InFamous 2, un jeu qui gagne à être connu

Se gardant bien de mettre des baffes graphiques, infamous premier du nom avait su se démarquer par les sensations grisantes (de liberté et de force) qu'il parvenait à transmettre aux joueurs. Deux ans se sont écoulés depuis la catastrophe de Empire City et une Bête menace Cole et la ville de New Marais, refuge dans lequel l'équipe de héros s'est réfugiée pour se préparer à un combat terrible.

InFamous avait un petit quelque chose d'assez indescriptible et malgré ses carences techniques et sa maniabilité d'une autre époque (qui m'ont personnellement fait rager), le titre dégageait un sentiment d'honnêteté. Difficile à retranscrire, mais comme un vilain petit canard, le jeu affiché une ambition simple, simpliste même face à ses concurrents. Une humilité complètement à contre courant. Sans artifice inFamous se présentait avec ses défauts mais avec un désir élémentaire de dépeindre un tableau plausible d'une aventure de super héros sans cape ni slip en or. Sa suite suit scrupuleusement les traces de son aîné et poursuit la quête de Cole tout de suite après la conclusion de inFamous. De fait, dés la première seconde de jeu, la sensation de pouvoir est palpable. En effet, notre héros n'est plus un amateur, il connaît et maîtrise parfaitement le don qu'il lui est tombé dessus. Le tonnerre gronde et la foudre se fracasse donc au sol en pressant une simple touche, car oui, Cole conserve les acquis durement glanés lors de sa première aventure. On le sait, l'objectif final est de tuer la Bête, un titan qui rase tout sur son passage et qui vous poursuit tout le long du jeu. Un but un peu trivial, non ? C'est un peu dommage, mais on constate rapidement que l'intérêt de inFamous 2 est exactement le même que le premier. Et tel l'Ouroboros, ce serpent étrange qui se mort la queue – j'aurais pu donner l'exemple de mon chien, qui sans valeur philosophique, réalisait le même exploit physique – inFamous 2 articule son propos autour de la classique montée en puissance du héros. Il aurait été étonnant, judicieux et plaisant de modifier ce but final. Sans pour autant redéfinir le cœur du jeu, son gameplay et son genre, mais au moins en sortant de la simple collecte d'item.

On pourrait croire que le jeu s'adresse à ceux qui aurait raté la quête originelle, tant globalement le second singe le premier, mais pas du tout. Il est même fortement conseillé d'avoir terminé inFamous 1 avant d'entamer cette nouvelle aventure. Le jeu vous propose ainsi d'utiliser votre ancienne sauvegarde, ceci afin de conserver la tendance de votre karma (qu'elle soit bonne ou mauvaise). De plus, la méconnaissance des protagonistes et des enjeux de inFamous 1 pourrait sérieusement nuire à la bonne appréciation des twists scénarisitiques et autres clins d'œils présents dans cette suite. A ce stade, vous vous dite : « ce jeu m'intrigue, mais ça commence à faire beaucoup ». C'est vrai, je pensais comme vous, inFamous 2 a commencé par me décevoir. Je me suis questionner : en quoi une une suite similaire, stricto sensu, pourrait-elle m'intéresser ? Et j'ai changé.

