Après le choc que fut Fallout 1, je doutais fortement que sa suite sortie seulement un an et demi plus tard (avec le départ en début de production du créateur de la saga Tim Cain) puisse être à ce point bluffante.
Vous incarnez un des descendant du sauveur de l'abri 13, vivant de façon tribale au milieu du désert. Votre village se meurt, charge à vous de le sauver en allant chercher un JEK (Jardin d'Eden en Kit), machine révolutionnaire de l'avant guerre, permettant de recréer une ville à partir de rien.
Voila le pitch de départ, relativement simple, mais comme dans le premier épisode, le scénario principal n'est qu'un fil conducteur pour découvrir ce qui est le cœur du jeu : la Californie des Terres Désolés.
Délaissant le coté sérieux et nihiliste du 1er épisode (chef d'œuvre également), le jeu étonne par son discours acide, irrévérencieux et bourré de référence à la pop culture. Fallout est sans limite, tirant à boulet rouge sur tout et tout le monde, parlant pêle-mêle de la ghettoïsation des peuplades autochtones (Sulik et le héros), des dangers du nucléaires (coucou Gecko), ou encore l'Amérique WASP "consanguine" d'aujourd'hui (la cité de l'abri et son modèle te laissant miroiter une possible ascension sociale). Mais le jeu n'est ni donneur de leçon ni manichéen, aucune des grandes forces de cette Californie n'est vraiment bonne ou mauvaise, de la NRC, en passant par la CDA ou encore les gangs de Reno.
Au delà de l'intelligence de son propos, le jeu est avant tout un merveilleux RPG, avec des tonnes de personnages et de dialogues exceptionnels, des quêtes à foison (quasiment) toutes passionnantes. Dans fallout 2 vous pouvez tout faire, sombrer aux plus bas instincts humains (se droguer, se prostituer, être acteur porno, devenir esclavagiste...), se battre pour recréer une société humaine égalitaire ou tout simplement rester d'une neutralité sans borne.
Fallout 2 fait partie des rares jeux qui méritent leurs statuts d'œuvre cultes, de part son univers merveilleusement écrit, de la liberté qu'il offre au joueur ou encore du génie graphique qui s'en dégage (le jeu est laid, mais les décors ou les armures sont des bijoux de direction artistique).
Un jeu en avance sur son temps, souvent drôle, parfois triste, toujours brillant et furieusement punk !