Deux semaines après un long périple de 101 heures dans les métavers de Persona 5 Royal, me voilà donc confié une baguette magique entre les mains. Une baguette d'occasion hélas ; et c'est sans doute à cela que le jeu pourrait ainsi se résumer.

Hogwarts Legacy est un énième jeu qui a horreur du vide. Tous les cents mètres, vous avez quelque chose à faire. Il est généreux, trop généreux, il nous prend par la main, mais il nous largue dans la gueule du loup à la première occasion . Il nous introduit chaque point d'intérêt, mais on a la sensation que le jeu lui-même manque de motivation à les intégrer correctement. Au final, on fait les épreuves de Merlin uniquement pour agrandir l'inventaire, on nettoie les camps de bandit pour piller leurs coffres et ainsi récupérer les runes pour améliorer notre équipement. Amélioration qu'on débloque assez tard d'ailleurs... Les créatures à capturer, les maisons des habitants et les chambres/bureaux des profs à piller, les sources de magie ancienne, les boss, les quelques courses de balai, les ballons à éclater dans les airs, les énigmes et salles secrètes de Poudlard, les portes à addition, les pages du guide sorcier cachées ou en vol, ... Beaucoup, beaucoup trop d'activités sur la carte. Cela se finit en tâche répétitive qu'on efforce à continuer pour deux ou trois seulement parce qu'on souhaite débloquer une tenue ou agrandir la taille d'inventaire sans jamais voir le bout d'une grande récompense autour. Même si en accomplissant toutes les épreuves de Merlin cela ouvre la voie à une nouvelle quête, ce serait tout juste ressenti comme un remerciement ou un au revoir.

Pour les quêtes principales, le début est très prenant et nous entraîne, de manière expéditive comme pour notre personnage, dans l'univers des sorciers. Toutefois, plus on avance dans l'histoire, plus les dialogues et leur mise en scène s'appauvrissent. On s'attache peu à l'enjeu principal qui n'est finalement dévoilé qu'à la fin de la troisième épreuve... Le jeu se finit sous une forme chronopost où tout s'enchaîne trop vite.

Mais qu'est-ce que vous foutiez depuis des mois les profs ! Ce n'est que maintenant que vous débarquez !? Une fois que Ranrok s'apprête à s'emparer de la sphère de magie ancienne !?

On bat trop vite les vilains.

Rookwood, on se connaît à peine, mais le jeu m'a dit de te défoncer alors... Avada Kedrava !

L'histoire principale se contente de nous guider d'un point A à un point B sans se démarquer dans son écriture. Elle n'offre aucune double lecture.

Si tu veux garder le secret de la magie d'Isidora, t'es gentil ; si tu veux t'emparer de cette magie, t'es méchant.

Elle arrivait à attirer mon attention sur une seule chose :

Pourquoi le portrait d'Isidora a été détruit ?

Sans jamais donner clairement la réponse, si elle existe.

Pour les quêtes "relationnelles", là aussi elles souffrent d'une médiocrité de l'écriture avec ses dialogues plats et convenus. Seules les quêtes avec Poppy ont suscité de l'intérêt à mon égard. Onai est oubliable en plus de manquer de subtilité. L'histoire de Sebastian aurait pu être correct s'il pouvait basculer mage noir... Les thématiques comme "le monde des jeunes vs monde des adultes", le pardon, la rédemption, la culpabilité sont loin d'être maîtrisées. Rien n'est suffisamment développé pour avoir une compréhension des motivations de chaque personnage ; et la pauvreté des choix de dialogue ainsi que leur absence de conséquence n'aident pas à s'impliquer d'avantage dans le RP. Plus encore lorsqu'on parle des quêtes annexes. Autant dire que j'ai récolté "l'impôt" dès que j'en avais l'occasion. Seules les dialogues avec Sebastian sont décisifs afin d'apprendre les trois sortilèges impardonnables. Sorts qui n'auront aucune incidence sur l'alignement bon/mauvais du protagoniste.

Le système de combat est quant à lui bien pensé. La diversité des sorts est tout juste suffisante pour imaginer des enchaînements efficaces (j'ai un set Accio-Incendio-Descendo-Repulso pour ma part) et on finit vers la fin du jeu à lancer des Avada Kedavra sur le moindre ennemi (ce n'est pas possible d'enchaîner ce sort sur tout le monde, mais c'est drôle de croiser le premier fangeux et de balancer ce sort sur ce sac à PV). On regrette le manque de variété du bestiaire et du nombre insuffisant d'ennemis. Seules les trois pauvres arènes de combat m'ont offert une véritable difficulté. Le reste des combats se finit en quelques coups de baguette. Je dois avouer que les débuts étaient semés d'embûches par une ergonomie douteuse à la manette Xbox et les esquives placées sur B. Des fois, on balance un sort alors qu'on voulait esquiver très rapidement. Le lock des ennemis est, comme dans presque tous les jeux, un enfer. Il ne s'est montré utile qu'aux boss. On n'oublie pas non plus l'interface répugnante à la manette avec cette pseudo-souris pour naviguer dans les menus. Aussi l'impossibilité de "tout vendre" chez un marchand et, comme sans ceci ce serait moins drôle, on doit maintenir A pour chaque objet.

Autrement, j'ai eu droit à des bugs très sympathiques en cours du jeu dont deux qui m'ont valu un gros blocage. Juste dommage que je n'ai pas enregistré l'un des deux : impossibilité de parler avec des PNJ fournisseurs de quêtes, c'était pour Poppy au Trois Balais, j'étais retourné à Poudlard pour démarrer une quête pour Onai. Je maintiens le boutons X comme affiché, mais rien... Je retourne à nouveau à Pré-au-lard. Fin du temps de chargement, je me retrouve téléporté de Pré-au-lard à Poudlard dans le dialogue avec Onai. Ainsi, pas besoin de reset mes 15 heures de jeu...

https://www.youtube.com/watch?v=oyyWOs3wwoo

https://www.youtube.com/watch?v=AZPFT10f4Ng

Hogwarts Legacy a déjà trouvé sa place dans le cœur des fans de l'univers d'Henri Potier. De mon côté, j'ai vu deux ou trois fois le premier film et les autres je les ai à peine vu. Je n'ai jamais suivi l'évolution des livres et des communautés autour. Donc, en tant que profane, le jeu ne m'a pas marqué. Il est correct dans tout ce qu'il fait, cependant il n'a jamais l'audace d'exceller dans un domaine en particulier et se contente d'être convenu dans sa conception. Le jeu crie le manque de temps comme dans son temps de jeu (trente heures avec quelques épreuves de Merlin, une petite fouille à Poudlard, les quêtes relationnelles et une poignée de quêtes annexes). Un monde ouvert comme un autre qui avait tout le potentiel d'être un Persona-like. Il a malheureusement raté cette possibilité.

Créée

le 26 févr. 2023

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