Le précurseur du crossover improbable

Depuis peu... Je fais des rêves étranges... Mais... Je me demande s'ils sont réels.

Sur une petite île vivent trois adolescents, Sora, Riku et Kairi, qui passent toutes leurs journées ensemble, s'amusant et se chamaillant, et entretenant une petite rivalité amoureuse. Un beau jour, les trois amis décident de construire un radeau afin d'aller visiter d'autres mondes.

Mais un soir, une tempête détruit l'île, et le jeune Sora se voit propulsé dans un autre monde, armé d'une mystérieuse clé : la Keyblade.

Son aventure est sur le point de commencer !

Le crossover improbable

KINGDOM HEARTS, vaste saga vidéoludique qui cette année fête ses 20 années d'existence, et qui se sera faite connaître auprès des fans de J-RPG comme l'un des premiers titres disponibles sur la PlayStation 2 en Europe. Au fil de ces 20 années, ce ne sont pas moins de 15 jeux qui sortiront au total, bien que la vérité soit tout autre puisqu'il y aura eu de nombreux remakes et compilations remasterisées avec leur lot de titres incompréhensibles, mais nous aurons bien le temps d'y revenir en temps voulu.

Avant toute chose, KINGDOM HEARTS est un Action-RPG qui bénéficie de la collaboration surprenante, il est vrai, entre Disney et SQUARE ENIX (Squaresoft à l'époque). Ainsi nous suivons un jeune garçon appelé Sora qui avec ses amis Riku et Kairi construit un petit bateau pour voir d'autres horizons. Mais le voyage tournera court lorsqu'une tempête s'abattra sur son île, projetant notre jeune héros dans un autre monde où il fera la connaissance de Donald et Dingo, qui eux sont à la recherche du porteur de la "Clé", la Keyblade, arme que Sora aura obtenu lors de la tempête. Avec ses nouveaux compagnons, il va voyager de monde en monde, espérant ainsi retrouver ses amis.

L'histoire de ce premier Kingdom Hearts est donc assez simpliste aux premiers abords où Sora voyagera dans des mondes tirés des films d'animations Disney comme Le Pays des Merveilles (Alice aux Pays des Merveilles), Atlantica (La Petite Sirène) ou encore La Ville d'Halloween (L'Étrange Noël de Mr Jack). Bref, de nombreux mondes qui seront tous bien restitués et sauront montrer des lieux iconiques des films dont ils sont inspirés. On notera aussi la présence de mondes originaux propres à la saga comme La Ville de Traverse qui sera notre hub et où il ne sera pas rare de retourner, principalement pour faire des achats auprès des neveux de Donald (Riri, Fifi et Loulou), ou bien synthétiser des accessoires auprès des Mog dans leur atelier ! Par ailleurs, si notre héros Sora est à la base plutôt candide, il grandira au fil de l'aventure, devenant plus sûr de lui et n'hésitant pas à confronter ceux qui se mettront en travers de sa route.

Mais si la première partie de l'histoire demeure assez basique, elle regorgera de plusieurs rebondissements bienvenus sur la fin, offrant un final plus épique que ce à quoi on pouvait s'attendre avec une conclusion émouvante. En bref ce premier opus propose un récit maintes fois éculé avec le voyage initiatique d'un garçon qui par la force des choses va devenir l'élu de la Keyblade et se retrouvera à devoir sauver les mondes, certes, mais on a affaire à un récit maîtrisé avec son lot de scènes épiques et émouvantes où les mondes Disney eux aussi serviront le récit, que ce soit par la présence des Princesses de Cœur ou encore de la Confrérie des Méchants dirigée par Maléfique.

Si Sora est un personnage assez simpliste, il faut savoir qu'il en sera de même pour Riku qui, si il apparaît d'abord comme un garçon sûr de lui, va finalement se ranger du côté de Maléfique par jalousie. Un personnage là aussi déjà vu puisqu'il ne sera pas sans rappeler un certain Dark Sasuke, et qui trouvera sa rédemption après diverses péripéties. Enfin concernant Kairi, c'est une jeune fille pleine de vie qui au contraire de Sora et Riku n'est pas originaire des Îles du Destin, c'est grâce à sa venue et à son désir de revoir sa ville natale que le trio va chercher à construire un radeau. Ainsi la jeune fille pourrait être vulgairement qualifiée de love interest mais au contraire, elle ne manquera pas de motivation. Malheureusement elle se verra souvent mise en retrait sous couvert de divers prétextes scénaristiques.

