C’est le dernier que je n’avais pas fait.
Le seul de la saga principale qui me restait en suspens, malgré plusieurs tentatives sur émulateur, jamais vraiment concluantes. Je comprends mieux pourquoi aujourd’hui, car FF V est un jeu qui met du temps à démarrer. Trop de temps.
Pendant les cinq premières heures, j’ai eu l’impression d’être face à une coquille vide. Rien de particulièrement mauvais, mais rien non plus qui donne envie de s’accrocher...
Les personnages sont plats, l’univers est sans aspérité, et les mécaniques pourtant centrales au titre mettent une éternité à se révéler.
C’est bien là tout le paradoxe de cet épisode, car il cache un système d’une richesse folle, sans jamais vraiment savoir comment le mettre en valeur. Parce que oui, il faut le reconnaître, une fois passé ce cap initial, FF V devient une petite pépite de gameplay. Le système de jobs, c’est probablement l’un des plus généreux et des plus attrayants que la saga ait jamais proposé! 22 classes, des compétences à mixer, des combinaisons improbables à essayer. Il y a une liberté tactique rare, et pour peu qu’on aime expérimenter, on peut se perdre pendant des heures dans l’optimisation et la découverte.
Mais encore une fois, il faut se battre contre le jeu pour y accéder. Tout est planqué, tout est abstrait. On vous balance les classes sans explication claire sur les compétences débloquées, sur les synergies viables, sur les chemins possibles. La version Pixel Remastered aurait pu corriger ça avec un petit glossaire, une aide intégrée, un équilibrage... rien. On reste dans la logique de l’époque... Découvre tout seul, ou va chercher un wiki.
Une posture qui peut très vite fatiguer les fans et les nouveaux venus...
En effet, si tu perds quelques heures de grinding pour montrer un classe à fond et te rendre compte que tu ne débloques que des passifs nazes... C'est quand même un peu rageant.
Alors j’ai joué, j’ai commencé à m’amuser, et puis les pics de difficulté ont commencé à tomber. Violents, parfois injustes. Le jeu ne prévient pas, ne pardonne pas. Il force à grinder ou à changer complètement de stratégie sans prévenir. Parfois, c’est stimulant. Mais souvent, c’est juste usant. D’autant plus quand tu sens que certaines classes n’ont aucun avenir, servent juste de remplissage ou de piège à joueur peu méfiant. Au bout d’un moment, même moi, qui adore optimiser, j’ai senti que je lâchais.
J’ai laissé tomber juste avant la fin, non par dégoût, mais par désintérêt.
Comme si le jeu, malgré ses bonnes idées, ne réussissait jamais à m’accrocher pleinement.
C’est dommage, vraiment dommage.
Parce que ce FF V, c’est probablement l’un des plus importants de la série en termes d’héritage ludique. C’est le prototype de tout ce que la saga va ensuite affiner dans ses épisodes futurs, de Tactics à XII. C’est un bac à sable stratégique qui aurait pu être monumental, s’il avait été servi par une narration un tant soit peu engageante, un univers un minimum consistant, ou juste un rythme plus maîtrisé.
La version Pixel Remaster fait le boulot visuellement, les sprites sont beaux, les musiques réorchestrées sont sublimes, et l’ajout d’autosave et d’options de confort est bienvenu, mais elle ne répare pas les fondations branlantes du jeu d’origine. L’histoire reste fade, les dialogues ne tiennent pas la comparaison avec les épisodes plus mémorables, et l’émotion est aux abonnés absents. Paradoxalement, l’ambiance légère du titre, presque cartoon, m’a fait du bien. On est loin du pathos de FFIV ou de la gravité d’un FFVI. Mais cette légèreté ne compense pas tout.
Finalement, je suis heureux de l’avoir fait. Parce qu’il fallait combler ce vide dans ma culture de la saga. Parce qu’il faut reconnaître ce qu’il a apporté. Mais j’en ressors convaincu que s’il est aussi peu cité dans les classements ou dans les débats entre fans, ce n’est pas un hasard. Final Fantasy V est un jeu qui aurait pu marquer bien plus fort, mais qui reste prisonnier d’un entre-deux étrange, trop riche pour être ignoré, trop mal équilibré pour être adoré.