dragon age 2, ou l'impossible neutralité

Le moins qu'on puisse dire, c'est que je ne comprends pas la réputation de tas de boue que traîne ce deuxième opus de la franchise Dragon Age.


Certes, c'est moins bien que Dragon Age Origins, certes, le parti pris narratif est déstabilisant et oui, la fin est très, très frustrante.


Pourtant, il y a quand même de très bonnes choses à sauver de cet opus. Et je me propose de revenir sur mon expérience de jeu et sur ce qui m'a semblé réussi ou pas (en plus c'est un peu le principe de ce site).


Commençons par les points ratés et / ou chiants de ce jeu.


Il y a trop, beaucoup trop de combats, et surtout des combats face à des hordes d'ennemis. Difficile de retirer du plaisir d'un combat opposant votre groupe de 4 personnages à trois (parfois quatre) vagues successives de 15 - 20 mecs. Qui a pensé que ce serait amusant ? Mystère. D'autant que parfois, on se fade sur une même carte trois ou quatre groupes d'opposants de suite. Une illustration in game de la saturation...


De même, presque toutes les quêtes débouchent sur une confrontation armée. Avec tout ce que cela implique de vagues de mobs à latter. De ce côté là, c'est craignos. J'ai même renoncé à jouer le jeu en niveau difficile, tellement c'était relou de se croire sorti d'un combat pour mieux en remettre une couche avec quinze adversaires de plus.


Avoir des combats chiants dans un jeu qui en compte énormément, c'est gênant.


Autre point frustrant : l'impossibilité de customiser l'équipement de ses compagnons. Chose on ne peut plus incongrue dans un rpg. Le seul perso qui a le droit de faire mumuse avec l'inventaire, c'est le perso principal, et point barre ! Les autres ont quand même le droit de changer d'arme et à une customisation rudimentaire de leurs armures, mais ça va pas chercher loin. Je me répète, mais c'est un choix aberrant pour un rpg.


Voilà pour les gros points noirs de mon point de vue.


Passons donc à la suite en nous intéressants au choix narratif. Chose assez inhabituelle, et même assez déstabilisante, on a le droit à une narration elliptique de l'histoire de notre personnage.


Je m'explique, par un exemple symptomatique du début de jeu (et qui m'a plus que surpris) : alors qu'on vient d'arriver à Kirkwall, la grande cité où va se dérouler le jeu, on nous demande de choisir pour qui on veut travailler pour gagner son droit d'entrée.


Basiquement, je m'attendais à du classique : deux employeurs potentiels, deux approches différentes (baston ou homme de l'ombre) avec des quêtes pour faire ses preuves, avant de finalement être accepté en ville.


Mais non ! Une fois le choix opéré, fondu enchaîné au noir, puis un bandeau indiquant : "deux ans plus tard" et voilà ! On passe sur la période de mise à l'épreuve de deux ans et on repart dans l'intrigue sans transition !


Quid de la personne pour laquelle on a bossé ? Rien. On la recroisera à l'occasion, les dialogues laisseront entendre qu'il s'est passé des choses durant ces deux ans, mais sans plus. Complètement aberrant pour un RPG ! Une simple phase narrée en lieu et place du jeu.


Ce procédé est en fait utilisé à chaque fin de chapitre. Si ça ne laisse pas de surprendre la première fois, on finit honnêtement par s'y faire, le fait de suivre son personnage sur plusieurs années de sa vie étant finalement fort intéressant.


Cela permet d'ancrer un peu plus le récit dans cette cité, en l'inscrivant dans un temps long.


Le récit en lui-même est intéressant. Le jeu débute sur des histoires personnelles, avec en arrière-plan le contexte politique de la ville (plus que tendu), pour glisser progressivement sur des problématiques plus en phase avec les crises politiques de la cité, jusqu' l'inévitable (on y reviendra) implication du personnage.


Tout cela est plutôt bien mené, montant crescendo jusqu'au final.


Les compagnons
Autre point fort du jeu, les compagnons de route. S'ils ne sont pas légion, ils sont tout de même bien fouillés et les interactions avec eux peuvent avoir des conséquences radicales allant jusqu'à leur départ du groupe (et donc du jeu). Si, comme je l'ai fait, vous ne les ménagez pas lors des phases de dialogues et les contredisez régulièrement, vos options en fin de partie seront limitées.


De même, en fonction de vos choix dans le jeu, certains compagnons peuvent même simplement mourir de manière scriptée. J'ai par exemple découvert, après avoir fini le jeu, en voyant des screenshots que l'un des compagnons qui était mort dans ma partie lors d'une cinématique du prologue, pouvait en réalité vous accompagner jusqu'à la fin du jeu ! (je ne sais d'ailleurs toujours pas à ce jour comment j'aurai pu éviter ce décès)


En ce qui me concerne, pour la phase finale, j'avais tout juste assez de compagnons disponibles pour constituer un groupe (quand je vous dit que je les ai pas ménagés !), les autres ayant quitté le groupe (de leur plein gré ou pas), et l'un d'eux a même choisi de combattre avec mes adversaires !


Bref, un vrai jeu où les choix comptent. Et parlant de choix, passons au pire d'entre eux : le final.


La fin :
Alors je vais tâcher de ne pas spoiler, ce serait dommage, mais la fin m'a tiraillée mais aussi frustré comme rarement un jeu l'aura fait.


Donc sans rien dire de compromettant sur le final, sachez que l'on doit faire un choix entre deux options, chacune d'elles étant (de mon point de vue) mauvaise, et entraînant de manière obligatoire un massacre. Évidemment, chacune des deux options a ses défenseurs au sein de vos compagnons, et le choix pris sera lourd de conséquences.


J'ai bien dû peser le pour et le contre 10, voire 15 minutes avant d'entériner mon choix. De ce point de vue là, ce fût pour moi un vrai grand moment de jeu vidéo, les implications de ma décision pour le futur de la ville étant réellement importantes.


C'est en cela que la narration étalée a marché pour moi. Je me suis vraiment investi dans l'histoire de Kirkwall comme l'aurait fait un homme influent de la cité, et du coup, quand est venue l'heure de trancher, j'ai tellement senti pointer la catastrophe king size que j'ai longuement pesé chaque option.


Bref, ça, c'était bien. Mais, car il y a un mais, la suite m'a nettement moins emballée.


Une fois le choix opéré : bagarre finale. Et là, le sentiment de m'être fait arnaquer. Parce que au final, et sans déflorer la fin, ce choix cornélien, qui m'a tant coûté, il ne rime à rien. La fin du jeu est rigoureusement la même quoiqu'il arrive. C'est en tout cas ce que j'en ai conclu.


D'où ma frustration. Car choisir une option en pensant faire le meilleur choix pour la ville, tout ça pour se rendre compte qu'in fine, ça n'a servi à rien, parce que ce choix n'avait aucune incidence sur le déroulement de la fin, ça m'a passablement énervé !


Soit on a un choix à faire, et ça veut dire quelque chose. Soit on s'en fout, mais dans ce cas qu'on ne me demande pas de trancher. Bref, un final bien décevant après toutes ces heures de jeu.


Alors, sans être un chef-d'œuvre non plus, Dragon Age 2 n'est pas non plus l'étron vidéo-ludique annoncé. J'ai même passé d'agréables moments de jeux, malgré une fin ô combien frustrante !


Le coup a été amplement rattrapé depuis avec Dragon Age : Inquisition, qui réussit à partir du background de cet opus, à relancer sa franchise de manière fort habile.

M_le_maudit
7
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le 1 juil. 2015

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M_le_maudit

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