Far Cry 4
6.6
Far Cry 4

Jeu de Ubisoft Montréal, Cliff Martinez et Ubisoft (2014PlayStation 4)

Après un troisième volet des plus condamnables, si ce n’est pas pour dire misérable. Far Cry 4 ne me touchait ni l’une ni l’autre, j’étais parti pour le détester de tout mon être (comme souvent avec les productions Made in Ubi) quand soudainement, une vague de plaisir est venue me caresser la joue, un sentiment jouissif qui a parcouru mon échine pendant une vingtaine d’heures. Un twist sentimental sorti de nulle part que seuls les mystères de l’Amour peut expliquer ou peut-être que j’étais tout simplement bourré.

Changement de paysage, bienvenue à Kyrat, contrée fictive proche du Tibet et des chaînes de l’Himalaya. Vous incarnez Ajay Ghale revenu des États Unis Fuck Yeah afin d’accomplir la dernière volonté de sa mère, déposer ses cendres à son lieu de naissance. Tâche pas bien compliquée pour un roublard comme Ajay. Sauf que, dans son bus en destination du temple pour effectuer son devoir familial, il se retrouve à un check-point géré par l’armée locale qui dégénère en bain de sang. A deux doigts de vous faire abattre tel la dernière des misérables contée par un Victor Hugo des plus pessimiste, un hélicoptère sauvage apparaît.

Un évènement qui va servir à introduire le “méchant aléatoire de l’année 2014″ aka Pagan Min, qui sortez le champagne Mesdames et Messieurs, est doublé par Troy Baker, le doubleur le plus bankable depuis Nolan North (Nathan Drake). Je ne dis pas que c’est un mauvais doubleur, mais il est tellement omniprésent et qu’à chaque fois que j’entends son grain de voix depuis sa performance dans The Last of us, ça me fait sortir à chaque fois du jeu et je lance automatiquement l’OST de la production post apo de Naughty Dog.

Pagan Min qui après être descendu de son hélico avec classe et sobriété tout en égorgeant un de ses sbires, invite notre héros dans sa demeure, car il a apprécié sa performance en tant que Jean Valjean mangeant de la poussière avec un gun pointé sur la tête ou tout simplement il a eu une aventure torride avec sa mère et voudrait partager des souvenirs intimes. L’Ex Boyfriend de sa mère l’invite donc à souper avec un détenu révolutionnaire, Pagan Min promet d’amener les cendres avec Ajay au temple si il attend juste cinq minutes le temps qui vaque à ses occupations de dictateur.

JUSTE CINQ MINUTES QUOI !

Et que fait notre héros américain qui joue Jean Valjean mieux que Hugh Jackman ? Bien, il décide de sortir de table (ce qui en terme de leçon de table, est très mal vu), fouiller dans la villa comme un malendru et découvre la cave avec un révolutionnaire qui en prend pour son grade. Horreur et Stupéfaction ? Qu’est-ce qu’on s’en branle ? Dans cinq minutes tout sera fini. Sauf qu’un groupe de révolutionnaire s’infiltre dans la baraque et “sauve” Ajay de son destin et s’enfuient du palais en roulant à toute zingue dans la cambrousse afin de se transformer en un putain de Predator révolutionnaire, point. Je tire mon chapeau au scénariste de chez Ubisoft pour avoir pondu une intrigue où le jeu entier aurait été résolu ci le héros écoutait ce qu’on lui disait. Je trouve ça magique, audacieux, intelligent et complètement con à la fois.

Des situations connes, vous allez en vivre dans cette contrée, l’écosystème de Kyrat vous permets de réaliser vos fantasmes les plus fous, enfin du moins hors contexte sexuel. Entre escalader les montagnes en grappin (dans la limite des stocks posée par les développeurs), du wingsuit pour planer dans les airs, de la chasse de sanglier au lance-flammes, de la chasse au poisson à la grenade et même la possibilité de monter un éléphant et d’aller arroser ses ennemis au lance-grenades, comme ça, juste par plaisir, enfin pour le karma aussi, mais surtout le plaisir. Ces chasses que PETA condamnerait avec sa fermeté légendaire (autant dire du lvl 0 de la société), vous permettent de récupérer des peaux d’animaux fraîchement chassés pour faire évoluer l’équipement rudimentaire (améliorer son stock d’armes et de munitions par exemple).

