Final Fantasy XIII-2
6.4
Final Fantasy XIII-2

Jeu de Tri-Ace et Square Enix (2011PlayStation 3)

"Final Fantasy XIII-2 est en lui-même un paradoxe dont on présent qu'il sera résolu dans un futur ... pas si éloigné."

Dans Final Fantasy XIII-2, tout est histoire de Ligne du Temps, de paradoxes temporels et, bien entendu, de voyage dans différents espaces temps. Commençons également notre voyage au sein de ce test qui nous permettra, à son terme, de rejoindre, tel Serah recherchant Valhala, la note finale de la suite du polémique Final Fantasy XIII. Prenons notre premier portail temporel.

Notre premier arrêt se situe en Février 2004 !

Après la sortie du premier Final Fantasy sur PlayStation 2 et son grand succès, à la fois critique et commercial, le tout jeune Square Enix, né de la fusion entre deux studios mythiques, Squaresoft (le Papa des Final Fantasy) et Enix, rompt la tradition millénaire des Final Fantasy qui établit que chaque épisode de la saga est complètement dissocié du précédent. C'était le cas depuis la nuit des temps, ce ne le sera plus, et, dans la continuité de Final Fantasy X sort Final Fantasy X-2.

L'accueil est très très mitigé. L'aspect héroic-fantasy assez propre aux Final Fantasy, l'histoire romantique de FFX, laisse la place à une suite emprunte de culture J-Pop, dans lequel Yuna, invocatrice et prêtresse héroïne de FFX, nous revient en chanteuse / danseuse à la recherche de son amour transis ... FFX-2 incorporera également un principe à l'époque très mal accepté : la disparition de la carte du monde dans laquelle nous étions habitué à nous déplacer entre chaque lieu, au profit d'un système de choix des lieux à explorer. Cet élément, également, fit polémique, et contribua à faire de FFX-2 un épisode globalement décrié, marquant la fin de l'âge d'or de Final Fantasy s'étalant de FF6 à FF10 ...

C'est alors que nous trouvons un nouveau portail qui nous conduit en ... Mars 2010 !

Le dernier Final Fantasy sur console de salon a été Final Fantasy XII sur PlayStation 2, qui a conclut en toute beauté la saga sur la deuxième console de Sony, revenant aux bases et grandes traditions de la série et en l'agrémentant d'un gameplay inspiré des MMORPG. La PS3 est maintenant disponible et c'est le jour de sortie de Final Fantasy XIII. C'est une claque graphique et technique. Tout y est beau, magnifique, techniquement avancé. A défaut du succès d'estime, c'est un certain scandale qui accompagne la sortie du titre. "Couloir-Fantasy XIII" sera l'attaque la plus virulente. En effet, Square-Enix nous offre un opus de la série particulièrement narrative et dirigiste, n'offrant finalement aux joueurs peu de choix et d'alternative dans le déroulement de l'aventure. A l'heure où les modernes W-RPG et Open-RPG font jeu égal avec les J-RPG sur la base de mondes ouverts à l'intérieur desquels les joueurs vont jusqu'à créer le moindre détail de leur avatar, la potion passe mal.

A l'époque, je ne partage pas l'avis majoritaire. Du dirigisme ? Oui ! Un manque de décision et d'alternative pour le joueur ? Sans aucun doute ! Mais au final, pas plus que dans beaucoup de productions de l'époque. Vous voulez du jeu libre et de l'open-space, jouez à Oblivion ou GTA ! Dans Final Fantasy XIII, je décèle une grande qualité narrative, une aventure cohérente et passionnante du début à la fin, un titre qui prend certes peu de risques, mais qui est parfaitement calibré dans son déroulement. Et quelle classe de découvrir Cocoon la planète artificielle conçue par les Dieux pour sauver les humains dans une prison dorée et la planète sauvage et originelle Gran Pulse !

Final Fantasy XIII sera d'ailleurs un bon succès commercial pour Square Enix.

Ah tiens, un nouveau portail qui nous mène sur la Ligne du Temps qui sépare Mars 2010 et Février 2012 ...

La polémique de Final Fantasy s'estompe quelque peu mais ne disparaît pas. Fort du succès commercial de FF13, Square Enix se lance un pari : rééditer l'évènement de Février 2004, c'est à dire sortir une suite directe à cet épisode avec un double objectif : s'appuyer sur le succès de FF13 tout en démontrant à la communauté des joueurs qu'on est capable de les écouter en proposant un titre ostensiblement à l'opposé de son aîné dans le dirigisme et la progression de l'aventure.

