Mémoire défectueuse

*bruit de camescope qui démarre* Ok, ça tourne. Salut, moi c'est Lola, et euh, j'aime bien écrire des critiques en ce moment, enfin, ça me plait quoi. J'ai grandi dans les années 90 alors ouais, parfois je deviens un peu nostalgique de cette époque. Et vous voyez, je suis tombée sur ce jeu ; Lost Records. Et justement, l'histoire se passe à cette période. En plus c'est un jeu narratif, j'aime les narratifs vous savez. Enfin bref. Du coup j'vais donner mon avis dessus, c'est le but de cet enregistrement, non ? Alors... est ce que cette prise sera la bonne ?

❤ Lost Records est avant tout un jeu sur les amitiés intemporelles, à travers le regard de ses 4 héroïnes. Non sans rappeler Stand by me, on suit des adolescentes un peu marginales, qui vont se trouver et se comprendre pour former un lien fort et complice. Le jeu prend le temps de créer ce lien très touchant entre elles et de le développer, qu'il reste platonique ou non, au point où on ne pourrait même plus imaginer le groupe sans l'une d'elles. Leurs énergies s'entremêlent dans une alchimie unique, et on finit par se sentir nous même proche d'elles, comme une ombre silencieuse les accompagnant pendant leur été mémorable.

Ainsi, lorsque l'on revient au présent, on ressentirait presque une certaine amertume de les voir ainsi, vieillissante et essayant de recoller les morceaux de leur passé. Et le jeu a bien compris l'impact de cette amitié car au final, tous les embranchements sont dépendants exclusivement des relations entre les filles selon nos interactions. Du coup, on ressent d'autant plus chaque rapprochement... ainsi que chaque déchirure.

❤ Que c'est beau... genre, vraiment. Le souci du détail est impressionnant ; les textures de la peau avec ses imperfections, le reflet dans les yeux des personnages, la lumière qui filtre à travers le feuillage, les reflets de l'eau... Le jeu nous offre même des points de contemplation et il a bien raison de nous en faire profiter. Et non seulement c'est magnifique mais c'est aussi profondément nostalgique : on est totalement plongé dans cette vibe 90's. Entre tous les petits objets et jouets de l'époque, les décors et les vêtements rétro, le jeu saura toucher la sensibilité des plus vieux, ou immerger les plus jeunes dans cette période singulière. On aimerait en garder une trace.

❤ Ça tombe bien, on a une caméra pour ça. On peut alors immortaliser des moments de vie pour remplir notre mémoire d'été, comme des collectibles à découvrir. Et encore mieux : on peut choisir et monter nos vidéos pour les ajuster au mieux pour le rendu final. On se met alors à chercher les meilleurs angles, les bons timings, on zoome, on dézoome... Et parfois on filme juste par pure plaisir, comme pour figer l'instant. La caméra devient plus qu'un simple gadget, mais un outil d'expression à part entière.

❤ Il n'y a pas à dire, Don't Nod sait choisir sa BO. Entre morceaux chills et planants, les nappes électro aux airs mystérieux rappelant un peu Stranger Things, et cette chanson rock très marquante à l'énergie adolescente, tout y est pour nous plonger dans l'ambiance. La musique accompagne chaque scène et participe même à renforcer les souvenirs nostalgiques que l'on gardera du jeu.

https://www.youtube.com/watch?v=lYUud9aKKlU

+/- Comme dans tout jeu Don't Nod, le joueur participe à la trame de l'histoire, que ce soit dans le choix des dialogues et dans certaines actions. Cela rend l'expérience plus personnelle, mais aussi chaque partie unique si on tient à revivre l'expérience. Mais voilà, beaucoup de choix m'ont paru assez superficiels. Certes, ils influencent surtout les relations formées entre les personnages, ce qui est en soit le cœur du jeu. Mais l'ensemble reste très peu différent, j'aurais aimé des chemins plus distincts et sentir encore plus le poids de mes décisions.

✖ Il y a un véritable problème de rythme entre la tape 1 et 2. La première prend son temps, peut-être un peu trop, pour installer l'ambiance et tisser les liens entre nos personnages... tandis que la deuxième partie semble foncer à toute allure. L'histoire se précipite sans prendre le temps d'eclaircir certains mystères, notamment autour de l'abysse, sur lesquels on aurait aimé avoir quand même un peu plus de clefs pour les déchiffrer. Ainsi, la promesse finale devient extrêmement confuse, on n'en comprend pas les réels enjeux et cela engendre plusieurs incohérences scénaristiques. En ce qui concerne les protagonistes, leurs actions deviennent presque incohérentes tant leurs changements de comportement sont brusques. Je pense par exemple à Corey, qui semblait, à la fin de la première partie, être un antagoniste plus nuancé qu’il n’y paraissait… Au final, il devient juste une carricature et perd totalement en crédibilité dans son développement.

✖ La gestion des répliques en jeu vient elle aussi ralentir davantage le gameplay. Il arrive très fréquemment que les répliques se chevauchent, notamment lorsqu’un dialogue se déclenche alors qu’on est en train d’explorer et d’interagir avec des objets. Résultat : soit il interrompt brutalement celui en cours, soit les deux se superposent. On se retrouve alors à attendre bêtement que le personnage ait fini de parler pour pouvoir continuer de faire quoique ce soit. Et comme le jeu assume déjà un rythme lent, ce qui en soi ne me dérange pas, ces interruptions répétées finissent par alourdir la progression.

✖ Difficile également de ne pas mentionner les nombreux bugs techniques ; crash du jeu, les vidéos filmées qui disparaissent toutes seules pendant le montage, la synchro douteuse entre les répliques et les mouvements des personnages... pour un studio comme Don't Nod, on aurait aimé un plus de finition à la sortie du jeu.

Voilà... je ne peux pas m'empêcher d'avoir de l'affection pour ce jeu, parce que forcément il me replonge dans mes propres souvenirs d'enfance et sait exactement où appuyer pour toucher juste. Son histoire ? Je l'oublierais certainement assez vite ; pas assez fignolée et trop peu subtile dans sa seconde partie. Mais ces filles ? elles, je les oublierai pas. J'ai aimé suivre leur petite bande jusqu'au bout... et ma propre bande est sur le point de se terminer d'ailleurs. Alors... coupé !