L’“évolution” c’est tout le propos métaphorique du jeu justement. L’intérêt de Far Cry depuis le troisième volet est de vivre cette évolution d’un être lambda en John Rambo qui connaît chaque brindille d’herbe du terrain de chasse. Même si cette progression s’illustre de façon sommaire via des arbres de compétences et upgrade d’armes, avouez que quant au début du jeu vous vous faîtes poutrer sévèrement la gueule (surtout en hard mode, trois balles dans le bide et en avant guimgamp) pouvoir ensuite mettre la misère à ceux qui vous ont fait du tort, c’est plutôt jouissif.

Mais avant de pouvoir maîtriser la jungle, il faut devenir la jungle comme disait un certain philosophe en 1982. Force est de constater que c’est un périple des plus périlleux, malgré sa beauté divine (la Direction artsitqiue est vraiment classe), la jungle est une salope, une vraie salope. Je ne vous fais pas le topo exact de ce qui m’est arrivé en une vingtaine d’heures de jeu, mais j’ai galéré plus d’une fois pour aller à un point A à B. J’ai dû me faire tuer par à peu près tout ce qui vit dans cette contrée : ours, tigre, chien, aigle, poisson, ta mère, serpent, des soldats qui me captent à 5km et même des civils en voiture qui m’ont écrasé plus d’une fois. Bref, la jungle est intraitable au début, puis on l’apprécie au fur et à mesure et finalement on s’y accroche.

On s’y accroche par des artifices qui confortent à l’idée que Ubisoft souhaite transformer la licence FC en Fallout/Skyrim/Predator. La map regorge d’activités et de lieux à découvrir, excepté qu’il manque un truc pour que le jeu atteigne le standing d’un jeu Bethesda, ça manque de vie, de liant, de diversité comme dans Fallout New Vegas qui a chaque endroit découvert proposait de l’exploration approfondie avec son lot de surprise, ici que nada. Autant l’ambiance du jeu est excellente, on a en plus plein de petits détails qui impressionnent comme la gestion du feu qui peut se propager dans la jungle, les rebelles qui se foutent régulièrement sur la tronche de l’armée (même s’il faut avouer que l’IA est aux choux) etc. L’ambiance et l’immersion est bonne mais c’est juste la surface, le fond manque de profondeur, on a beau avoir plein d’activités, je trouve qu’elle n’apporte pas grand-chose au jeu à part faire la chasse au succès même si ça peut être amusant d’une certaine manière (forteresse, tour de contrôle, avant-poste à conquérir).

J’avais détesté le troisième volet à cause en parti du scénario qui se prenait grave au sérieux alors que visiblement ceux qui étaient à l’écriture ne savaient pas créer de la profondeur. J’avais l’impression de jouer au Cht’is à ibiza x Shutter island avec les mécaniques d’Assassin’s Creed, et pour ceux qui se posent la question, non ça n’a rien de plaisant. Par contre, on peut reconnaître la réussite de l’antagoniste principal, Vass, qui est le personnage vidéoludique se rapprochant le mieux d’un réel sociopathe. D’ailleurs, l’antagoniste du quatrième volet fait un peu office de redite et je pense sincèrement que la méthode de créer un méchant fou furieux va s’épuiser à force comme les passages dans le monde réel dans Assassin’s Creed, une sorte de convention stéréotypée. Sauf si, je ne sais pas, si seulement un des créatifs de chez Ubi décide finalement pour le prochain volet de laisser le contrôle d’un dictateur aux tendances houleuses plutôt qu’un énième rambo random au joueur, là ça deviendrait énorme et plus pertinent.

Et là je tire mon chapeau au département Marketing d’Ubisoft, au grand dam pourquoi ? Pourquoi ne pas avoir poussé la communication sur ce jeu plutôt que le naufrage AC Unity, le navet Watch Dogs et le probable crash The Crew ? Ok, FC4 n’est pas un jeu parfait concernant notamment le multijoueur compétitif à la rue et le co-op déséquilibré, mais le reste en vaut clairement la chandelle. Sorti seulement deux années après le dernier volet, le plus grand reproche qu’on peut lui faire c’est qu’il ne révolutionne pas réellement la licence, ci bien qu’on se retrouve avec les mêmes animations que FC3. La ressemblance arrive à un point que finalement FC4 est bel et bien un addon qui a tourné en stand alone pour convenir à Ubisoft côté cravate et planning prévisionnel. Mais est-ce un simple 3,5 ? Chacun voit midi à sa porte, pour moi ce quatrième volet gomme les défauts de son aîné et mon dieu, il y en avait du boulot.
Koreana
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le 26 déc. 2014

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Luc Le Gonidec

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