Voici le parfait exemple d’un jeu paresseux. Des graphismes pas trop dégueulasses avec des effets de lumière intéressants, un principe qui a fait ses preuves (le Mech, pouvant être soit unité terrestre, plus puissante et robuste, soit aérienne, plus rapide mais privée de bouclier), une histoire en retrait privilégiant donc l’action pure, du fun dans des missions rapides. Mais tout sent tellement l’inachèvement, les coupures de budget et la motivation absente qu’à la place de devenir sinon une référence, du moins un jeu solide qui ne pâlit pas face à la concurrence, il s’engouffre dans l’abîme de l’oubli juste après qu’on l’ait one shot.


Car c’est un jeu court. Oui, fugace même, comme le serait sûrement cette critique sans mon habitude à décortiquer les choses insignifiantes, tant le contenu manquent; en tout cas, je ne peux que souligner le rachitisme du concept et le potentiel laissé à l’abandon. 14 missions minimalistes, en moyenne 6 minutes chacune, et la durée de vie n’est augmentée que par les essais infructueux dus à la difficulté. Je ne dis pas, c’est bien d’avoir de la difficulté et de mourir plusieurs fois pour trouver les points faibles des ennemis etc. mais là ya que ça! Rien de plus, ni niveaux de difficulté, ni objectifs secondaires, ni bonus quelconques, puisque les armes, seul déblocable, s’acquièrent en réussissant les missions et pas autrement, ni secrets évidemment. Un jeu jetable donc, une fois fini.


D’ailleurs, même la difficulté, je ne dirais pas qu’elle soit excessive; sa plus grande partie provient des lags quand trop d’ennemis s’affichent et de la maniabilité exécrable. Tourner en vol est difficile, et le Mech exécute les actions avec un certain retard sur la souris. On s’y habitue (relativement) bien sûr, mais dans un premier temps ça peut s’avérer assez gênant. Naviguer entre les armes est assez chiant aussi, à cause de ce même putain de retard, surtout sensible quand ça lague évidemment. Et ça lague justement dans les situations les plus délicates, le nombre important d’ennemis signifiant en général préoccupation plus grande avec sa propre survie... C’est une sorte de cercle vicieux, tout à fait.


Je mentionne en passant les alliés, assez nombreux mais complétement incompétents, et à la place d’aider ils ne servent que de cibles faciles, de brebis à protéger. Ce n’est pas étonnant qu’ils soient sur le point de perdre la guerre, et leur stratégie est pourrave, comme on peut le constater durant les briefings, moments de palmface notoires. J’avais quasiment à chaque fois envie de répondre au général: «Non, mais taisez-vous et allez vous pendre, vous faites n’importe quoi, et je vois pas pourquoi je devrais vous sauver ENCORE une fois, bande d’incapables. Franchement, mais c’est quoi cette paye de clodo? Je vous signale que je sauve à moi tout seul toute votre colonie de merde, alors autant passer à l’ennemi, si je reçois aucune gratitude et qu’en plus je dois subir votre imbécillité à répétition». Mais ce n’est qu’un jeu, et l’incompétence des alliés sert à mettre en valeur le héros de la façon la plus simple et la moins fatigante pour les développeurs. Je ne peux éviter de citer l’excellent Battle Engine Aquila, un autre jeu de Mech, fréquemment associé à Gun Metal, puisqu’ils étaient offerts tous deux avec une certaine carte graphique (et c’est de là que je les possède), où les alliés assistent quand même remarquablement mais où la difficulté n’en décroît pas, surpassant largement celle de Gun Metal; mais c’est ne dire rien, car Battle Engine Aquila écrase Gun Metal dans tous les domaines sauf le réalisme des graphismes, or on s’en bat à la limite.


Les graphismes, eux, sont plutôt bons, et l’éclat du soleil DANS LA GUEULE très bien rendu. Mais pourquoi il est mis par défaut? Qui a cru que ce serait plus intéressant de ne voir rien sur 160°? Heureusement, les options, minimalistes comme le reste, permettent de le désactiver, et le jeu redevient attrayant. Parce qu’un robot, ça peut avoir une vitre automatiquement teintée, et un pilote de robot des putain de lunettes de soleil. Avec l’éblouissement, c’est quasiment injouable par contre. Un autre truc qui fait chier c’est le viseur de couleur rouge absolument indiscernable dans les tempêtes de feu, les couleurs du terrain et des ennemis. Je l’ai fréquemment perdu, ou me suis retrouvé à tirer à côté parce que les rayons laser rouges, les boucliers et les explosions oranges, ben ça fait écran. C’était si compliqué de le mettre en vert ou en bleu? (La réponse est manifestement oui pour ces développeurs somnolents en attendant la sportule.)


En outre, le jeu, vide qu’il est, demande confirmation pour toutes les actions. Voulez-vous revenir à l’écran mal foutu du choix des missions? Oui! Voulez-vous quitter votre profil? Oui, putain! Et quand on meurt le choix de recommencer demande encore confirmation. Sérieusement? Vous voulez que je fasse quoi d’autre avec vos 4 commandes de menu? Ah oui, le menu des options n’est curieusement pas disponible dès le départ, il faut entrer dans un profil pour ça. Normal. Par contre, plaisir immense pour le joueur étourdi, la commande «Supprimer partie» se trouve juste en dessous de «Charger partie».


