Far Cry 3 : Le FPS de la folie

Test de lightningamer.com : Far Cry 3 : Le FPS de la folie

Reprenant la juteuse licence Far Cry au studio Crytek, Ubisoft proposait fin 2008 un second opus loin d’être aussi irréprochable que l’original. Alors quand, avant la sortie de Far Cry 3 le 29 novembre dernier, l’éditeur donne l’eau à la bouche aux joueurs durant de nombreux mois à grand renfort de teasing et de vidéos, on est en droit de rester méfiant. Force est de constater que cette méfiance était injustifiée. Ubisoft a retenu la leçon et propose avec Far Cry 3 le jeu qu’il avait promis. Un FPS tout simplement exceptionnel.

Et des superlatifs, il va y en avoir dans ce test. Proposant un monde ouvert comme Far Cry 2, mais dans la même ambiance d’île paradisiaque que le premier, Ubisoft réalise le mélange idéal. Dans la peau de Jason Brody, touriste de son état, le joueur va assister au kidnapping de tous ses amis. Il va donc logiquement se faire un devoir de les libérer des mercenaires qui peuplent cet archipel (puisque l’aire de jeu en solo est composée de deux grandes îles) pas si paradisiaque que cela. Et, en passant, il va en profiter pour se venger et libérer le peuple local de ces mercenaires. Un scénario qui ne semble pas casser des briques comme ça, et qui pourtant, comporte son lot de rebondissements, de passages épiques et d’émotions. Cette première réussite est due notamment à la présence de quelques personnages hauts en couleur comme Vaas, sa soeur ou encore le docteur Earnhardt.

Libre au joueur donc de suivre la quête principale scénarisée en ligne droite, ou bien, et c’est préférable, de s’attarder sur les nombreuses quêtes et activités secondaires disponibles sur l’archipel. Les deux îles sont en effet couvertes de tours radios et d’avant-postes de mercenaires. Grimper au sommet des tours permet de supprimer le dispositif de brouillage installé, afin de dévoiler les environs sur sa carte à la manière d’Assassin’s Creed. Ainsi, les routes et animaux sauvages des environs sont indiqués, ainsi que certaines missions secondaires. Pour afficher sur la carte les nombreux objets à collectionner présents sur les îles (lettres, reliques, coffres…), il vous faudra acheter des cartes supplémentaires en magasin. Une fois tous retrouvés, certains de ces objets donnent accès à des bonus comme des armes spéciales. De plus, de nombreuses plantes se trouveront sur vos trajets, permettant de fabriquer différentes seringues pour vous aider au combat, à la chasse ou durant votre exploration.

Héron, requin, araignée … et AK-47

Les avant-postes de mercenaires ont vocation à être capturés par le joueur afin de réduire leur emprise sur la région où ils se trouvent et ainsi facilité les déplacements et éviter les patrouilles. De plus, une fois capturé le campement devient allié et il est alors possible de s’y téléporter pour traverser plus rapidement l’île. Des activités (poker, lancé de couteaux, concours de tir…) font alors leur apparition, ainsi qu’un magasin et des missions secondaires. La capture de ces camps est un plaisir à part entière du jeu. En effet, la topographie des lieux et les ennemis qui s’y trouvent sont toujours différents (même si le fait qu’ils soient tous habillés en rouge ou en jaune aide un peu trop…) et le challenge de les éliminer discrètement (à coup d’armes à silencieux et de machette) sans déclencher l’alarme est très motivant et grisant, surtout au niveau de difficulté maximum qui offre un réel challenge. Sans parler des passages où il est possible de libérer un animal en cage pour le laisser tailler ses ennemis en pièces. Mais il est aussi envisageable d’y aller sans mettre de gants, fusil à pompe en avant. C’est là toute la réussite de ce Far Cry 3, cette liberté d’action et ces nombreux moyens mis à sa disposition pour arriver à ses fins comme on l’entend !

Vous l’aurez compris, capturer les camps, débloquer les tours ou réussir les missions secondaires n’a rien de facultatif, surtout au début du jeu puisque toutes ces activités rapportent argent et expérience. Les quêtes secondaires de chasses sont aussi une excellente occasion pour le joueur de dépecer les animaux tués afin de fabriquer des sacs, conteneurs, portefeuilles et holsters plus grands pour transporter plus d’objets, de munitions, d’argent et d’armes. Malgré tout, les quêtes secondaires sont assez peu variées et passée la moitié de l’aventure elles ne servent plus à grand-chose tant le besoin en argent, peaux et expérience n’est plus vraiment là. En effet, non seulement les armes (nombreuses, variées et personnalisables soit dit en passant) deviennent rapidement gratuites à mesure que le joueur libère les tours radios, mais on a aussi assez rapidement débloqué tous les points majeurs des trois arbres de talents (combat à distance, infiltration et résistance) permettant de devenir « un vrai guerrier ». Restent les défis Rakiat, sortes d’épreuves chronométrées à points qui retiennent votre score pour le comparer à celui de vos amis. Ces défis ne sont pas transcendants, mais ajoutent encore un peu à une durée de vie réellement solide. Il vous faudra en effet entre 20 et 30 heures pour terminer la campagne principale, selon votre rythme et les quêtes secondaires réalisées ou non.

