Dans l'espace, personne ne vous entendra hurler (de bonheur ou de frustration)

Je me souviens ... J'avais 12 ou 13 ans à l'époque et dans mon Amiga 1200, j'insérais fébrilement une disquette 3,5 pouces. Pendant que le bouzin faisait un bruit infernal en lisant la piste magnétique, je bavais déjà sur le livret d'au moins 150 pages représentant une planète à anneaux du genre Saturne. Je ne lisais pas encore en profondeur le manuel, repérant ça et là les mots "poussée verticale", tangage", "amende", "marché boursier", le feuilletant seulement lorsqu'une cinématique en 3D in-game somptueuse m'arrachait des larmes de ravissement. Rappelons nous qu'à l'époque, Star Fox sur Super Nintendo faisait référence en matière de jeu 3D. Mais cette course poursuite virevoltante entre asteroïdes, station spatiale et coups de lasers défonçait littéralement cet idiot de renard volant.

"DONNEZ-MOI LE PUT**** DE MANCHE" hurlais-je dans ma tête!

Je l'eus ... Et ce fut catastrophique. Crash sur Ross 154. Dans la station spatiale ... Sur la terre ... Ce ne fut qu'au bout de 2 heures (et d'une vérif dans le manuel) que je pus commencer mon idylle avec Elite ... Une idylle oui, au son chiptunes des grands classiques de la musique classique. Je découvrais les systèmes double, les planètes terraformées, les stations spatiales oubliées au fin fond de la galaxie ... Je faisais connaissance avec les pirates aussi, les forces de police chatouilleuses ... Je rêvais devant le laser à 500 gigawatts qui atomisait n'importe quelle coque de noix galactique d'un coup bien placé. un cheat-code bien pratique me permit d'obtenir rapidement une force frappe suffisante pour ne plus me faire taper par le moindre pilote paumé dans cette immensité glacée (immensité glacée qui tenait sur 2 pauvres disquettes soit 2.88 Mos, moins que beaucoup de MP3, cinématique d'ouverture et musique comprises) ... Elite 2 : Frontier laissa en moi une marque indélébile même si, jeune imbécile que j'étais, je n'appréciais pas à ce moment là toute la saveur du vaisseau patiemment acquis et que je me ruais sur le Imperial Courrier dès le début de la partie comme un gros batard, il faut bien l'admettre ... Aaaaaaah folle jeunesse!

2 décennies plus tard (je ne parlerai pas de Elite : First encounters), j'appris que David Braben mettait sur pied une campagne Kickstarter visant à faire revivre la légende. Je suivais tout cela de loin, n'étant pas un joueur PC à la base mais toujours nostalgique de MON Frontier. Bienheureux d'apprendre que le projet avait été financé haut-la-main, je commençais à regarder les premières photos, puis les premières vidéo ... Je bavais ... Je replongeais comme un gosse ... Tout était là mais en plus beau ... Le radar circulaire, les indices de poussée, les marchés boursiers, les vaisseaux de mes souvenirs (l'Eagle a toujours de la gueule mais il sert toujours à rien!), le tableau d'affichage, les 3 factions ... Et je pris alors la décision d'en être, de repartir encore une fois vers l'infini et bien au-delà!

Mon ancien PC ne faisant tourner que le démineur et encore, avec du lag, ce ne fut qu'après l'acquisition d'un matos un peu plus costaud (mais pas non plus démentiellement suréquipé) que je pus lancer Elite Dangerous, fébrile comme celui qui va redécouvrir son premier amour 20 ans après, à l'âge où les portes jarretelle ont remplacé les salopette et où un décolleté a pris la place du T-shirt Nirvana un peu passé (bref, sous des dessous beaucoup plus aguicheurs).