En vérité, ce n’est qu’un portage raté (pléonasme) de la Xbox vers PC, sûrement réalisé sans moyens par un studio à l’agonie.


Mais ça n’excuse pas la durée de vie et une certaine absence de variation dans les 14 pauvres missions. La plupart du temps on doit défendre une base, ou des unités faibles exposées comme une princesse au dragon. Qui sans le Mech ne tiennent pas 2 minutes. Quelques missions d’attaque quand même, mais toujours avec quelque chose à défendre dedans, comme une base ou un méga vaisseau de la mort qui explose dès qu’on le torpille. Une espèce de boss à la mission 13, une porte de saut hyperspatial, dont on doit détruire les boucliers puis les générateurs d’énergie. Non, ça ne sonne pas familier, parce que cette fois c’est différent! En effet, cette fois c’est nous qui mourons dès qu’on nous torpille... Pour vaincre donc, une dose de chance est nécessaire pour que les contrôles nous obéissent correctement, et une dose de maîtrise des armes aussi, ou plutôt il suffit de savoir où est placée l’arme «basique», «fusil à pompe» et «grenade».


Il y a en effet 25 armes au total (5 au départ, et une ou deux de plus pour chaque mission). Mais pas mal d’elles n’ont pas le temps de devenir utiles: on a plus vite fait de finir le jeu que d’avoir appris les subtilités et efficacités (ou inefficacités...) de chacune. Et à la place d’armes originales et attachantes, comme dans Battle Engine Aquila, au hasard, on obtient les trucs génériques encore et encore. D’un côté ça participe au côté «blitzkrieg» du jeu, certainement voulu mais d’un autre ça annihile l’attachement qu’on peut y trouver. On ne s’investit pas dans Gun Metal.


Les musiques n’aident en rien. Elles sont quelconques, mornes et quasiment identiques. Pourtant je constate bien la présence de 16 morceaux dans le dossier...


Je finis quand même sur une note relativement positive. Malgré tous ces défauts, le principal est qu’on s’amuse, et effectivement on s’amuse dans ce jeu. Il ne prend pas la tête, quand on y joue on est content, et ça peut occuper quelques soirées. Le potentiel est là, la réalisation pourrait bénéficier d’un design un poil repensé, et une cinquantaine de missions en plus, quelques bonus et secrets l’amélioreraient considérablement. Dommage. Il mérité néanmoins d’être essayé pour l’expérience du doublage le plus débile de l’histoire des doublages de jeu vidéo.


Je relance. En version française (moins en anglais, mais aussi) la voix du doubleur est une catastrophe. Peut-être l’a-t-on forcé à lire les textes, ou n’a-t-il pas compris ce qu’on attendait de lui, ou alors était-il un vrai attardé mental, mais le résultat est stellaire! Non seulement il braille, mais en plus il articule comme s’il essayait d’apprendre la prononciation du français à des enfants étrangers, le pire arrivant quand il essaie d’appuyer certains mots, alors que tous les mots sont déjà appuyés à l’extrême. La conviction par contre, tout comme la ponctuation, ne semblent pas le préoccuper beaucoup, la première étant absente, et la seconde libre voire aléatoire. C’est à la fois hallucinant, hilarant et consternant.


Ah mais... tout s’explique! Si c’est lui le général, c’est normal qu’on perde la guerre!


EDIT: Je rajoute un point parce que, malgré tous les défauts évoqués, je reviens avec plaisir vers ce jeu de temps en temps, et tente de battre mes anciens records pour les niveaux. 4 => 5

Owen_Flawers
5
Écrit par

Créée

le 10 janv. 2015

Critique lue 171 fois

2 j'aime

Owen_Flawers

Écrit par

Critique lue 171 fois

2

Du même critique

Gladiator
Owen_Flawers
4

La politique selon Ridley Scott

EDIT: Hahaha, c'est une critique de gros rageux en fait! Je m'autocite: "en vérité, ça me fait chier que tant de gens portent aux nues ce film". Mdr Un jour je referai cette critique, que j'ai...

le 12 juin 2013

11 j'aime

6

Elmer, le remue-méninges
Owen_Flawers
7

Comédie, vraiment?

J’ai dû prendre ce film trop au sérieux, alors que c’est une comédie (horrifique). Mais l’ambiance est vraiment malsaine, crade, et le gore abondant, et il ne semble pas excessif (par rapport à une...

le 11 sept. 2013

9 j'aime

1

L'Art d'avoir toujours raison
Owen_Flawers
5

L'art de racoler

Le titre français est racoleur (l'original allemand ressemble moins à un livre pour le plage: Eristische Dialektik = Dialectique éristique), et ça plaît au chaland, MAIS Schopenhauer passe d'abord...

le 25 oct. 2019

8 j'aime

2