La Naissance d'un Dragon, et la Mort Cérébrale d'une Licence


Quand ce jeu est sorti, les sites "pro" ont (quasi) unanimement applaudit le baroud d'honneur du petit dragon violet, le gratifiant de notes mirobolantes qui, aujourd'hui, me semblent plus dictées par une nostalgie certaine que par la raison pure... "Le cœur a ses raisons que la raison ignore", dit-on. Apparemment, les critiques de jeu aussi. Spyro ne vaut certainement pas la trentaine d'euro que j'ai du déboursée afin de l'acquérir, or cette acquisition ne s'est faite que sous les conseils de forum de jeux.
Conclusion : ça fait mal de se faire mener par le bout du nez. D'autant que la note sur ce même site est encourageante...

Flashback

C'était il y a une dizaine d'années, maintenant. Devant mes petits yeux d'enfant naïf gambadait pour la première fois Spyro, premier du nom, tout en pixel et texture typiquement Playstation 1... et qu'est-ce que ça m'a amusé...
Bon, 'faut pas non plus se voiler la face : le petit garçon dragon courageux qui va sauver les autres malgré sa toute petite taille et qui triomphe à la fin, c'est un cliché. Mais le cliché était tout de même divinement servit, déjà dans le premier épisode, encore plus dans les suivants, avec, notamment, une véritable personnalité des niveaux, dotés d'ennemis grossièrement similaires mais chacun adaptés au monde dans lequel on entre. Des personnages plus ou moins attachant venaient offrir de la richesse au tout déjà plutôt bien remplis, et on évoluait au milieu de cela avec les oreilles pleines d'une bande-son absolument géniale pour l'époque. Malgré ses air bébé, Spyro était, pour moi en tout cas, très avant-gardiste : on peaufinait le jeu sur tous les plans, afin que le "tout" soit homogène. La musique va avec le niveau, qui va avec les énigmes (simples, mais amusantes), qui va avec les monstres, et cætera. Et puis quelle durée de vie, pour un jeu de plateforme !
D'ailleurs, il m'arrive fréquemment de le finir à nouveau, pour le fun.
Bref, que du bonheur.

Bonjour, on est en 2011 !

Le retour dans le futur est dur, dur pour le petit dragon devenu désormais ado. Les épisodes sur playstation2 , tous plus minables les uns que les autres, laisse une cicatrice béante dans le cœur du reptile, et surtout dans celui des ex-jeunes fans... Aussi passeront-nous directement à l'étape xbox 360, mais il est important de noter ce fait : on a torturé l'dragon, et on lui a arraché ce qui faisait son charme. La féérie ? Connais pas. La simplicité ? Pas dans mon dico. La continuité ? Diantre, mais qu'est-ce ?
Il part donc de très loin, notre Spyro. Il n'a plus d'amis, il est ado, moche, bête et si ça continu il va finir alcoolique.
Quand soudain... Le studio Étranges Libellules le sort du placard !
Damned !
Peut-être aurait-il dû ne pas y toucher.

Cet opus xbox se veut clairement un rattrapage des précédents manqués. Malheureusement, il ne se veut absolument pas une continuité des trois premiers.
Le résultat ?
- Des bandes-son qui passent en boucle, similaires entre chaque niveau. Et c'est même pas du top qualité...
- Des niveaux petits. TROP petits. On peut voler, je pensais que cela signifiait que les niveaux seraient grands, mais non ! On ne joue pas sur la linéarité d'un niveau longiligne avec succession de petites quêtes, mais sur des allers-retours. Gonflant, à la longue...
- On compense les niveaux trop petits par des murs invisibles au-dessus des arbres. On peut voler, mais pas au-dessus de la ligne d'arbre, nan tu fais le tour... Il me semblait avoir acheté un jeu "new generation", j'ai dû me tromper.
- Des ennemis répétitifs.
-Des souffles à n'en plus savoir qu'en faire... Et pour la plupart utiles simplement une ou deux fois dans tout le jeu.
-Parlons-en, de la durée de jeu... Ridicule. En dix heures c'était bâclé. Les anciens opus me prennent plus de temps.
- Un choix clairement orienté vers les 5-10 ans. Des répliques creuses, des vannes pour la vanne. Ne cherchez pas de sens caché, de réflexion sur la vie ou les valeurs morales. Il n'y en a pas.
-Des cinématiques à couper le souffle, et tellement bien intégrée dans le jeu...
Elle se sent, l'ironie, là ?
Parce qu'il faut que je développe, sur les cinés : même si le jeu est installé sur la console, c'est laid. La peau de Spyro est granuleuse, les autres dragon semblent sourire jusqu'au dents même lorsqu'ils se prennent une peignée, les agissement des personnages sont dans la grandiloquence et le sentimentalisme à outrance, et je ne parle même pas de cette scène sublime... si, je vais en parler, en fait. Visualisez la chose : on a là dix bons milliers d'ennemis, agglutinés autour des remparts de la ville des gentils. Aucun espoir de victoire, même si vous venez de tuer le big boss, on fait dans le 500 contre un, et chaque ennemi de la ciné se trouve être du type que l'on aime pas combattre, parce qu'il faut taper plein de fois et que ça prend du temps. Donc du coriace. Et là, PAF! Renversement de situation, les amis viennent nous aider ! Aaaah, la bataille du Gouffre de Helm transposée chez Spyro! Ah oui mais non. De derrière le gros rocher de l'entrée ultra-secrète, sept clampins surgissent, armés de bâtons ('y en a un qu'a une épée ! Une épéééée! Nan mais sans dec'...), et ils se jettent à corps perdu dans les rangs ennemis avec un cri digne de... De rien. C'est même pas digne, un truc pareil. Et repaf, on gagne, les ennemis se replient.
Vous aussi, vous le sentez, le fouttage de gueule ?
- Une fin... Malencontreuse. L'idée n'était pas mauvaise, puisqu'il fallait reprendre les éléments légués par les navets que constituent les épisodes Ps2. Mais voilà : une licence, c'est cher. Alors si on fait mourir tout le monde, comment on refait un Spyro ? Ou des goodies ? Alors du coup tout le monde il va bien, et tout le monde il est content. Faut-il en rire ou en pleurer ?

Je passe des choses, bien sûr. Surtout des mauvaises. Dans les bonnes, on a la coopération entre deux manettes. C'est une très bonne idée. Le vol infini, aussi. C'est a creuser. Mais le reste...
C'est déprimant.

Espérons juste que la série se close sur cet opus pour le moins passable. Mais vu le titre, j'en doute...
A éviter, donc, sauf si vous êtes fan, que le poster de la jaquette (que je trouve très belle, elle, au moins) est inclus dans le boîtier, que le tout est à moins de dix euro, que vous avez un pote sous la main et qu'il vous reste de l'argent pour acheter un paquet de marshmallows.
Peyrit
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le 7 oct. 2011

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Kajin
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