Final Fantasy VII: Remake
7.5
Final Fantasy VII: Remake

Jeu de Square Enix (2020PlayStation 4)

Avant d'attaquer ma critique, il me semble presque d'usage d'expliquer mon rapport avec le jeu original sorti en 1997. Oui j'y ai joué, oui il a marqué durablement mon adolescence. Je l'ai fait en long, en large et en travers et FFVII reste aujourd'hui dans mon top 3 des meilleurs jeux vidéos auxquels j'ai joué.


J'attendais donc avec beaucoup d'impatience ce remake... lorsqu'il a été annoncé il y a 5 ans maintenant ! À force de l'attendre, je dois avouer que l'intérêt s'était quelque peu dissipé, et c'est tant mieux ! Ce fut néanmoins avec une certaine fébrilité que j'ai lancé le jeu au soir du 10 avril. Et là, le rêve devint réalité. Les personnages venaient de prendre vie comme jamais, ou de reprendre vie plutôt. J'eus l'impression de revoir de vieux copains perdus de vue depuis plus de 20 ans. Et je ne parle pas que de Cloud et de Barrett mais aussi de Midgar, des sublimes musiques de Uematsu et de son histoire. Comme en 97, on commence sur les chapeaux de roue avec l'attaque du réacteur Mako. La prise en main est quasi instinctive, le système de combat promet beaucoup. Il gagne en dynamisme, impressionne par ses effets pyrotechniques. Tout cela est confirmé par le premier boss lors... du combat le plus mémorable du jeu. Je ne le savais pas encore, je vivais là les premières et uniques bonnes heures que le jeu m'a offert.


La découverte du secteur 5, les retrouvailles avec Tifa... oui j'étais complètement dans la nostalgie et tentais d'oublier, de pardonner les premiers errements qui se présentaient à moi. Là une texture de porte pixelisée à outrance, ici un monde finalement pas si ouvert (un secteur 5 se résumant en fait à des couloirs qui se croisent), un doublage de qualité mais se calquant trop sur un mode d'expression très "animé japonais" qui devient bizarre et parfois gênant, où chaque expression ou regard est surligné d'un "Ahh" ou d'un "Humm"... Alors oui je reste concentré. J'apprécie de passer un peu plus de temps avec les acolytes de Barrett (Wedge, Jessie et Biggs) même si je trouve le temps un peu long, je suis agréablement surpris de trouver la fameuse séquence de la moto si tôt dans le jeu, m'attendant du coup à des changements surprenants tout au long de l'aventure, tout en essayant d'excuser la présence de ce nouveau personnage de motard de la Shinra qui sort clairement d'un autre univers. Puis vient le second réacteur, avec sa mécanique de jeu très répétitives qui consiste à affaiblir en amont le prochain boss, ses couloirs interminables... Vient enfin la rencontre avec Aerith, rapidement gâchée par une traversée très laborieuse du secteur 5. Je commence à me rendre compte que le jeu essaie de gagner du temps avec toutes ces corniches que les personnages mettent un temps inouï à franchir, que non, il n'y aura aucun secteur ouvert dans cette ville de Midgar entièrement constituée de couloirs, et que l'émotion s'étiole à mesure que les dialogues sonnent faux


Rapidement la machine s'enraye. Je ne suis plus dedans. Sephiroth lui, par contre, est là, étonnamment ! Alors qu'il aurait dû n'apparaître que vers la fin du récit, annonçant la nouvelle menace plus importante qui attendait nos protagonistes pour la suite. Il constitue au final l'antagoniste principal, amoindrissant la menace que représente la Shinra et toute sa clique.