1ere différence, ED possède un tuto. Ouf! même pour moi, habitué aux différentes exigence du titre, une piqûre de rappel ne fait pas de mal ... Décollage, autorisation d'appontage, manoeuvres diverses et variées ... ED n'est pas qu'un shooter. Il va falloir s'habituer aux différentes procédures. On ne fait pas piou-piou-piou comme ça, à l'arrache. ED s'apprivoise. Sans aller jusqu'au méga-simulateur du type X-wing avec toutes les aides désactivées, c'est un jeu qui reste ardu. Les premières fois font souvent mal et vous passerez du temps à bien gérer une foule de paramètres. Petit conseil de bleu, une manette (ou un joystick) me semble indispensable bien que le combo souris/clavier soit agréable. Perso, la manette 360 fait bien le job. Le mapping des touches sera une étape indispensable pour tout Han Solo en herbe qui se respecte. Il va falloir trouver la combinaison la plus confortable pour gérer les différents types de poussée, la distribution de l'énergie, les configurations d'armes ... Il faudra aussi savoir dompter votre console holographique. Elle vous permettra de demander les autorisations d'appontage, de communiquer avec les autres vaisseaux, de gérer votre réputation ... En tournant la tête, la console s'affichera et permettra de faire tout ça en temps réel. Effet immersif garanti mais il faudra tout de même un peu de persévérance pour tout bien coordonner. Mais vous serez récompensé, foi de pilote!

Une fois les commandes bien en main, vous pourrez vous permettre de vous régaler les mirettes. Sur une machine respectable mais qui n'est pas un monstre total, j'ai pu tout pousser au max. Mais même sans aller jusque là, l'univers que nous propose ED est tout simplement somptueux. Les stations orbitales gigantesques mais détaillées laisse la place à des planètes magnifiques, les vents solaires se déchaînent alors que les vaisseaux amiraux (oui, j'en ai croisé un du style Star Destroyer de l'empire) croisent dans les confins de l'espace ... C'est trippant.
L'intérieur de votre vaisseau, très détaillé, lui aussi dispose d'un HUD et d'une console holographique pratiques (ce qui est le plus important) et classieux de dominante orangée du plus bel effet. En tournant la tête, il est possible de d'admirer le spectacle environnant du style éclipse, mais vous pourrez également voir les mains de votre avatar pousser le manche ou tirer la manette des gaz ... ED est beau ... ED est très beau. Seul regret, il n'y a pas de vue extérieure au vaisseau. Le seul moyen d'admirer votre étalon, c'est de faire un tour dans un garage spatial et de profiter de la customisation pour le reluquer comme un gros pervers reluque la chair fraîche.

Et que peut-on y faire dans cette galaxie de 400 milliards de systèmes? Beaucoup de choses en fait ... ED reste un jeu à l'ancienne mi-MMO, mi bac à sable géant.
Ici, pas de fioritures scénaristique, il n'y a aucune histoire sauf celle que vous voudrez bien poursuivre. C'est votre histoire à vous. Une carrière de mineur? Allez, c'est parti! Un explorateur sommeille en vous? Réveillez le et partez découvrir l'espace! Vous préférez mener la vie trépidante d'un chasseur de prime? On a ce qu'il vous faut! Tout ça à la fois? Chiche!
Chacun peut trouver sa voie, le soft permettant de se faire un vaisseau taillé à la mesure de ses ambitions. Un voyageur privilégiera un système de saut performant, un guerrier emportera canon, laser et missiles au détriment de l'espace en soute que priorisera un honnête commerçant. cette customisation paraîtra hard-core au premier coup d'oeil. Et puis les erreurs forgeront le caractère. On saura très vite que tout miser sur l'armement se fera au détriment de la capacité de saut et se coltiner 4 pauvres système trop proches à grinder comme un porc sera un souvenir impérissable qui vous empêchera de refaire la même bêtise (et je sais de quoi je parle!). ED s'apprend, s'apprivoise petit à petit.
Car le pilotage pur et dur n'est pas la seule chose à être compliqué à appréhender. La navigation peut s'avérer aride, trouver la bonne marchandise à livrer au bon endroit également. Elite prend rarement par la main, il n'y a pas de petites roulettes sur votre vaisseau. Il faudra apprendre, tester, comprendre son erreur, réessayer, se replanter ... Celui qui ne compte pas y consacrer trop de temps peut passer son chemin. Elite est un jeu exigent comme très peu le sont de nos jours. Mais sous cette exigence se cache une profondeur réelle.

