Ca y est ! J’ai enfin pu évacuer une vieille frustration : celle d’avoir surestimé le challenge que propose Dragon Quest 8 (premier et dernier jeu de cette licence auquel j’ai joué avant ce n°9) en faisant des choix trop évidents, comme par exemple : booster l’aptitude pour l’épée du hero, ce qui m’a souvent donné envie de racheter le jeu depuis que je l’ai vendu, avec ma dignité de gamer… Bon, je grossis un peu le trait je l’avoue, car cela n’aurait sans doute pas suffit à faire accéder au paradis une âme comme la mienne, aussi corrompue qu’une ROM chopée sur le forum 15-18 de jeuxvideos.com, sans les qualités particulières de cet opus ; mais n’allons pas trop vite…


Conditions du Test


En solo, et en m’imposant la contrainte -libératrice- de ne rien dépenser jusqu’au dernier village.


LES ANGES DU J-RPG
Vous incarnez dans DQ9 un ou une ange selon votre choix (le troisième genre, ou plutôt l’absence de genre, en l’occurrence, n’étant pas prévu par le jeu, pourtant « progressiste » par ailleurs), plus ou moins stylé en fonction de votre aptitude à tirer le meilleur d’un éditeur de personnages franchement limité, avouons-le, gardien déchu qui devra d’abord se remplumer, c’est à dire retrouver ses pouvoirs, avant de comprendre comment il les a perdus et d’agir en conséquence : en sauvant le monde, comme il se doit ; le développement attendu d’une idée de base plutôt originale en somme.


C’EST DANS LES VIEILLES ALCHIMARMITES QU’ON FAIT LES MEILLEURS J-RPG (C’EST BIEN CONNU)
N’allons pas par quatre chemins : le gameplay de ce Dragon Quest n’a rien d’original pour la licence, si ce n’est pour sa partie on line… Et c’est tant mieux, si vous voulez mon avis (partons du principe que «oui», vous le voulez…) ! On retrouvera donc avec plus ou moins de plaisir le principe d’alchimie, ses recettes improbables (pour l’aspect positif), à base d’ingrédients que vous prendrez du temps à collecter (pour l’aspect négatif), et le système des vocations, autrement dit des métiers, à attribuer à chaque personnage et que vous pourrez changer assez tôt dans le jeu, avec leurs aptitudes liées, obtensibles en plaçant les points de compétence acquis lors de certains passages de niveaux.


Les ennemis sont visibles et se répartissent entre ceux qui ne vous remarquent pas, un peu, ou beaucoup, au point de vous obliger à les affronter, et vous évoluez dans un cycle jours/nuits qui n’est suspendu que dans les dongeons et les villages, à moins d’y dormir (dans les villages, pardi). Notons au passage que les intérieurs, s’ils ne sont pas à l’échelle de leurs extérieurs, sont tous différents : aucun commerce, ni aucune église ou maison n’est semblable à une autre ; «encore heureux !» clameront les plus exigeants d’entre vous, mais l'effort est louable quand même !


Le bestiaire, hérité en tout ou partie (?) des opus précédents est inégalement inspiré mais les combats, au tour par tour comme d’habitude (vous déterminez les actions de vos personnages puis elles s’exécutent « en même temps » que celles de vos ennemis, dans un ordre qu’il n’est pas entièrement possible d’anticiper) sont rendus plus vivants -plus lents ?- par les animations des protagonistes, qui se déploient avec naturel sur l’aire de combat ; une des nouveautés appréciables de cet opus. On regrettera ici quelques incohérences, comme par exemple le fait qu’un ennemi puisse provoquer l’affrontement tout en «ne vous ayant pas remarqué», avant d’éviter vos attaques ! Et, dans un autre domaine, le fait de retrouver son bateau systématiquement amarré sur la côte la plus proche d’un lieu où vous vous êtes rendu grâce à la téléportation (même si c’est bien pratique, on est d’accord) !


Voilà pour le fond.


ALAIN DELOIN
Sur la forme, on peut dire sans exagération que le jeu revêt ses habits de lumière, tant la portable de Nintendo met ses tripes sur la table pour nous offrir la plus belle 3D dont elle soit capable ; en tous cas de loin, car de près cela se gâte sensiblement, face aux bosses par exemple, ce qui fait fatalement regretter le choix du hardware pour cet opus… D’autant qu’il n’est nullement besoin d’une console surpuissante pour rendre pleinement justice au style graphique d’Akira Toriyama sur cette licence, franchement !


En revanche, un point sur lequel ce DQ9 n’a pas à rougir de la comparaison avec son aîné, c’est sur la bande son, ici particulièrement inspirée, qui bénéficie opportunément des limitations du support, en s’affranchissant de la lourdeur orchestrale de DQ8. Comment bien décrire avec des mots la nostalgie mêlée de vice dans les ruines d’un château souillé par les monstres... Seule la -bonne- musique peut le faire !


CONCLUSION
Qu’est-ce qu’un Dragon Quest finalement, sinon une parodie d’Heroïc Fantasy, par un des plus grands mangaka de tous les temps, et le culte qui lui est rendu ? On reconnaîtra sans peine DQ9 à cette définition, dont il tire la quintessence, avec une réalisation sinon irréprochable, du moins exemplaire, au service d’un grand divertissement. Un incontournable du J-RPG… Si vous avez le temps d’y jouer !


Les Plus



  • La durée de vie, notamment grâce aux dongeons optionnels, très nombreux ; un régal pour les amateurs, tant dans le repérage sur la carte (utiliser celle du booklet, faite à la main et en couleurs) que dans la cartographie de leur dédale (généré procéduralement).

  • Le meilleur Dragon Quest du point de vue de la musique, toutes époques confondues (je les ai comparées).

  • L’esprit Dragon Quest (jeux de mots, chara-design, animations)... La bouse de vache dans les coffre-forts !

  • Le mode d’emploi à l’ancienne (en français bien sûr) !


Les Moins



  • Les énoncés de certaines quêtes, qu’on se serait bien passé de devoir interpréter (parce qu’il n’y a pas de bonne raison qu’on ait à le faire).

  • Le niveau des bosses, qui n’est pas toujours proportionné à celui des dongeons (une perte de temps là aussi).

  • La gestion des items à acheter (armes etc) qui n’est pas optimale : une seule caractéristique s’affiche chez le marchand (par exemple «défense» quand vous achetez un casque), alors que plusieurs peuvent être à prendre en compte, ce qui peut facilement entraîner des erreurs.

  • Le scénario, qui s’essouffle vite malgré la bonne idée de base.

lonevulve
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le 9 avr. 2020

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