En dehors de cela, on retrouvera de nombreux personnages Disney qui seront égaux à eux même, notamment Donald qui sera toujours aussi drôle, au contraire de Dingo qui sera... Dingo quoi. Mais avec Sora, ils formeront un bon trio.

Une réalisation qui fait son âge mais qui n'a pas à rougir

En ce qui concerne la réalisation, s'il est vrai que le jeu aujourd'hui fait son âge, il demeure encore agréable au regard. Les différents mondes possèderont chacun leur propre ambiance. Bien que le Pays des Merveilles demeure assez particulier, on saluera l'ambiance paisible de la Ville de Traverse, au contraire des entrailles labyrinthiques de Monstro la baleine (Pinocchio). On a donc toutes sortes d'ambiances et en ça, le jeu parvient à restituer un sentiment de voyage et d'épopée. Le tout est souligné par une mise en scène certes classique (surtout dans les Mondes Disney) mais qui parviendra aussi à se montrer poignante et dont certaines séquences demeurent encore aujourd'hui cultes. Et si les mondes sont nombreux, on ne peut que constater que leur level design est à l'image des jeux de l'époque. On a affaire à des mondes assez dédaléens où parfois les objectifs ne sont pas clairs, on peut citer par exemple le monde de la Jungle Profonde (Tarzan) où l'objectif est à plusieurs reprises difficile à comprendre, nous obligeant à parcourir le monde de long en large.

Le titre sera bercé par de nombreuses musiques toutes composées par SHIMOMURA Yôko (qui officie sur la saga encore aujourd'hui), du titre phare "Dearly Beloved" (chaque nouveau jeu de la saga se voyant affublé d'une nouvelle version de celle-ci) au thème onirique du tutoriel "Dive Into The Heart - Destati-". On pourra saluer le thème mélancolique de Kairi ou le thème jovial "Destiny Island" qui se fera entendre lorsqu'on s'affairera à construire un radeau pour quitter cet endroit paradisiaque. Enfin on pourra citer le thème de la Ville de Traverse mais aussi celui de la Forteresse Oubliée. Enfin on pourra citer quelques thèmes de combats comme "Night of Fate" qui mettra fin à l'innocence, ou encore "The Deep End" qui marquera de nombreux combats. Une OST enchanteresse accompagnée par UTADA Hikaru qui signera les génériques d'ouverture et de fin aussi bien en japonais qu'en anglais (que l'on retrouvera là encore dans de nombreux autres opus).

Par ailleurs il sera bon de le signaler mais dans la version originale, le jeu était doublé en français et disons-le, le résultat était plus que satisfaisant ! On avait une version française de très belle qualité avec notamment Donald REIGNOUX (Titeuf) qui nous campait un Sora enthousiaste et jovial, Kelly MAROT (Hunger Games) interprétant Kairi et Matthias KOZLOWSKI (Scooby-Doo) doublant le taciturne Riku. Outre ce trio, on retrouvera les comédiens officiels pour Donald et Dingo, à savoir Sylvain CARUSO et le regretté Gérard RINALDI. Ainsi une excellente VF qui malheureusement... ne sera pas reprise pour la compilation HD.

Un gameplay aux mécaniques devenues rigides

Au niveau du gameplay, on a donc affaire à un action-RPG avec des combats en temps réel où Donald et Dingo seront gérés par une IA. Ainsi Donald en tant que magicien pourra vous aider – s'il le veut bien – à vous soigner lors de situations critiques ou encore abattre de nombreux ennemis (appelés ici "Sans-cœur" (Heartless) ) à l'aide de ses sortilèges. Dingo pour sa part aura le rôle du défenseur. Étant un chevalier, il se battra à l'aide d'un bouclier et bénéficiera de nombreuses compétences. Quand à Sora, le tutoriel vous offrira le choix d'être plus doué en magie ou au contraire d'être plus à l'aise dans les combats au corps-à-corps. On aura par ailleurs de nombreuses autres compétences. Comme dans tout RPG, on aura donc tout un système de compétences que les héros débloqueront en montant de niveau et en accumulant de l'expérience. Un système classique voire archaïque mais qui fonctionne malgré tout. Enfin Sora pour s'aider lors des combats pourra aussi bénéficier d'invocations qui chacune représenteront un personnage Disney. Si certaines contenteront de vous soigner comme La Fée Clochette, d'autres feront de larges dégâts de zones comme Dumbo.

