Life is Strange 2
7.2
Life is Strange 2

Jeu de Don't Nod Entertainment et Square Enix (2018PlayStation 4)


Cette critique contient des spoilers, vous êtes prévenus.



Ok, bon c'est parti. Même si j'ai découvert Life is Strange dès sa première annonce, j'ai « réellement » découvert la série lorsque le premier jeu fut offert avec le PS+ en 2017. Et je n'avais pas plus apprécié que ça. On nous a promis trop de choses, en particulier des choix influençant la fin pour au final se retrouver avec un simple choix (auquel on s'attend dès le premier chapitre). Beaucoup d'espoir pour un jeu qui au final, ne valait pas toute la hype dont il a pu profiter, mais évidemment, c'est un avis qui n'engage que moi. Si vous êtes curieux, vous pouvez d'ailleurs retrouver ma critique que j'ai écrite, c'est ici que ça se passe. J'ai acquis sa préquelle, Before the Storm plus tard, que j'ai à peine commencée d'ailleurs, et il faudrait peut-être que je la continue. Bref, tout ça pour dire, que contrairement à LiS1, LiS2 me paraissait beaucoup plus alléchant : j'ai tout de suite été intéressée par l'histoire des deux frères même si j'ai préféré attendre un an avant de m'y mettre (vous savez, les formats épisodiques, ça ne plaît pas à tout le monde, autant attendre que tout soit sorti). Et bref, voilà une semaine que je suis venue au bout des aventures des frères Diaz et est-ce que je l'ai apprécié ? Oh que oui.


L'histoire débute à Seattle, fin 2016. Sean et Daniel Diaz sont deux adolescent/enfant ayant des origines hispaniques (c'est important de préciser pour la suite) vivant une vie des plus normales : Sean aimerait devenir plus complice avec la fille qui lui plait, Jenn, et de son côté Daniel passe son temps à confectionner des objets. Ils vivent une vie tranquille avec leur père et voilà. Sauf que leur quotidien prend un tournant des plus tragiques puisqu'à la suite d'une altercation entre leur voisin et les frères, un policier intervient et tue leur père qui était sorti pour tenter de calmer les tensions. Suite à ça, un phénomène étrange se déclenche et Daniel tue involontairement le policier. Les deux frères doivent donc se mettre en route pour survivre et échapper aux autorités. Ils vont donc essayer de rejoindre le village de Puerto Lobos au Mexique, d'où est originaire leur père.


