Le thème est le harcèlement scolaire. La scène où aura lieu le drame est un collège anonyme, perdu dans la banlieue d'une ville qui l'est tout autant. La nuit, dans ce collège immense et froid, les légendes scolaires - le fantôme de la salle de musique, la poupée tueuse de l'infirmerie, le yôkai caché dans les toilettes des filles - prennent vie pour se repaître des âmes égarées, ivres de souffrance. L'une se régale d'une fille suicidée, l'autre attire les curieux dans son antre pour les dévorer... mais tous s'abreuvent à la même source, celle du harcèlement scolaire, un problème qui au Japon a pris des proportions épidémiques.


Ryukishi07 a-t-il lui-même été durant sa scolarité une de ces victimes ? Il y a de quoi se poser la question, car de tous ses travaux, Higanbana est, et de très loin, le plus sombre et le plus désespérant; même le final plein d'espoir de ce premier chapitre ne cache pas la terrible situation dans laquelle l'histoire est laissée à la fin de "Dai Ichi Ya" : même si une élève décide - enfin ! - de s'interposer pour protéger les plus faibles, le problème semble si désespérément gravé dans le cœur de chacun des élèves qu'on se demande si, pour y mettre définitivement fin, il ne faudrait pas un gigantesque et malheureux "accident' pour couper le mal à la racine...


L'histoire ? Elle commence avec la mort d'une élève violée et étranglée dans les toilettes par son professeur principal, et sa transformation en la huitième légende de l'école : Mesomeso-san, le fantôme qui vous dévore si vous répondez à son sanglot... de là, six autres histoires s'accumulent, mettant en scène humains malheureux et féroces yôkai... et inversement. L'écriture est efficace, et si la traduction est définitivement trop littérale par moments, difficile de ne pas être admiratif devant l'inventivité de certains chapitres ("le mensonge de la princesse" restant de loin mon préféré) et, surtout par l'ambiance fantasque et cruelle qui se dégage de cette société miniature.


Enfants et yôkai jouent ensemble à un jeu dans la cour. C'est une course de relais. On dévorera le perdant. Sur sa silhouette tremblante, les enfants se divertiront à coups de pieds et de rires moqueurs. Sur son corps éclaté sur le sol, les yôkai se régaleront à grands coups de dents de son âme. Dans le fond, est-ce bien différent ?


"Écoutez, écoutez cette pitoyable histoire..."

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le 26 juil. 2015

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Tezuka

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