Il faut aussi se rendre à l'évidence, le scénario dans sa globalité est tout de même assez pauvre. Oui nous suivons la trame principale de l'épisode original mais, depuis, 23 ans ont passé, et le public est tout de même devenu un poil plus exigeant en terme de construction scénaristique. Nous sommes à l'ère des séries, des fictions qui s'étalent sans peine sur des dizaines d'heures et parviennent à nous captiver avec des personnages complexes, des conflits intenses, des rebondissements surprenants. Ici, point de réels conflits internes chez les personnages et encore moins entre eux. Mise à part la méfiance de Barrett envers Cloud au début, tout le monde s'entend à merveille dans le petit monde d'Avalanche. Le jeu s'adresse certes à de nouveaux joueurs mais aussi aux anciens qui ont donc bien grandi depuis et qui auraient peut être aimé que l'on creuse certaines questions comme la nécessité de passer à l'acte terroriste pour faire avancer la société. Il aurait pu être intéressant également d'avoir des personnages aux points de vue différents. Là tout le monde fonce en harmonie dans la même direction.


L'histoire préfère plutôt s'enliser dans des chapitres abominables de remplissage, certains blindés de quêtes annexes sorties d'un autre âge et n'apportant aucun point de vue alternatif sur le récit ou de complément d'information sur le fonctionnement de Midgar. Non, il faut retrouver des chats égarés...
Les couloirs s'enchaînent, les personnages parlent essentiellement pour ne rien dire, certains nouveaux boss sortent de nulle part pour allonger la durée de vie dans les moments les moins opportuns (oui, je parle de celui après le cimetière de wagon, alors que l'on a qu'une hâte, c'est de se diriger vers le pilier du secteur 7!) et la mise en scène... mon dieu la pauvreté de la mise en scène dans les cut scenes. Alors oui c'est parfois virtuose dans certains combats mais en y regardant de plus près (pas tant que ça d'ailleurs) c'est le facepalm assuré toutes les 10 secondes. La palme revient à "l'infiltration" dans la tour de la Shinra durant lesquels les personnages se posent sur le toit d'un camion sans que les gardes ne les voient. Et les types ne se mettent même pas à plat ventre. Non ils sont accroupis sur un camion, visibles par n'importe qui !
Cette grande paresse d'écriture est présente tout au long du récit, prenant clairement le joueur pour un imbécile, sauf si celui-ci prétend suspendre sa crédulité parce qu'on essaie de lui faire croire qu'il joue à un grand jeu. Les critiques ont été unanimes, cela doit être vrai.


Quid du système de combat ? Et bien c'est sans doute ce qui m'a permis de finir le jeu je pense. Il n'est certes pas sans défaut, à commencer par une jauge ATB qui ne se remplit pas quand vous ne contrôlez pas le personnage concerné. S'ajoute à cela le gâchis des invocations, qui ont fait office de figuration sur ma partie. Le problème du lock (apparemment réglable, je l'ai appris trop tard sur youtube) qui change quand vous déplacez la caméra... Mais globalement, je ne m'en suis pas lassé.
Le jeu aura pourtant tout fait pour me faire quitter la partie, bien décidé à amplifier et rassembler tous ses défauts lors de ses derniers chapitres, tentant même de me faire haïr le système de materia avec le chapitre 17 (cas d'école en terme de level design archaïque) qui nous impose des changements d'équipe toutes les deux minutes, avec les passages obligés de plusieurs minutes par le menu.


En conclusion, quand j'ai enfin terminé le jeu, je n'étais même pas en colère. J'ai fait mon deuil au cours des 35h qu'aura duré cette aventure, qu'il m'aura fallu presque 4 mois à terminer. Ce remake aurait pu être sublime. Il est juste médiocre. Il repose sur une idée mauvais à la base que j'aurais dû pourtant voir venir à des kilomètres : faire un jeu entier sur Midgar. Logiquement, il faudrait s'attendre à une petite dizaine de jeux pour en voir le bout, à moins d'accélérer subitement le rythme pour la suite, ne consacrant qu'un chapitre pour chaque ville visitée. Ce qui est certain, c'est que je ne les attendrai plus.


En attendant, je me relance l'original. J'ai rendez-vous avec mon adolescence.

Oudouard
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le 29 août 2020

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