Final Fantasy XV
6.5
Final Fantasy XV

Jeu de Square Enix et Hexa Drive (2016PlayStation 4)

10 ans. 10 ans entre l'annonce de Final Fantasy Versus XIII et la sortie de Final Fantasy XV. Quel rapport, me direz-vous ? Il s'agit tout simplement du même jeu qui, durant ces 10 années, aura connu une production et un développement bien chaotiques. À l'origine prévu sur PS3 sous le titre Final Fantasy Versus XIII et appartenant à l'univers Fabula Nova Crystalis (qui devait donc réunir FF XIII, FF Versus XIII, et FF Agito XIII, lui-même devenu FF Type-0), il aura connu, en vrac : des reports, un changement de support, un changement de nom (et donc de statut, passant d'un épisode complémentaire spin off à un épisode principal), et même un changement d'équipe.
Ce dernier aura sans doute été le plus chaotique, l'équipe repartant quasiment de 0, supprimant des personnages et des pans entiers du scénario prévu pour Versus XIII et la première mouture de FF XV, par l'équipe originelle (on n'oublie pas Stella Nox Fleuret, par exemple...), reprenant le développement pendant 3 ans...


Bref, un joyeux bordel qui s'achève finalement quand, après un ultime report, Final Fantasy XV débarque enfin sur PS4 et XBox One. Le résultat est-il à la hauteur de la hype, des attentes, des espoirs ? Et, surtout, rattrape-t-il un minimum le naufrage que fut Final Fantasy XIII ? En partie, oui. Mais il est aussi plombé par divers problèmes, notamment scénaristiques et narratifs...
On démarre donc l'aventure avec nos 4 héros qui sont en panne sèche et doivent pousser la Regalia jusqu'au garage. Ouais, on a connu plus épique comme présentation des personnages. Mais c'est à cette occasion que l'on va commencer à les cerner et les connaître.
Noctis, personnage principal et seul jouable (du moins pour l'instant, une prochaine mise à jour permettra de changer de personnage à volonté dans l'histoire principale, hors DLC dédiés), le prince cool qui, malgré la situation, semble ne rien prendre au sérieux et surtout pas ses responsabilités.
Prompto, le joyeux drille toujours optimiste et de bonne humeur.
Gladiolus, le grand frère costaud de la bande, brut de décoffrage.
Ignis, le seul qui semble un peu responsable et veille sur tout le monde.
Et ce qui frappe immédiatement, en plus d'une VF convaincante et agréable (bien plus que celle de FF XIV.... x)), c'est comme les dialogues de ce groupe semblent naturels. On s'attache vite au quatuor parce qu'il sonne vrai, comme un groupe de potes partis ensemble sur les routes (avec un voyage qui a plus d'enjeu que les nôtres, certes), et ça ne s'arrêtera pas de l'ensemble du jeu. Quel que soit le moment, dans les bons moments comme les mauvais, le groupe reste soudé et vraisemblable. Un joli travail d'écriture de personnages et de dialogues (et de doublage, aussi).


Bien évidemment, on remarque aussi rapidement le côté technique et les graphismes super convaincants comme les aime Square. Cela dit, cette beauté graphique ne doit pas faire oublier quelques textures baveuses et un gameplay douteux en exploration : QUI a eu l'idée de mettre le saut et l'interaction sur la même touche ????? Le nombre de fois où vous allez sauter au lieu d'agir est impossible à compter, croyez-moi ! Et ne parlons même pas des problèmes de collision avec les Chocobos...
La grande satisfaction du gameplay, de toute façon, c'est le système de combat. S'il demande un petit temps d'adaptation, il se révèle rapidement être proche d'une certaine quasi perfection : les affrontements sont rapides, nerveux, plus tactiques qu'ils n'y paraissent, faisant la part belle à l'esquive, la parade, et autres mouvements rapides. D'autant plus que Noctis peut équiper 4 armes (contre 2 pour les autres) et en changer à volonté à la volée. Oui, ça va très vite, quand ça se fracasse, et il y a parfois de vrais moments de tension quand certaines quêtes vous balancent des ennemis assez effrayants côté puissance et que vous avez le même niveau environ. Du grand art, jusque dans la mise en scène. Cela dit, la volonté de mise en scène peut parfois nuire au gameplay, certains combats de boss tenant parfois de la cinématique mâtinée de QTE (salut, Leviathan !).
De même, les invocations sont visuellement fabuleuses, mais on ne peut pas choisir ce qu'on va balancer ! C'est totalement aléatoire et, pour imager, ma partie a régulièrement vu Ramuh débarquer, une fois Leviathan, et deux ou trois fois Shiva (dont une prévue par le scénario....). Quant à Atlas, jamais vu, tout simplement ! Quant aux conditions d'invocation, elles sont simples, mais me paraissent tout aussi aléatoires, n'étant absolument pas systématiques : Noctis doit être en état de danger.


Mais bref, parlons plutôt des vrais énormes problèmes de FF XV, à savoir son déséquilibre entre exploration et sentiment d'urgence du scénario, ainsi que ses bonnes idées noyées dans un fatras de narration foireuse. Car, oui, c'est exactement ce qu'est FF XV.