Alors parler du scénario dans son intégralité va être compliqué dans la mesure où d'autres joueurs n'auront pas eu la même expérience que moi vu que tout dépend des choix que fait le joueur. Il aborde beaucoup de thèmes différents :
- La famille : Sean et Daniel ayant perdu leur père et étant quasiment devenus orphelins puisqu'ils n'ont plus aucun contact avec leur mère, ça implique que les deux frères doivent se serrer les coudes quoi qu'il arrive. Pour ma part, j'ai tout fait pour que Daniel grandisse de la meilleure façon possible (aka cacher ses pouvoirs (malheureusement il ne m'a jamais écouté), ne pas jurer, stuff like that), et le lien entre les deux frères était vraiment fort. Voir jusqu'où Sean était prêt à aller juste pour s'assurer que son frère vive normalement et n'ait aucun ennui, franchement à plusieurs moments ça m'a brisé le cœur (les derniers moments de l'épisode 04, où il supplie Daniel de revenir vers lui malgré qu'il se faisait frapper par Nicholas). Et puis techniquement, lui n'a jamais rien commis de mal, c'est Daniel à l'origine de la mort du policier, et pourtant Sean endosse la responsabilité à la place de son frère. Tout au long du jeu, Daniel demandera à son frère de lui conter une histoire et ce dernier va s'inspirer de leur vie, en les comparant, eux et leur entourage à des loups. Cette personnification va suivre jusqu'à la fin du jeu, et j'ai vraiment trouvé ça émouvant qu'ils se soient comparés à des loups plutôt qu'à un autre animal puisqu'ils sont censés toujours vivre en meute en se soutenant.
- La découverte de soi : avec leur père maintenant décédé et leur mère les ayant abandonnés lorsque Daniel n'était âgé que d'un an, ils ne peuvent compter que sur l'un l'autre pour se soutenir. Mais malgré tout, LiS2 est une aventure qui pousse les deux jeunes héros à se découvrir : la mort du policier marquant la fin de l'enfance de Daniel et Sean qui, de son côté, doit endosser la responsabilité de le protéger, comme un père envers son fils. Rajouté à ça, il n'a que 16 ans, et à cet âge, on est poussés à penser à son avenir, ce qu'on veut être, ce qu'on doit être et c'est une question qui reviendra souvent d'une façon parfois implicite pendant l'histoire. Deux moments qui mettent bien en évidence cette partie : la discussion entre lui et Joan dans l'épisode 05, où elle parle de comment elle a su qu'elle voulait devenir une artiste. Ou plus encore, la partie « romance » de l'épisode 03 lorsqu'on choisit d'entamer une relation avec Cassidy, on a le choix de la suivre dans sa tente pour faire vous-savez-quoi ; j'ai trouvé que cette scène reflétait cette thématique bien plus qu'une autre et elle est particulièrement belle et tendre à regarder. On le voit extrêmement nerveux, tendu, il sait qu'il n'y aura pas de retour en arrière et pourtant il fonce. C'est une histoire composée de « premières fois », si je peux dire ça comme ça.
- Le racisme : voilà pourquoi j'ai précisé que nos deux jeunes protagonistes étaient d'origine hispanique. Leur origine va leur causer beaucoup de tracas, et ce, sur toute la longueur du jeu. Le racisme anti-mexicain installé aux Etats-Unis est réel (et bien plus depuis qu'il y a Trump au pouvoir). Alors c'est vrai que la politique dans les jeux vidéo, c'est peut-être pas la meilleure des solutions, mais là ça ne m'a pas dérangée du tout, au contraire. J'ai trouvé ça bien de mettre ça en valeur, surtout dans une période comme celle qu'on vit aujourd'hui. Y'a des dialogues qui font réfléchir (durant le dernier segment de l'épisode 05, Sean est incarcéré dans une prison avec deux immigrants mexicains et ils s'engueulent avec une pro-US). J'suis une petite nature, ça m'a beaucoup émue. Moi-même, ça m'a légèrement remis en question. Le jeu nous rabâche sans cesse qu'en plus de survivre en milieu hostile, sans pouvoir faire confiance à personne, Sean doit se confronter à des ennemis qui pourtant sont de la même nationalité que lui, qui sont pas plus différents que lui puisqu'il est né aux Etats-Unis, et pourtant...


Malgré tout ça, le scénario n'est pas parfait non plus. Sean se mange énormément de choses dans la gueule, c'est un fait. Mais beaucoup trop. Selon moi, y'avait beaucoup trop d'éléments qui étaient inutiles. À certains moments, ça en devenait ridicule, surtout que certains auraient pu être évités (la fin de l'épisode 03, même si elle m'a laissée bouche bée, elle aurait pu être évitée, pareil pour le passage avec Daniel endoctriné par Lisbeth, ou encore le moment où Sean se fait humilier par deux pro-US alors qu'il dormait dans une voiture au milieu de nulle part...) autant tout ça m'a beaucoup fait de peine, c'était trop. Dans sa globalité, j'ai trouvé le jeu très bon, bien équilibré, mais certains épisodes étaient moins intéressants que d'autres (l'épisode 02 est le moins bon de l'histoire pour moi, au détriment des épisodes 03 et 05 qui sont les meilleurs).


Les personnages sont pour la plupart tous très attachants. Je me suis attachée à Sean dès les premières minutes, après tout, j'ai beau avoir passé la vingtaine, j'me sens toujours comme une adolescente, je n'ai pas encore la sensation d'être une adulte et les crises identitaires, les crises de nerf, les moments de détresse... tout ça je connais et j'me suis reconnue dans son personnage. Et puis Sean, je ne vois pas comment on pourrait le détester, le gars a littéralement sacrifié sa vie et son avenir pour son petit frère, le gars n'a jamais rien demandé et il se mange tout dans la gueule. À côté, Daniel... bah c'est un enfant donc autant j'peux comprendre son comportement parfois, mais y'a eu des scènes où vraiment, la seule chose que je voulais c'était que Sean l'abandonne quelque part (puis après, j'ai réfléchi au fait qu'il n'a que 9 ans). Parmi les personnages secondaires, je regrette qu'on ait pas vu Lyla plus que ça, elle m'avait l'air d'être une fille super chouette. J'ai eu un gros coup de cœur pour Cassidy aussi (que je trouve d'ailleurs sublime), c'est dommage qu'on ne l'ait pas vue plus que ça. J'ai cependant une petite remarque à faire concernant Karen, la mère des deux frères : est-ce que y'a que moi qui a été choquée qu'elle dise ouvertement à son fils qu'elle ne regrette pas de les avoir abandonnés parce que la vie en famille c'était pas son truc ??? Genre, sérieusement ? J'suis tombée des nues quand elle a sorti ça, vraiment.