Un nouveau portail nous ramène dans le temps présent, en Février 2012.

C'est la sortie de Final Fantasy XIII-2. Elle est globalement saluée - sans trop de froufrous - par la critique. Le titre nous ramène sur Gran Pulse, 3 années après la fin de Final Fantasy XIII. Les survivants des évènements de FF13 ont commencé à coloniser Pulse, Cocoon étant maintenant une planète morte dans le ciel maintenue dans les airs par le pilier de cristal de Vanille et Fang ...

Dès le démarrage, le concept même de FFXIII-2 démontre la volonté de Square Enix de rompre avec son prédécesseur. Ainsi, c'est sur la base d'une rupture de la ligne du temps que l'histoire de FFXIII-2 va se dérouler, amenant discontinuité et changement dans le déroulement de l'histoire, ainsi que de nombreux points de croisement dans l'histoire. Rupture également dans les personnages, car vous n'incarnerez dans cet opus que deux protagonistes (dont aucun de FFXIII) : Serah, la soeur de Lightning et fiancée de Snow sortie de son état de cristal à la fin de FFXIII et Noel, un jeune homme bien mystérieux arrivé d'un futur où il est le dernier représentant de l'espèce humaine. Serah sera dès le début de l'aventure perturbée par la disparition de sa soeur dans les limbes de l'histoire (elle semble ne pas avoir survécu aux évènements de Final Fantasy XIII) et, avec Noel, ils se mettront en quête de faire le ménage dans les évènements qui se dérouleront sur Pulse sur 700 ans d'histoire.

De son grand frère, Final Fantasy XIII-2 conserve néanmoins quelques éléments assez forts. Le décors, tout d'abord, avec les lieux cultes de Final Fantasy XIII qu'on se fera un malin plaisir à retrouver. La qualité technique, dans un second temps. Car oui, Final Fantasy était quand même particulièrement beau. FFXIII-2 reprend cette grande qualité esthétique retranscrite en tout premier lieu dans les graphismes et l'animation. Après, il faut reconnaître que cet aspect était saisissant dans FFXIII et qu'il perd du coup en impact avec ce nouvel épisode. Ça reste quand même agréable d'évoluer dans des environnements soignées et jolis à regarder. Ensuite, FFXIII-2 reprend l'une des grandes réussites de son aîné, le système de combat, tout juste ajusté pour cette nouvelle sortie. Un système de jeu particulièrement dynamique, et mettant au premier plan la qualité du joueur à s'adapter aux différents type de situation en choisissant au plus vite parmi différentes stratégies liées aux rôles de ses personnages. On appréciera à ce titre que les transitions entre les différentes stratégies aient été raccourcies, pour ne pas remplir artificiellement le temps de jeu sur les combats. Un élément important évolue néanmoins, la présence dans votre équipe d'un "familier", c'est à dire un représentant des monstres du jeu que vous aurez préalablement capturé durant vos aventures. A chaque type de monstre sera associé un rôle et vous aurez la capacité de faire évoluer vos monstres apprivoisés, sur le même principe que le Cristallium de vos héros principaux, grâce à des catalyseurs récupérés au cours de vos pérégrinations. Au surplus, vous aurez la possibilité de fusionner deux monstres afin de booster les statistiques et les compétences spéciales de l'un d'entre eux, ce qui amène un aspect gestion plutôt sympathique au titre, même si, sauf à chercher à récupérer tous les monstres et à envisager toute les fusions, on y passe finalement pas tant de temps que ça ...

Pour le reste, FFXIII-2 se montre comme un anti-FFXIII sous bien des coutures. Les lieux visités sont remplis de PNJ (Personnages Non Joueurs) qui vaqueront à leurs occupations et discuteront entre eux, vous demandant occasionnellement de remplir pour eux un certain nombre de quêtes annexes à l'utilité hétérogène. Sympathique, mais on a quand même l'impression que ce remplissage, sensé combler de joie les fans qui avaient criés sur le vide des espaces de FFXIII, est quelque peu artificiel ...

L'aventure, elle, est fondamentalement peu linéaire. Le "hub" du jeu sera la Ligne du Temps, à l'intérieur de laquelle vous pourrez voyager entre les époques et les lieux, en empruntant les différents portails temporels qui s'ouvriront grâce à des artefacts que vous récupérerez durant les temps forts de l'aventure ou encore grâce à une exploration approfondie de certains lieux. Ce concept semble assez original et accrocheur, en ce qu'il permet notamment de visiter les mêmes lieux en plusieurs temps et d'apprécier les évolutions, notamment apportées par vos actions dans le passé ... ou dans le futur. Vous effectuerez également quelques voyages dans des mondes alternatifs, c'est à dire transformés par vos actions. Le scénario du jeu, au demeurant, est de qualité, mais il est narré de façon moins efficace que celui de Final Fantasy XIII.