En ayant en tête l'idée de prendre le contrepied de FF XIII, il prend carrément à contrepied toute la série, et ça marche moyennement. En effet, si vous n'avez pas accès à toute la carte dès le départ, ça arrive quand même assez vite et si, comme moi, vous êtes un malade de la quête secondaire, vous allez vite vous promener dans le jeu, tant vous aurez un niveau élevé par rapport à ce qui est demandé pour la quête principale.... Pour exemple, on termine le jeu sur du niveau 45-50 recommandé.... Noctis était niv 80, les autres niv 76. Je vous laisse imaginer comme ça a été rapide et peu gourmand en objets.
Cela dit, le vrai déséquilibre vient clairement de la place donnée à l'exploration. Les anciens FF ont une structure simple : on nous met sur des rails dont on ne peut pas vraiment s'écarter au début puis, à mesure qu'on avance, on débloque des véhicules pour explorer plus librement jusqu'à en avoir un qui donne accès à l'ensemble de la carte et du contenu, généralement vers les 3 quarts du jeu. On avance donc tranquillement et le scénario peut se dérouler en nous permettant d'appréhender correctement le sentiment d'urgence qui règne parfois dans les actions des personnages. FF XV, lui, fait tout le contraire. Son monde ouvert nous est ouvert très tôt et il nous met sur des rails à mesure qu'on approche de la fin. Le résultat est que, non seulement, on passe des niveaux comme on enfile des perles, mais en plus, l'urgence donnée par le scénario et les séquences cinématiques (on rappelle quand même que le voyage initiatique vire rapidement à la quête de vengeance et de rejet de l'envahisseur quand Noctis apprend l'invasion d'Insomnia et la mort de son père par l'Empire...) disparaît rapidement au profit des multiples quêtes annexes à remplir (chasses, pêche, exploration, et j'en passe...). Si ça fait plaisir de retrouver un FF bien rempli après la blague FF XIII, il est dommage que ça piétine la cohérence scénaristique de l'ensemble.


Cela dit, la cohérence scénaristique était déjà pas mal plombée par un autre énorme problème, sans doute conséquence directe du développement chaotique (et plus précisément du changement d'équipe et des coupes faites dans le scénario) : la narration est foireuse ! Le jeu est tout simplement raconté avec les pieds et les événements s'enchaînent sans qu'on sache parfois vraiment comment ou sans qu'on nous explique quoi que ce soit (il a fallu une mise à jour pour nous expliquer ce qu'il était précisément arrivé à Ravus, par exemple !). Si l'écriture des personnages est magnifique (contrairement à leur design, à commencer par Cindy et Aranea, qui sont là pour jouer les potiches à la belle plastique....), on est clairement dans la dimension opposée concernant les enchaînements scénaristiques. Autant certaines ellipses sont clairement là pour nous vendre du DLC (genre la petite escapade de Gladiolus, expliquée dans son épisode dédié...), autant d'autres sont juste le fruit d'une scénarisation foireuse.
C'est particulièrement dommage dans la mesure où ce FF XV se veut quand même plus sombre que les précédents (le sort de Lunafreya me choque encore, pour cette licence), jusque dans son level design : les donjons sont juste sublimes et ressemblent vraiment à des donjons. Grottes humides, temples oubliés, tour hantée, égouts maudits, tout le répertoire du sombre et souterrain est là, et l'ambiance, souvent glauque et oppressive, va avec (grosse mention à celui où Noctis est seul dans un complexe impérial, c'était bien la première fois que je voyais ça dans un FF....).


Cela dit, je crois que la fin du jeu remporte la palme de la narration foireuse et du j'men foutisme intégral. Les paroles de Bahamut nous préparent certes à quelque chose, mais certainement pas à ce qu'on voit qui semble sortir de nulle part, et encore moins à l'ultime scène épilogue, qui est encore plus random que le reste ! La seule question qui prédomine à la fin étant la suivante : "What the fuckiti fuckin' fuck is this nonsense ?"


Résultat des courses ? Final Fantasy XV est un épisode dans lequel on a du mal à rentrer, il faut vraiment se motiver, surtout vu les imperfections scénaristiques massives. Mais il réussit à provoquer l'attachement, notamment à travers ses 4 personnages principaux et leurs répliques qui réussissent à faire naître régulièrement un sourire. À la fin, il reste les souvenirs d'une aventure sympathique en compagnie d'une belle bande de potes et un J-RPG qui tente beaucoup de choses, sans vraiment en réussir intégralement une seule. Malgré tout, on finit par avancer avec un réel plaisir et même, pourquoi pas, à se lancer dans un New Game +.
Final Fantasy XV avait peut-être juste trop de pression sur les épaules, en passant après la catastrophe FF XIII, en devenant un épisode principal alors qu'il n'était pas censé l'être, et en subissant un incroyable chaos dans la gestion du projet. S'il est difficile d'y entrer, il est aussi difficile de nier que c'est loin d'être le pire jeu de la licence, et tout aussi loin d'être le pire J-RPG qui existe.


Et peut-être aussi que l'acharnement à le surexploiter et rafistoler ses béances scénaristiques à coups de mises à jour et/ou DLC ne nous aide pas à être cléments envers lui et envers Square...
Pour résumer, Final Fantasy XV est une parfaite imperfection. Un épisode maudit dont on attendait peut-être trop, géré par une équipe qui ne voulait pas tomber dans les mêmes travers et avoir les mêmes critiques que les précédents mais, surtout, un univers fabuleux, des combats épiques, des personnages attachants, et des idées plus qu'intéressantes noyées dans un surplus de mise en scène, des trous scénaristiques, et un déséquilibre dans le rythme de la narration...
Une occasion manquée, donc.

Lonewolf
7
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le 1 déc. 2017

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Lonewolf

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