Déjà un grand fan d'un des meilleurs jeu gameboy, avec le premier Kirby, retourner vivre une aventure en compagnie de cette petite boulle rose, sur un console pour "les plus grands" m'avais pas mal séduit.
Le genre de jeu qu’on aurait pu balayer d’un “c’est mignon, c’est simple”, et qui pourtant revient, longtemps après, avec une chaleur douce et persistante. Dans mon cas, il est revenu avec une image très précise...
moi, allongé sur le ventre, console entre les mains, dans un coin de la salle de permanence du collège, pendant une heure de trou qu’on n’avait pas réussi à faire sauter. Ou encore moi, cherchant un petit refuge sur un jeu simple depuis le saint rétro éclairage de ma gameboy advance SP...
En soit, c'est simple de parler des jeux Kirby, c'est des valeurs sur, mais j'ai toujours eu du mal à trop en dire quelque chose. Car bien qu'excellents, c'est des jeux destinés à faire aimer le plateforming à des enfants, en le rendant simple et en faisant plus une emphase sur l'exploration et des petites énigmes qui vont demander de revenir dans les dits niveaux...
Mais ce titre a voulu justement ramener cette partie plus énigme et c'est le premier à l'avoir fait! (Attention, on est sur un remake)
Il y avait ce moment suspendu où, entre deux devoirs jamais faits, j’essayais de finir un niveau sans me faire repérer.
Le contraste entre le monde rose et cotonneux de Kirby, et la lumière blafarde de cette salle de classe, m’avait toujours amusé. C’est peut-être pour ça que je m’en souviens autant, parce qu’à cet instant-là, Nightmare in Dream Land me donnait l’impression d’être ailleurs, dans un monde pastel où le danger est doux, les ennemis gonflés comme des ballons, et où chaque pouvoir est une promesse de jeu.
Ce remake du tout premier Kirby’s Adventure (NES) réussissait déjà un petit exploit. Rendre cette aventure plus fluide, plus belle, plus vivante, tout en conservant son ADN fondamental. C’est un jeu qui ne te punit jamais. Qui ne veut pas t’épuiser, mais t’émerveiller. Le level design est volontairement simple, mais pas creux. Il te pousse à regarder, à tester, à revenir dans les niveaux une fois certains pouvoirs acquis. Il y a presque une pédagogie du jeu vidéo là-dedans, une manière de t’apprendre, tout doucement, à aimer l’exploration, le rythme, les chemins secrets. C’est pour ça que j’ai toujours du mal à critiquer les Kirby...
Ils sont faits pour accueillir. Pas pour briller et ils le font merveilleusement bien.
Mais Nightmare in Dream Land, pour une raison un peu floue, m’a toujours paru plus marquant que les autres. Peut-être à cause de sa DA retravaillée, beaucoup plus chatoyante, plus claire, plus lisible. Peut-être à cause de son rythme impeccable, où chaque monde t’amène juste ce qu’il faut de nouveauté pour garder l’envie. Peut-être aussi à cause de la variété des pouvoirs, toujours agréables à expérimenter, même s’ils ne changent pas radicalement le gameplay. Il y a cette sensation constante de liberté légère, de petite improvisation.
On avale, on copie, on s’adapte et on ne ressent jamais de pression.
Le jeu n’est pas long, mais il n’a pas besoin de l’être. Il propose une parenthèse.
Un petit voyage coloré, mélodique, presque flottant. Et même s’il est très accessible, même s’il ne propose pas un gros challenge (à moins de traquer toutes les zones secrètes), il laisse quelque chose derrière lui. Ce n’est pas de la difficulté qu’il tire sa force, mais de sa capacité à créer une atmosphère, cette sensation de douceur permanente, de bienveillance visuelle, sonore, ludique.
Et puis, quand on regarde bien, il y a tout de même de vraies idées. Les mini-jeux en multi, les boss variés (dont certains bien plus coriaces qu’ils n’en ont l’air), le monde final plus tendu, plus mystérieux, avec cette ombre du Nightmare qui plane en silence... Il y a une dualité subtile entre la tendresse de la forme et l’étrangeté du fond. Une sorte de conte étrange, pastel, où le héros se bat contre un cauchemar avec des éclairs de feu et des bulles d’air.
Clairement un jeu que je recommande pour commencer le jeu vidéo, pour éveiller à ce média et probablement l'un des premiers titres que je ferais essayer à mes enfants. Amusement garantit!