Europa Universalis Rome est un épisode à part dans l'histoire de la franchise. Il couvre l'Histoire antique du début de la République Romaine (première guerre punique environ), à la bataille d'Actium (toujours approximativement), quand Europa Universalis couvre traditionnellement ce qu'on nomme la période Moderne (1492-1815, même si le jeu déborde un peu des deux côtés). Mais ce qui fait la spécificité de cet épisode n'est pas tant la partie de l'Histoire qu'il couvre, que son extrême difficulté.

En effet, la carte étant réduite à l'Europe et au Maghreb, une conquête éclair aurait vite eu fait de ternir l'intérêt du jeu. Alors les développeur de Paradox Interactive ont eu une idée de génie : faire de la gestion de votre Etat un enfer permanent. Raids barbares, division internes, guerres civiles, et surtout gestion de la personnalité de tous vos dirigeants, gouverneurs, ministres, consuls, etc. Sans parler de l'aspect religieux et ses sacrifices, ses présages, etc. Le tout fait d'EU Rome le jeu le plus difficile qu'ait pu sortir PI. A tel point qu'il sera difficile de jouer autre chose que Rome. Et c'est probablement le plus gros défaut du jeu...

Car si Rome est la façade la plus célèbre de l'Histoire antique, celle-ci regorge de plusieurs empires et puissances qui vont et viennent à travers le temps. Mais centrer l'épisode sur Rome, c'était hélas condamner la géopolitique du jeu à un géant dans l'ombre duquel des nations mineures peinent à trouver une place stable. C'était donc, de facto, condamner le jeu à une certaine répétition sur le long terme. Jouer une nation mineure est particulièrement frustrant, quand vous passez plusieurs dizaines d'années (dans le jeu, évidemment) à tenter de coloniser une province voisine pendant que Rome s'étend partout en Europe, pour au final venir vous détruire en deux petites années chrono.

De plus, gérer un empire de plus de cinq provinces (petites "cases" de jeu difformes, centrées autour d'une ville importante) devient vite lassant : il faut remplacer les gouverneurs régulièrement en veillant à ce qu'ils soient tous loyaux sans quoi on risque la guerre civile. Dans la théorie, c'est sympathique, dans la pratique, ça consiste à un spam permanent "d'events" (Une fenêtre de texte qui surgit sur votre écran, et vous demande de faire un choix avec des conséquences sur votre Empire) : Lucius devient parano, Brutus est désormais avare, Auguste se marie avec le frère de votre pire ennemi, Claudius part à la chasse et risque de mourir, etc. Niveau immersion, on a plus l'impression de jouer à Dynasties qu'à Rome. Même si les intrigues jouent un rôle moteur dans l'Histoire politique des périodes où une poignée d'hommes avaient un grand pouvoir, trop, c'est trop.

Tous ces petits travers font que Rome est un jeu à la fois passionnant pour son contexte Historique, mais terriblement agaçant à jouer. Les parties sont amusantes avant d'arriver au point de rupture inévitable où gérer l'Empire devient d'une lourdeur assommante, pauvre petit joueur écrasé sous le volume de spam que l'on est. Un gâchis, quand on voit la différence avec Europa Universalis III, véritable petit bijou de plaisir.
Blèh
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le 13 juin 2010

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