Je suis tombé dedans sans prévenir. Dungeons of Hinterberg, je l’avais pourtant vu passer il y a quelques mois, vite catalogué dans un coin de ma tête comme  "encore un de ces petits jeux stylisés, à l’ambition floue, au charme fragile ". Un jeu qui, sur le papier, semblait porter cette vibe typique des projets étudiants fraîchement sortis, visuel un peu trop pastel pour être sincère, animation raide, promesse vague de narration contemplative… Je n’avais pas vraiment mordu.

Et pourtant, voilà que je me lance dedans un peu par curiosité... Deux semaines se sont écoulés sans que je ne m'arrête de le lancer pour le finir en 20h! Pas parce que c’est un grand jeu, pas parce que tout y est parfait. Mais parce qu’il a cette sincérité rare, ce mélange d’idées bien digérées, et surtout cette ambiance de "jeu-vacances" que je n’avais pas ressentie depuis un bon moment.


C’est un jeu qui respire. Qui s’écoute.

Qui offre, comme à son héroïne, un petit moment de pause loin de la grande ville, de ses attentes, de ses règles.


L’introduction ne perd pas de temps, on arrive dans cette station alpine transformée par l’émergence de failles et de donjons mystérieux, et très vite, le jeu nous propose un rythme doux, mêlant exploration libre, rencontres sociales, donjons à parcourir et pouvoirs à débloquer. C’est un melting-pot d’inspirations, qui tape aussi bien du côté de Persona pour les phases sociales, que du côté de Zelda pour les donjons, voire Jet Set Radio ou Sable pour son ton chill et son esthétique en aplats. On a quelques phases twin stick shooter surprenantes, des enigmes aux perspectives changeants et pleins de choses étranges qui vont sans arrêts renouveler votre expériences.

Le plus gros point fort du titre, c'est que les donjons on été conçus comme des pochettes surprise... En lançant le titre je me suis dit que 25 donjons, c'était peut être trop et que je ne tiendrai pas jusqu'à là... Au final? J'ai dévoré ce titre sans en laisser une miette!


Le cœur du jeu repose sur ce rythme binaire très agréable, le jour, on explore, on part à l'aventure et l’après-midi, on s'occupe de soit et de ces relations aux nombreuses surprises. Chaque biome visité apporte sa propre identité, son propre set de pouvoirs temporaires (surf, grappin, tyrolienne, etc.) qui viennent renouveler à chaque fois l’exploration et les mini énigmes environnementales.

C’est fluide, jamais redondant, et toujours gratifiant.


Alors oui, c’est un jeu facile. Très facile même. Que ce soit les combats, que l’on peut rendre totalement dévastateurs avec quelques ajustements de build, ou les énigmes qui tiennent plus de l’exercice de style que du vrai challenge. Les donjons se terminent rapidement, les boss se laissent abattre sans vraie stratégie, et le jeu ne cherche jamais à nous bloquer. Mais je crois que c’est précisément ce qui m’a plu. Ce n’est pas un jeu de performance, pour les habitués, mais ils n'en reste pas pour autant moins charmant. Faisant alors plaisir à tous les publics, grâce à ce parfait dosage!

Là où d’autres titres cherchent à tester nos limites, Dungeons of Hinterberg nous propose plutôt de nous poser, d’absorber une ambiance, de prendre du recul avec notre propre quotidien comme le fait son héroïne. Le jeu traite d’ailleurs de ce thème avec une belle subtilité... Burnout, pression sociale, nécessité de se recentrer… sans jamais être lourd, ni caricatural. Juste un personnage qui cherche à se reconnecter à elle-même, et qui découvre en chemin des paysages et des rencontres inattendues.


Même le style graphique, qui me rebutait au départ avec ses grands aplats de couleurs et son côté un peu figé, a fini par me séduire. C’est cohérent, c’est clair, et ça permet au jeu de garder un cachet visuel très lisible, très identifiable. Il n’y a jamais d’agression visuelle, tout est posé avec soin. Même la musique participe de cette impression de calme maîtrisé, avec ses nappes douces et ses rythmes discrets.


Alors non, ce n’est pas un jeu inoubliable, quoi qu'il aura quand même une belle place dans mon esprit... Ce n’est pas un jeu révolutionnaire, bien qu'il digère ces références avec brio. Mais c’est un coup de cœur. Parce qu’il est juste, parce qu’il ne surjoue rien, parce qu’il propose une expérience complète sans chercher à tirer sur la corde. 25 donjons, des moments touchants, un petit monde cohérent, et une vraie proposition. Ce genre de jeu qu’on lance juste pour voir et qu’on finit en une poignée de jours, sans l’avoir vu venir.

Et surtout, c’est un studio que je vais suivre de près. Car s’ils sont capables de nous pondre ça pour une première production de cette ambition, j’ai très envie de voir jusqu’où ils peuvent aller. Un jeu à savourer entre deux mastodontes, ou juste pour se faire du bien un week-end pluvieux. Une bouffée d’air alpin numérique. Généreux en contenu et en mécaniques variés, pour favoriser une aventure aux multiples facettes.

KumaCreep
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs jeux vidéo de 2024 et Envie de vacances? Depuis le canapé...

Créée

le 20 juin 2025

Critique lue 20 fois

1 j'aime

Anthony

Écrit par

Critique lue 20 fois

1

D'autres avis sur Dungeons of Hinterberg

Dungeons of Hinterberg
LoutrePerfide
8

C'est l'amour à la plagne!

Après avoir choisi de ranger sa robe d’avocate au placard, Luisa va maintenant sortir une épée et la polaire pour se rendre au magnifique village alpin d’Hinterberg. Ce petit coin de nature situé...

le 18 juil. 2024

2 j'aime

Dungeons of Hinterberg
KumaCreep
8

Jet Set Persona of the Wild

Je suis tombé dedans sans prévenir. Dungeons of Hinterberg, je l’avais pourtant vu passer il y a quelques mois, vite catalogué dans un coin de ma tête comme  "encore un de ces petits jeux stylisés, à...

le 20 juin 2025

1 j'aime

Dungeons of Hinterberg
bunnypookah
8

Kitsch, détente et dungeon RPG en Autriche

Dungeons of Hinterberg cache, sous sa direction artistique colorée et singulière (et qui, sans doute, ne laissera pas indifférent, pour le meilleur comme pour le pire), une formule à la fois éprouvée...

le 17 sept. 2024

1 j'aime

Du même critique

Gintama
KumaCreep
9

See You Space Samurai

J'ai entendu la sortie du derniers chapitre pour pouvoir enfin partager tous l'amour que je porte à cette série. Gintama, que j'ai dans un premier temps connu fin 2006 avec son adaptation animé, que...

le 1 sept. 2019

15 j'aime

Ōkami HD
KumaCreep
3

Le saint Okami ne m'aura pas conquit

J’ai pas tenu bien longtemps… Seulement 5h… Puis voici l’éternelle question, ais-je le droit de donner un avis car j’ai fait le choix de ne pas perdre encore 35h sur ce jeu? Je suis vraiment désolé,...

le 3 juin 2020

12 j'aime

7

Kill la Kill
KumaCreep
4

à vouloir chercher l'originalité et la surenchère, sans plus... On a Kill la Kill...

Difficile de parler d'une telle oeuvre, j'ai l'impression d'avoir vu le "The Expendables" du shonen. Le genre d'anime qui s'assume complètement dans son trip et qui a pour but de nous livrer le...

le 5 oct. 2014

12 j'aime