Certains errements dans le rythme du jeu constituent un véritable frein à l'épanouissement de l'histoire. Et ça, j'ai du mal à le comprendre et à l'accepter. Exemple. Vers le milieu du jeu, vous allez être missionné pour récolter des "coeurs de graviton" (ne vous inquiétez pas, je ne vais pas faire de spoil pour ceux qui tenteront l'aventure). Bon ... Pourquoi pas. On nous explique l'utilité de cette quête qui ne semble pas devoir être la plus passionnante de l'histoire du jeu vidéo, mais tant pis. Ces éléments sont disséminés dans plusieurs lieux et époques qui nous sont indiquées. Comme on est un peu habitués des RPG, on s'attend alors, dans les lieux concernés, à trouver une mini-aventure qui nous mène à ces éléments ... Et bien non ... Un PNJ alors (puisqu'il y en a plein) qui nous sortirait une phrase du genre "Salut Mec ! C'est bizarre, il y a un lieu dans la plaine où les animaux n'osent plus aller, je me demande ce qui s'y passe !". Et bien ... non plus ... Après une semaine d'errements, je me suis obligé à regarder sur le Net pour avoir la solution, et en fait elle est simple et dénuée d'intérêt. Ces éléments doivent effectivement être trouvé dans les environnements du jeu, sans autre indications pour les trouver. En plus, ces éléments sont au départ transparent. Et donc cette quête, plutôt longue et inintéressante, se résume à scruter son écran, de préférence HD, pour voir le petit amât de pixels qui est en train de bouger pour trouver ces foutus Coeurs de Graviton ... Super ...

Avant de conclure, je tiens quand même à souligner le grand travail apporté aux thèmes musicaux du titre. Outre ceux empruntés à FFXIII, les compositeurs de FFXIII-2 ont lorgnés vers la J-Pop au détriment de l'ambiance très orchestrale qui accompagne habituellement les RPG. Certains trouveront sans doute ce choix peu judicieux mais j'ai trouvé tout au long de l'aventure que les musiques soulignaient et accompagnaient intelligemment l'action, dans un registre que l'on connaît moins et que j'ai eu grand plaisir à découvrir. C'est vrai, on est pas habitué dans les RPG à avoir des musiques chantées pendant qu'on joue.

Alors que nous nous dirigeons vers le dernier portail, il est temps de faire la synthèse quant aux qualités et défauts de Final Fantasy XIII-2. Ne nous y trompons pas, FFXIII-2 est globalement un bon jeu, un très bon jeu diront certains. Et c'est vrai qu'il présente de grandes qualités : une histoire intéressante, un concept original de voyages dans le temps et dans l'espace, un montée en régime dramatique et mystérieuse, avec ce concept de rupture de la Ligne du Temps, et un environnement soit disant plus riche et moins linéaire que ne pouvait l'être celui de Final Fantasy XIII. Néanmoins, FFXIII-2 subit de plein fouet son statut de "suite". Les éléments forts du gameplay ne sont que des variations de ceux de FFXIII, les environnements sont les mêmes, et l'on est en fait un peu perdu entre la logique de continuité avec l'épisode précédent et de rupture avec tous les "défauts" énumérés par les communautés des fans et des trolls. Certaines carences dans le rythme de jeu et sa fin, perturbante (on va éviter le spoil là aussi), le cristallise dans un rôle de jeu intermédiaire, de transition, de recherche. En cela, je trouve que Final Fantasy XIII-2 est dans l'absolu moins réussi que son aîné : moins novateur techniquement, à la liberté artificiellement gonflée à l'instar de cette fausse liberté dont les Fal'Cie avaient doté les humains de Cocoon, mais surtout beaucoup moins bien calibré dans son déroulement que son prédécesseur.

Au final (Fantasy), FFXIII-2 est en quelque sorte l'un de ces portails que l'on rencontre durant notre aventure, un pont vers autre chose que l'on découvrira forcément à un moment ou à un autre. Et il est également la contradiction entre ce que l'on aime et ce que l'on déteste de Final Fantasy XIII.

Et en cela, Final Fantasy XIII-2 est en lui-même un paradoxe dont on présent qu'il sera résolu dans un futur ... pas si éloigné.

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le 17 mars 2013

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Red13

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