J'ai eu la chance de trouver à prix réduit une compilation Triple Pack réunissant en "solide" 3 succès du XBLA : Splosion-Man, Trials HD et Limbo, qui m'avait fortement intrigué après avoir essayé la démo sur le PSN (et lu le test de Gameblog). Le prix relativement élevé du jeu (environ 13 €) m'avait incité à attendre une éventuelle baisse de prix. Mais au final, je pense que même 2 fois plus cher, le jeu mériterait autant l'achat.
Au niveau de la réalisation et du gameplay, Limbo érige le minimalisme en qualité. Les graphismes sont en 2D et uniquement en noir et blanc, mais sublimes : effets de profondeur hallucinants, brume mystérieuse, animations bluffantes (pour le peu d'êtres vivants que l'on rencontre). L'immersion dans ce monde froid mais poétique n'est de plus nullement amoindrie par l'interface, tout bonnement inexistante : pas de jauge de vie (et pour cause !), de score, de timer. Aucun découpage en stages ou de chargement : il ne faudrait presque ressortir du jeu qu'une fois terminé (ce qui est possible d'une traite mais j'y reviendrais). Les musiques sont quasiment inexistantes, renforçant encore plus la nature inquiétante de cet univers, où les seuls artefacts sonores seront à craindre (grincement d'une scie, grésillement d'un néon, ...).
Au niveau du gameplay, 2 boutons : saut et action. On se croirait revenu au temps des 16 bits, et tant mieux !
La narration se fait également minimaliste : pas de dialogues, de narration. Tout au plus on suppose que le héros, qui se réveille au début du jeu, tente de retrouver sa soeur dans les Limbes (un espace où sont rassemblés les âmes non baptisées dans la religion chrétienne, notamment les enfants morts avant le baptême). Après cette amorce, les (très courtes) cutscenes se comptent sur les doigts d'une main, pour ne laisser cours à rien d'autre que les pérégrinations solitaires du héros, jusqu'à une fin très troublante.
Mais contrairement à Jean-Jacques Rousseau, le héros n'intitulerait pas son périple les Rêveries du Promeneur Solitaire, mais plutôt Voyage au bout de l'Enfer. L'environnement est effectivement hostile au plus haut point, et la mort sera votre lot quotidien. La moindre erreur vous verra mourir dans d'atroces souffrances : empalé par une araignée monstrueuse, coupé en 2 par une scie circulaire, cou brisé par une chute, noyé dans une étendue d'eau traîtresse. Le joueur est puni pour sa négligence, et pour autant on en redemande : le jeu n'est pas extrêmement difficile (malgré des derniers tableaux bien plus ardus) et les puzzles pas foncièrement compliqués avec du bon sens.
La faible durée de vie du jeu (environ 4 heures) est un faux problème : plus long, le jeu aurait perdu en intensité. Ici, aucun temps mort : les environnements s'enchaînent sans discontinuité, créant un monde cruel mais sublime.
Limbo, plus qu'un jeu, est une expérience intense, là où tout n'est qu'est qu'ordre et beauté, dépouillement, calme et cruauté. Un titre qui en remontre à bien des grosses productions sans âme.