Final Fantasy XV
6.5
Final Fantasy XV

Jeu de Square Enix et Hexa Drive (2016PlayStation 4)

Dix ans ne m'ont pas fait espérer, ils m'ont fait peur. Quand un FF prend dix ans à sortir, notamment après une trilogie FF XIII loin d'être parfaite, je m'attendais à rien et peut-être à tout en même temps. Je ne regardais pas trop les trailers, à peine les images. Je sentais que ce FF allait être une sorte de symbole du RPG nippon grand public. Je me suis maté Kingsglaive et Brotherhood deux jours avant la sortie, histoire de m'imprégner de l'univers, visionnage quasiment obligatoire pour ceux qui en doutent, même si la qualité de ces mises en bouche est très discutable. Mais FF XV me parlait, de loin. J'avais apprécié FF XII, pas vraiment aimé FF XIII, revoir un FF de salon potable me semblait inespéré, surtout en 2016 après tant d'années de développement.


Après 50 heures de jeu, j'ai terminé le road-trip. J'ai lu un peu ce qu'on en pense, le jeu divise, de ceux qui ont passé tout juste 20h et qui critiquent la faible durée de vie à ceux qui ont tout trouvé parfait. Pas de demi-mesures avec un jeu aussi immense. Et forcément, FF XV est très critiquable, que ce soit son déroulement coupé en deux, d'un open world classique à une dizaine d'heures finales inégales, que ce soit les bugs techniques, l'aliasing, les plot-holes, les personnages secondaires sous-exploités, les personnages féminins pas vraiment intéressants (quid de Terra, Faris, Tifa, Linoa, Quistis, Grenat, Beate, Yuna, Y'shtola, Minfilia ?), que ce soit ces ignobles placements de produits, ces temps de chargements, ces magies sous-exploitées, en fait, je m'en fous. Ce ne sont bien sûr pas des détails. On pourrait dire que d'autres bons jeux se terminent en moins de temps, que les open-world sont souvent buggés (Assassin's Creed pour ne citer que cette série) ou encore que ces mêmes open-world ont un peu tous les mêmes défauts avec leurs quêtes Fedex. On connaît tout ça, on a déjà vu des centaines de jeux avec ces défauts. Witcher 3 a beau être l'un des meilleurs jeux de ces dernières années, il possède aussi l'une des interfaces les plus lourdes de tous les temps, mais il se repose sur un univers très solide, bien aidé par les 2000 pages et quelques des romans.


Mais le point qui divise le plus se situe au niveau du scénario. Le déroulement de l'histoire se fait selon un pari, le pari de ne voir l'histoire qu'à travers les yeux de Noctis. Le point de vue n'est pas omniscient, des choses arrivent à ses trois compagnons, aux antagonistes, aux personnages secondaires et on ne voit rien. Alors, je ne sais pas vraiment où Squarenix a voulu en venir, on peut penser à de la flemme, on aura certainement un flot de DLC pour corriger le tir. Ce rush de fin de jeu est un peu étrange, il manque des trucs. Mais si les gens ont peur de la durée de vie, qu'ils se rassurent, le post-game est assez conséquent, entre les chasses et les donjons annexes. Je retiens un donjon assez hallucinant, principalement composé de jumping puzzles, je doute que les gens ayant rushé le jeu en aient vu la couleur.