Bref. Alors si dans le premier jeu, la fin se résumait au choix (attention, qu'on aurait jamais pu prédire) qui était soit de sacrifier Arcadia Bay ou bien Chloe, ici, non, les choix impactent réellement sur l'issue du jeu. La façon dont on « éduque » Daniel tout du long, sans compter bien sûr du choix final (se rendre ou bien passer la frontière), en fonction de nos actions passées, on obtiendra une fin différente. En ce qui me concerne, j'ai eu la fin où Sean traverse la frontière et Daniel finit par être adopté par ses grands-parents. Honnêtement, vu toutes les situations rocambolesques dans lesquels les deux héros se sont fourrés pendant leur périple, je ne pensais pas qu'il puisse y avoir une fin « heureuse » et quand bien même cette fin n'est pas si « heureuse » que ça (puisque les deux frères sont séparés), je trouve qu'ils s'en sont bien sortis quand je vois la gueule des autres. En particulier Rédemption, j'aurai vraiment pas pu supporté avoir cette fin.


Sinon, niveau gameplay, bah c'est le même principe qu'un autre jeu type histoire interactive, tu guides ton personnage (Sean, en l'occurrence, on peut seulement guider certaines actions de Daniel pour utiliser son pouvoir), tu interagis avec l'environnement et grosso modo... Ça se résume à ça. Mais bon, c'est ça une histoire interactive, c'est pas le gameplay qui compte, le principal c'est le scénario, et pour moi, le scénario, bien que pas dénué de défaut, il reste très bon. Les épisodes sont relativement longs, je sais que certains m'ont demandés plus de trois heures, je ne m'attendais pas à une aussi « grosse » durée de vie !
Toutefois, comme toute histoire interactive, il n'y a aucune replay value ; rejouer ne sert strictement à rien puisque pour moi les jeux comme ça dépendent de tes choix personnels. Faire une seconde partie avec d'autres choix... J'sais pas, c'est pas « naturel » pour moi.


Le jeu est assez limité graphiquement (je ne sais pas quel genre de jeu est LiS de ce côté-là, est-ce un AA ?), quand on voit LiS et A Plague Tale : Innocence (par exemple) on distingue une grosse différence visuelle ! Malgré tout, le titre nous offre des paysages absolument magnifiques (le canyon dans l'épisode 05, ou la forêt enneigée dans l'épisode 02), donc c'est toujours ça à prendre.


Tout comme le premier jeu néanmoins, il dispose d'une bande-son impeccable. J'ai été surprise d'entendre Dance du groupe Justice, ça m'a refoutue en enfance, moi qui écoutais cette musique sans cesse, hahahaha. Le doublage est irréprochable aussi, je tiens à saluer les performances de Gonzalo Martin et Roman George (les doubleurs de Sean et Daniel respectivement); je pensais qu'ils avaient enregistrés leurs conversations en duo ensemble mais non, apparemment ils étaient pour la plupart du temps en solo pendant les enregistrements. Donc chapeau à eux, j'ai beaucoup aimé leur boulot, ils mettaient beaucoup d'émotions dans leur dialogue.


Je pense avoir fait le tour, en résumé, là plutôt qu'attendre de l'avoir gratuitement, j'ai acheté le jeu et autant dire que je ne regrette absolument pas mon achat, pas le moins du monde. Les héros me manquent énormément, mais bon, c'est comme à chaque fois que je finis un jeu que j'ai apprécié, haha. Si vous aimez les scénarios émouvants, vous serez servis. Et puis, pas la peine de le préciser, mais si vous avez apprécié le premier jeu, courez prendre LiS2 et ça vient de quelqu'un qui ne l'a pas apprécié plus que ça ;)
D'ailleurs, il y a certains clins d'œil pour les plus nostalgiques !

Neoxyxia
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le 15 janv. 2020

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