Enfin pour se déplacer entre les mondes, Sora, Donald et Dingo voyageront à bord du vaisseau Gummi, des phases de shoot'em up simplifiées où les Sans-cœurs se dresseront sur votre parcours et où vous devrez éviter de nombreux obstacles afin d'arriver à destination. Je ne m'étendrai pas dessus, même si vous aurez la possibilité de customiser votre vaisseau afin d'en construire un beaucoup plus résistant. Des phases assez redondantes et peu palpitantes au final.

En clair, le gameplay est sans doute, et ce malgré la refonte HD que nous aborderons plus bas, l'aspect le plus vieillot du titre, le tout étant peu aidé par une caméra peu maniable. On notera néanmoins toujours dans la compilation HD l'ajout de la touche Triangle comme dans KINGDOM HEARTS II afin d'utiliser certaines attaques spéciales, rendant la chose bien plus pratique que dans le jeu original. Néanmoins même si le gameplay est classique, à l'époque un Action-RPG avec des combats en temps réel demeurait assez rare donc on peut saluer l'effort.

De plus, on pourra également saluer la générosité du titre qui était déjà dans sa version de base sortie sur PS2 riche en contenu.

Outre la synthèse des mogs, vous aurez accès à une quête incluant le livre du monde de Winnie l'Ourson où Sora devra en retrouver les pages déchirées éparpillées dans plusieurs mondes. On notera aussi la possibilité d'aider Pongo et Perdita (Les 101 Dalmatiens) à retrouver leurs 99 chiots là aussi égarés dans les différents mondes qui composent notre aventure mais aussi la possibilité une fois un certain seuil atteint de découvrir des boss annexes qui sauront vous donner du fil à retordre !

Enfin on notera les tournois disponibles au Colysée de l'Olympe (Hercule) qui vous permettront d'amasser de l'expérience mais aussi d'engager des combats aussi bien contre des Sans-cœurs que des personnages iconiques de FINAL FANTASY, dont un en particulier qui vous offrira un sacré challenge !

Une version supplémentaire afin de distiller de nouvelles informations pour la suite

Ainsi même dans sa version de base, le jeu était déjà bien complet. Mais il faut savoir que lors de la sortie en Europe, NOMURA Tetsuya et son équipe avaient ajouté plusieurs éléments, dont un boss vers la fin du jeu et divers boss secrets. Ainsi afin que les japonais puissent également en profiter, il fut décidé de ressortir le jeu agrémenté de ces bonus ainsi que de nouveaux en 2002 sous le nom "KINGDOM HEARTS Final Mix". Pour l'Europe, le titre paraîtra finalement avec la sortie en 2013 de la compilation KINGDOM HEARTS HD 1.5 ReMIX qui contiendra les titres suivants : KINGDOM HEARTS Final Mix, KINGDOM HEARTS Re:Chain Of Memories et KINGDOM HEARTS 358/2 Days.

Ainsi outre les bonus qui furent présents dans la version européenne, divers ajouts viendront agrémenter cette nouvelle version. En plus des graphismes refaits en haute définition, on aura de nouvelles scènes permettant de suivre le parcours de Riku parallèlement à celui de Sora. On notera également la présence de nouveaux Sans-cœurs dont la plupart demanderont bien plus de stratégie et non plus de taper sans réfléchir, ainsi que de nouvelles armes pour notre trio.

Pour compenser la redondance du vaisseau Gummi, l'équipe aura ajouté des missions à remplir qui, si pour certaines seront très simples, d'autres seront bien plus compliquées, vous obligeant à modifier votre vaisseau voire à le refaire entièrement. Cela n'enlèvera pas la redondance de ces phases mais aura le mérite de les diversifier.

Enfin on notera l'arrivée d'un nouveau boss secret qui, bien qu'aujourd'hui on en connaisse l'identité, c'était loin d’être le cas à l'époque, permettant donc de poser les bases pour une éventuelle suite. Ajoutez à cela un prolongement de la fin secrète intitulée "Deep Dive" et vous obteniez de nombreuses questions pour le futur de la franchise.

Le précurseur d'une franchise culte

En conclusion, KINGDOM HEARTS est un titre fondateur qui il est vrai a énormément vieilli, en particulier dans ses mécaniques de gameplay et ses phases du vaisseau Gummi qui sont un pur enfer. De plus il demeure assez cocasse que le scénario soit si simple lorsqu'on voit ce qu'il en est aujourd'hui...

Ainsi un jeu qui accuse son âge, certes, mais qui demeure le précurseur d'une franchise culte et qui demeure un voyage enchanteur pour tous encore de nos jours !