Des vacances et sensations à pas cher

Côté réalisation, les précédents Far Cry nous y avaient habitués, ça claque. Grâce au moteur Dunia 2, l’archipel est magnifique et agréable à parcourir à pied comme en véhicule, en extérieur comme en intérieur. Son level design est varié et réussi, tandis que faune et flore y fourmillent agréablement de manière dynamique (cycle jour/nuit, rencontres entre humains et animaux… etc.). Les passages sous drogue sont particulièrement grandioses, les développeurs se sont fait plaisir ! Les véhicules sont nombreux et agréables à piloter, du 4×4 au deltaplane, en passant par le quad ou le jet ski, il y en a pour tous les goûts ! Malgré la taille impressionnante de l’aire de jeu et la possibilité d’aller absolument partout, les chargements (sur PC) sont peu nombreux et l’exploration n’est presque jamais interrompue. Sur PC les options sont d’ailleurs très nombreuses afin de trouver l’équilibre idéal entre performances et qualité. À noter notamment la possibilité agréable de régler le FOV et le fait que le jeu, bien que gourmand et garni abondamment de végétation et d’éléments à l’écran, reste très fluide et ne comporte que très peu de bugs. Une performance ! Les sensations des armes sont bonnes et on regrettera seulement l’absence de la possibilité de se coucher ou de se pencher sur les côtés pour viser. Absence compensée en grande partie par un système de couverture satisfaisant.

La gestion du feu en temps réel qui était l’un des arguments majeurs de Far Cry 2 est toujours bien là, la distance de vue est impressionnante et l’IA ainsi que les animations des personnages sont plus que correctes. L’aspect sonore est lui aussi réussi, avec une VF de qualité, ainsi qu’une bande-son et des bruitages agréables. Seuls deux points viennent empêcher Far Cry 3 d’obtenir un 10/10 en réalisation. Tout d’abord, certaines textures (notamment la roche aspect plastique) font un peu tâche par moment et, surtout, l’interface n’est pas irréprochable. Si le HUD n’est pas complètement mauvais, celui-ci est bien souvent trop intrusif et gêne par moment l’immersion. Une taille inférieure, un peu de transparence ou moins d’apparitions auraient été agréables (notez que des mods amateurs existent sur PC pour personnaliser cet aspect). Le menu de craft est quant à lui spécialement peu pratique, c’est dommage. Pour terminer avec l’aspect technique sur PC, parlons rapidement d’Uplay. Ubisoft a heureusement abandonné ses DRM contraignants, mais impose néanmoins sa propre plateforme pour pouvoir jouer. Bien que cette dernière soit toujours moins agréable et pratique à utiliser que le ténor du secteur Steam, force est de constater que le développeur a fait des efforts pour rendre Uplay moins pénible à l’utilisation. Des succès récompensés par du contenu exclusif sont même de la partie pour faire passer la pilule d’avoir un énième logiciel à lancer pour pouvoir jouer.

Quand y’en a plus, y’en a encore !

Pour prolonger la durée de vie déjà très respectable de son titre, Ubisoft nous propose une partie coopération et une partie multijoueur. Ces deux modes partagent un système de classes, de progression grâce à de l’expérience et de déblocage d’armes et de compétences. Ces compétences permettent notamment de déclencher des attaques spéciales à la manière des killstreak de Call of Duty, ou de crier pour booster ses coéquipiers proches. La coopération se déroule sur une troisième île où jusqu’à 4 joueurs pourront combattre côte à côté au travers de 6 chapitres inédits afin de se venger de leur capitaine les ayant vendu aux mercenaires. Rappelant fortement Left 4 Dead sans les zombies, cette partie du jeu est assez sympathique et travaillée, bien qu’assez courte et plutôt bourrin.

Concernant le multijoueur, au-delà des classiques Match à Mort et Domination, les nouveaux modes de jeu Brasier et Transmission sont à l’image du multijoueur en lui-même : bien, mais sans plus. En effet, les maps sont un peu plus resserrées et fouillis que dans Far Cry 2 et ressemblent un peu trop à des maps de Call of Duty pour permettre beaucoup de folies. Cela dit, avec 18 joueurs maximum cet aspect du jeu reste sympathique et assez nerveux, d’autant que des défis journaliers et hebdomadaires sont là pour motiver à participer. À noter cependant lors de la rédaction de ces lignes la présence de quelques bugs un peu pénibles en multijoueur. En effet, les lags ne sont pas rares (puisqu’en absence de serveurs dédiés, la qualité de la connexion à la partie dépend de l’hôte) et il arrive à certains joueurs (comme votre serviteur…) qu’une partie de sa progression, comme le niveau de certaines armes, soit remise à zéro une fois le jeu quitté…

T’ai-je déjà donné la définition de la « folie » ?

Aux côtés de Borderlands 2 ou encore de Dishonored, Far Cry 3 figure aisément parmi les meilleurs FPS de cette année 2012. Une solide durée de vie, un monde ouvert réussi, une réalisation et un gameplay quasi irréprochables, voici les ingrédients d’un grand jeu. Bien que la partie coopération soit un peu courte, sa présence seule mérite d’être saluée. De même pour le multijoueur qui ne réinvente pas grand-chose, mais qui fait le job et allongera encore un peu plus votre expérience sur l’archipel. Avec une version PC réellement soignée et un jeu fourmillant d’autant de possibilités, Ubisoft prend clairement la bonne voie pour la licence, ce qui augure du très bon pour la suite. En cette fin d’année où la température baisse, il serait fort judicieux d’aller faire un tour sur l’île de Rook, là où chaleur et mercenaires vous attendent de pied ferme pour de nombreuses heures.