Si l'aventure se concentre exclusivement sur le personnage que l'on incarne, c'est aussi car les relations qu'il entretient avec Prompto, Gladio et Ignis constituent le ciment de ce quinzième épisode. Pour une fois, le héros d'un FF n'est pas dépressif, il raconte des blagues avec ses potes, fait des check après un beau combo, se marre, pleure, désespère et se bat, un être humain à peu près normal en somme. Ne pas explorer le joli monde proposé par FF XV est un crime. Même si nous ne sommes pas guidés vers l'exploration, il faut savoir bouger son cul des rails de la Regalia pour explorer à dos de chocobo les Blue Fields entourant Insomnia, c'est d'ailleurs plutôt plaisant grâce à une bonne profondeur de champ et une direction artistique maîtrisée. On aurait aimé voir un peu plus de monde entre ces murs invisibles quelque peu frustrants. Explorer le monde, c'est aussi explorer les relations du quatuor, toutes ces petites remarques sont entendues en fonction de ce qui se passe autour de Noctis. Même si certaines se répètent, elles apportent un flow très rarement vu dans le jeu vidéo. On peut citer à titre d'exemple l'excellent Dragon's Dogma pour n'en voir que des bribes. C'est ce qui distingue les open-world, ce sont les personnages, les musiques, les combats, et autant dire qu'à ce niveau, FF XV fait un sans-faute. Shimomura s'éclate et dynamise des combats basés sur l'esquive et la contre-attaque, le tout dans un déluge de lumière et de son. Il faut voir certains monstres de la taille d'un immeuble ou les invocations vraiment vénères. Ces éléments distinguent FF XV d'un autre RPG, l'équipe est cool, évolue dans un monde soigné, frappe quand il faut où il faut. Si on écarte les temps de chargement un peu longuets, c'est du tout bon. On a beau critiquer assez vivement FF XV, on ne lâche pas la manette pour autant, il doit bien y avoir une raison.


Final Fantasy n'a jamais aussi bien porté son nom. Hormis quelques éclairs, le jeu vidéo japonais a du mal à nous faire rêver ces dernières années, l'âge d'or des années 2000 est bien terminé. Il y a un peu d'amour dans FF XV, un amour bancal dans un jeu abîmé par des années de développement. Et cet amour, c'est aussi cette amitié entre Noctis, Prompto, Gladio et Ignis qui explose dans certaines moments magnifiques. L'amitié est au centre de nombreux moments cultes dans la série, Djidane le gai-luron qui se croit abandonné par ses potes, la bande de FF VIII qui partage plus de points communs que prévu, les compagnons de Yuna qui incarne un idéal à suivre. Dans FF XV, ce sont les quatre qui poussent la voiture sur Stand By Me, c'est simple et beau, très beau même, si bien que même l'objectif de Noctis est mis de côté dans la première partie du jeu au profit de quêtes un peu bêtes. Je ne sais pas, c'est la première fois que je veux juste m'éclater avec mon équipe, à rétablir une livraison de flageolets, à tuer deux ou trois monstres, à se poser le temps d'un camping. Je veux juste continuer à me balader en écoutant de vieux OST. Le road-trip fonctionne totalement. Ne pas y adhérer, c'est passer à côté du jeu, de ce développement de l'histoire très osé, presque immature. FF XV est un jeu boiteux, on a un envie de le tenir par l'épaule pour le faire avancer, de sentir qu'il a mal mais que ce sera toujours mieux d'essayer d'avancer.


Le jeu vidéo japonais est un peu triste, on découvre une Switch gadget, un Zelda de plus, un Mario Kart de plus, un développement du e-sport d'un autre âge, des jeux ecchi à foison, on cherche à nous faire jouer, à nous faire aimer. On achète, on consomme et on attend Persona comme le messie. FF XV, c'est un peu tout ça, on nous fait rouler en Merco en mettant des musiques d'antan, on suit ce Noctis, fragile et paumé, qui tient debout grâce à ses potes, on évolue selon un rythme bâtard, presque dichotomique. Mais j'y crois, il y a un peu d'espoir dans FF XV, une volonté de bien faire, un collier de nouilles moche comme premier cadeau de notre enfant priant pour que ça nous plaise. Mais on le garde ce collier de nouilles moche, car dans un sens on a rêvé avec FF, avec les émotions que les prédécesseurs nous ont offert. Finalement, FF XV, c'est ce regard qu'on porte sur le collier de nouilles moche plusieurs années après, teinté de nostalgie, un peu comme les photos de Prompto qui maîtrise mieux le pistolet que le Reflex. Heureusement que FF XV n'est pas parfait, c'est sûrement sa plus grande qualité.

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le 1 déc. 2016

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Pseek

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