ED n'est cependant pas exempt de tout défaut. Certains voyages sont trèèèèèèès longs. L'interface n'est pas forcément des plus pratiques. Petit exemple, pourquoi ne pas avoir inclus la possibilité de visionner ou se trouve le système où doit se passer une livraison? Le système d'itinéraire n'est pas simple non plus. Des fois ça marche, des fois, ça ne marche pas, on ne sait pas trop pourquoi ... Dans le même style, il est très compliqué de retrouver sa cible pour une prime ou un assassinat.
Les recherches de marchandises pourraient également être plus simples. On ne peut retrouver que les routes commerciales relative à une marchandise. Au pilote de rechercher après le meilleur endroit ou faire ses emplettes pour tirer un max de profit.
Plus embêtant, le début est très, très très lent ... Ne comptez pas acquérir vos nouveaux lasers avant d'avoir farmer à outrance. Quand à l'Anaconda à 50.000.000 de crédit ... Maintenant, est-ce vraiment un défaut? Pour l'habitué des Elite, clairement non puisque cette courbe de progression lentissime est constitutive de la série. Pour un nouveau venu, cela peut être frustrant. Autant savoir où on met les pieds (enfin, les ailerons).
ED est aussi terriblement vide pour un joueur multi. Conçu à la base comme un MMO, la galaxie est trop vaste pour retrouver des potes facilement.
On ne peut pas encore se poser sur les planètes. C'est prévu, mais aucune date n'a encore été annoncée.
Bien sûr, il y a aussi quelques soucis mineures comme des traductions incomplète ici et là ... Cependant, les choses devraient s'améliorer puisque l'équipe de développement continue à enrichir l'univers.
Dernière couleuvre à avaler, la connection obligatoire à Internet pour pouvoir jouer, même en solo ... Toujours pénible (et moins 1 point pour ça comme pour Ace Combat Infinty, mais 1 seul puisque ED est quand même un MMO à la base avec la possibilité de jouer solo)!

Soulignons enfin que ED est toujours en développement et le restera longtemps. Ses promesses sont énormes, les attentes des joueurs aussi. Son statut de MMO implique un suivi régulier et nul doute que le tout ira en s'améliorant.

C'est poussé ... C'est beau ... C'est profond ... Alors Elite Dangerous plaira-t-il? Tout dépend de ce que vous recherchez et de ce que vous êtes prêt à y amener.
Si, comme moi, vous avez joué à Elite auparavant et que ça vous a plu, foncez! (il y a BEAUCOUP de fan service, rien que dans le nom et la forme des vaisseaux, les stations orbitales, les systèmes planétaires ... )
Si vous avez du temps, de la patience et que vous n'avez pas peur d'appendre, alors oui, ED sera une bonne pioche.
Au contraire, si vous êtes plus R-type que Flight Simulator, passez votre chemin. Vous vous embêterez comme un rat crevé dans une soute.

PS :Coup de gueule perso, j'ai pu constater que les différentes peintures étaient pour l'instant payantes en monnaie sonnante et trébuchante. Et pas qu'un peu! 12,50€ le modèle collector au max soit le même prix qu'n pack de 6 pour le même vaisseau (tu changes de veau spatial? Repasse à la caisse!), 4,00€ ou 2,50€ à l'unité, juste pour une texture, j'appelle du vol caractérisé.
Personne ne nous force à acheter, on est d'accord. En même temps, même le concessionnaire le plus filou de l'univers propose ses modèles en différent coloris à l'achat. Là, pas le choix! Une couleur par vaisseau pour tous de base. Tu le veux en jaune ton Viper? Crache! Procédé assez déloyal et franchement pas au niveau de la générosité du titre. Espérons que les développeurs prendront conscience de ça et qu'ils proposeront des skins gratuits à l'avenir. Ou au moins un choix de couleurs quand on achète un nouveau vaisseau.
Jackmac
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le 12 janv. 2015

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Jackmac

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