Parler d'Inscryption sans en altérer le plaisir de la découverte est un exercice périlleux mais sachez tout d'abord qu'il s'agit d'un jeu qui vous procurera de nombreux chocs, à commencer par le premier qui sera à n'en point douter esthétique. Car le titre de Daniel Mullins affiche une sacré gueule avec son look de jeu DOS du début des années 90, à la fois volontairement cracra et incroyablement léché. Pour ne rien gâcher, l'ambiance sonore pour le moins pesante termine d'instaurer une atmosphère délicieusement inquiétante et malsaine dès les premières secondes.


Vous vous trouvez dans la cabane d'un étrange inconnu à la voix gutturale et vous voilà obligé de vous plier à ses règles, de jouer à son jeu. Et vous n'êtes pas particulièrement pressé de découvrir le sort qui vous attend en cas de défaite. C'est ainsi que commence Inscryption, à la manière d'un jeu de cartes façon rogue-lite comme il s'en fait maintenant beaucoup (quoique les mécaniques à base de sacrifice sont ici assez originales et malines), vous allez devoir affronter l'hôte des lieux qui ne ménagera pas d'effet pour vous immerger dans son univers, en interprétant lui-même les différents personnages qui croiseront votre route. On aurait pu s'en tenir à ce simple concept et on avait déjà un excellent jeu tant la base est solide (mention spéciale aux boss qui sont particulièrement réussis). Mais très vite, vous vous rendrez compte que rien ne tourne rond dans ce refuge au fond des bois : comment êtes-vous arrivés ici, que vous veut ce vieil homme qui vous menace et vous contraint de jouer sans cesse, et surtout, pourquoi les cartes que vous avez entre les mains se mettent-elle à vous parler ? Pas de doute, il va falloir trouver un moyen de sortir d'ici.


Afin d'illustrer quelque peu les multiples trouvailles fascinantes qui parsèment le jeu et malmènent le quatrième mur, je me permets d'en gâcher un des premiers twists, qui intervient dans les toutes premières minutes :


Vous pouvez, à n'importe quel moment (enfin, en dehors des combats), vous lever de votre chaise et vous promener dans la cabane à la recherche d'indices et autres babioles utiles, avant de vous rassoir et reprendre votre partie. Car l'endroit est conçu comme un escape-game, avec différentes énigmes disséminées dans la pièce qui se révéleront étroitement liées avec le reste du jeu et de son intrigue. Jeu dans le jeu, vous dites ? Attendez un peu de voir la suite...


Et là vous commencez à comprendre que si tout tournera toujours plus ou moins autour de son (super) jeu de cartes, Inscryption n'est pas vraiment un rogue-lite, il est à la fois bien moins et bien plus que ça. Au gré de ses expérimentations et autres ruptures de ton qui rappelleront parfois des œuvres comme Nier ou Undertale, le développeur canadien n'a ici en fait qu'un seul but : nous raconter une histoire en nous y impliquant corps et âme. Mais j'en ai déjà trop dit.


On pourra reprocher à Inscryption un léger ventre mou en milieu de partie ou quelques soucis d'équilibrage en fin de parcours (vu à quel point le jeu s'amuse à tordre ses propres règles et empiler des mécaniques, rien de vraiment dérangeant) mais le génie est rarement bien loin, le méta jamais gratuit et j'ai personnellement été particulièrement bouleversé par la toute fin du jeu. Et la dizaine d'heures nécessaire pour la voir constitue déjà en soi un voyage que vous n'êtes pas prêt d'oublier. 

Attichit
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le 7 janv. 2022

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