S'il est vrai que l'amorce est poussive et trop semblable au début de inFamous 1, le reste, pour sa part, risque, sans pour autant vous surprendre, de complètement vous charmer. Car inFamous 2 pourrait être l'incarnation parfaite d'une suite. A l'instar de Dead Space 2, chaque point est amélioré, bonifié et réfléchi. Plus cinématographique, et comme le reste des franchises qui lorgnent vers l'action, inFamous se contorsionne pour entrer gentiment dans le moule façonné par la très influente série Uncharted. Même si l'on patauge dans le connu, le résultat n'a rien de désagréable. On en prend plein les mirettes et tout explose et virevolte joyeusement autour de nous pendant qu'on s'entête à démembrer un boss. Et comme le veut la tradition, ces ennemis sont gigantesques et s'exécutent en plusieurs temps et à coups de QTE. Petite réserve néanmoins, les mêmes boss se répètent, perdant ainsi de leur éclat à la seconde, troisième puis quatrième rencontre. Mais c'est dans la qualité et la variété de ses missions que inFamous 2 touche dans le mille et se distingue de son aîné. Innovantes et intéressantes ces dernières s'enchaînent avec grand plaisir et active la corde addictive qui nous pousse, sans trop savoir pourquoi, à continuer encore et encore. C'est d'autant plus remarquable, que inFamous 2 ne joue pas d'une grande pluralité de gameplay. Un attribut qui m'avait particulièrement marqué dans Jak III, un jeu d'action/aventure à monde ouvert où chaque mission était dotée d'un gameplay propre. Et bien ce n'est pas le cas ici, ou très peu. Malgré tout, la quête reste passionnante et variée. Seuls les missions annexes, liés aux Karma, pourront trouver une certaine redondance, du fait de leur ressemblance avec le premier opus. Le Karma justement, qui se traduit simplement par un changement de visage au grès des humeurs, qui, à l'image du reste, ne sort pas du sillon de inFamous 1. Ainsi, certaines sous missions se bloqueront si vous jouer les D'Artagnan pour que d'autres deviennent exclusives si vous filez du mauvais coton, et inversement. Que vous soyez un gentil garçon ou un vrai trublion vos pouvoirs se développeront dans des déluges pyrotechniques qui arracheront la tête à ceux qui oseraient vous adresser la parole. Concernant le chemin, long et éprouvant, qui vous mènera aux extrémités de la ligne de conduite universelle, il s'avère malheureusement un poil binaire. De plus, des pouvoirs acquis, à vos alliés, on n'évite pas les caricatures. En effet, les deux demoiselles qui vous épaulent incarnent les deux itinéraires possibles pendant le jeu. L'une utilise le feu, est complètement exubérante et chaudasse, alors que l'autre maîtrise la glace, se caractérise par sa droiture et sa frigidité. Quelqu'un à hurler "cliché" là ? Certaines surprises attendent néanmoins les joueurs qui termineront l'aventure.

Le design du héros est le dernier point qui m'a chagriné. Pour moi, Cole a zéro charisme (je préférais les premiers essais). Je ne sais pas si Sucker Punch à voulu faire de son protagoniste un réceptacle assez commun pour y recevoir votre touche de personnalité par les deux directions de karma proposées, mais personnellement, je n'accroche pas du tout. La vision moderne, et donc plus réaliste, d'un héros est, semble t-il, très complexe à retranscrire. Quand on voit Desmond, de la série Assassin's Creed, il paraît impossible de faire un héros contemporain et classe. Le survêtement devient de rigueur et la coupe militaire coupé au sabot 3 mm l'attribut top tendance à absolument orner. Côté design, les penchants bon et mauvais ne sont pas plus remarquables, un t-shirt blanc nous est attribué quand on sauve des vie, alors que c'est le rouge et les veines aux fronts qui dramatiseront la bobine de Cole quand il enfilera des coups de têtes aux passant. Étrange.

InFamous 2 sonne comme un retour aux sources d'une série qui ne s'était pas vraiment envolé. Le titre fait aussi parti des jeux qui ne brillent ni pas leur grandiloquence visuelle et technique (inFamous 2 est bardé de bug), ni par leur gameplay cadencé comme une montre suisse, mais qui malgré tout, nous amuse et nous distrait énormément. Excellent jeu d'action au demeurant, la variété d'action et la liberté offerte aux joueurs pour en découdre avec les ennemis, élève au final inFamous 2 bien plus haut qu'un simple défouloir. La franchise est bonifié, mais la seconde vitesse n'est pas passé. Il faudra attendre un nouvel épisode pour assister au décollage d'une série qui mérite sincèrement qu'on s'y intéresse.