Dans la théorie, c'est un épisode clef qui a marqué la saga de par ces différentes classes de personnages. Alors d'un point de vue historique c'est intéressant... Mais est-ce plus qu'un objet historique?
J'ai bien peur que oui...
Il y a des jeux dont on se replonge dedans avec un mélange de curiosité et de nostalgie, persuadé qu’ils réveilleront les mêmes émotions qu’à l’époque. C’est exactement l’effet que j’espérais retrouver avec cette version pixel remaster de Final Fantasy III. J’avais gardé un très bon souvenir de la version DS, avec ses personnages nommés, ses petites cutscenes, cette impression d’un monde immense qui se révélait peu à peu. Je m'étais gardé ce troisième opus en dernier, étant persuader que j'allais l'apprécier!
Là, je me retrouve avec un jeu bien plus sec, bien plus froid, un squelette de système, magnifique par endroits, mais creux ailleurs.
Pourtant, sur le papier, il a tout pour plaire!
Le système de jobs est toujours aussi riche, cette liberté de jongler entre classes donne lieu à des expérimentations satisfaisantes, et le plaisir de débloquer une nouvelle classe reste intact. On se prend vite au jeu de composer sa petite équipe idéale, d’ajuster les synergies entre un invocateur, un chevalier et un moine. Par contre... l’équipement suit à peine.
Beaucoup trop de jobs restent sous-exploités, et l’interface elle-même ne nous aide pas à y voir clair. Sans guide, tu passes ton temps à tester à l’aveugle, pour au final revenir aux classiques, DPS, heal, un peu de magie, et on boucle.
Heureusement, cette version Pixel Remaster intègre quelques ajouts qui sauvent un peu l’expérience. Les options de confort (sauvegarde auto, mini-carte, ajustement de l’XP) allègent grandement le poids d’un jeu qui, soyons honnête, est l’un des Final Fantasy les plus durs. Sans elles, je ne suis pas certain que j’aurais eu le courage d’aller jusqu’au bout.
Mention spéciale à la bande-son, les musiques retravaillées, franchement, elles déchirent. Certaines pistes m’ont redonné l’élan de continuer juste pour les réentendre. C’est beau, c’est fidèle, c’est plus limpide que l’original, avec un pixel art lisible et un vrai souci du détail visuel.
Mais ça ne suffit pas. Ce qui m’a pesé, dès les premiers instants, c’est cette narration absente. On nous balance quatre héros sans nom, sans histoire, propulsés par le destin parce que c’est écrit comme ça. L’Empereur ? Le mal ancestral ? Rien n’est incarné.
Rien ne donne envie d’y croire ou de les craindre. C’est d’autant plus frustrant que le jeu, en termes de structure, cache des idées brillantes, comme ce moment où tu découvres que le monde est deux fois plus vaste que ce que tu croyais. Il y avait matière à créer du souffle, un vrai appel de l’aventure. Mais tout ça retombe comme un soufflé, noyé dans des donjons, froid, en ligne droite et sans fin.
Sans oublier ces fameuses mécaniques "originales" censées apporter de la variété, se transformer en grenouille ou en mini-lutin pour passer des zones spécifiques. Sur le papier, ok. Dans les faits ? La progression est assez rugueuse! Une contrainte gratuite qui t’oblige à te taper un combat à l’aveugle avec des stats ridicules. Aucun plaisir là-dedans, juste une perte de temps maquillée en idée de gameplay.
Puis, à côté de ça, on sent les absents. Pas de contenu bonus, pas de donjons annexes comme dans la version DS, aucun ajout pour prolonger un peu l’expérience. Un jeu qui modernise l’interface mais oublie ce qui rendait le remake 3D si attachant. Des héros à qui tu pouvais prêter une émotion, un regard, un nom. Ici, c’est juste un enchaînement de combats et de mécaniques brutes.
Heureusement plus proche du premier opus que du deuxième, pour le bon, mais surtout pour le pire!
J’ai traîné la patte.
C’est rare que je dise ça pour un Final Fantasy.
Il y avait de quoi rêver, de quoi redécouvrir ce troisième opus sous un autre jour. Mais à force d’enlever tout ce qui pouvait l’ancrer dans un rythme moderne, à force de lisser sans enrichir, on se retrouve avec un jeu rigide, parfois hostile, souvent impersonnel. Oui, c’est un morceau d’histoire vidéoludique. Oui, il est important pour comprendre l’évolution du système de job dans la saga.
Mais c’est aussi un titre qui montre ses limites, et qui aurait mérité un vrai supplément d’âme plutôt qu’un joli vernis.