Etant un joueur assidu de la franchise Mafia depuis ma tendre adolescence, j'attendais beaucoup de ce jeu et je n'ai pas été déçu. Ici, nous disons au revoir à la lassante formule du monde ouvert, on est sur un véritable jeu cinématographique qui est très rafraichissant et qui ravira bien entendu les admirateurs du cinéma italo-américain qui a magnifiquement mis en évidence et décortiqué l'univers du crime organisé, ou les lecteurs de gens comme Jacques de Saint-Victor ou Jean-François Gayraud. Le parti pris ici est intéressant puisqu'il choisit de situer l'action en Sicile au début du XXe siècle, alors même que la mafia est encore embryonnaire - dont on atteste la parcellaire existence depuis le Risorgimento italien et le système gouvernemental post-unitaire qui en suivi. La mafia à ce moment-là était véritablement née à Naples, en Calabre, mais aussi et surtout en Sicile.
La Sicile de ce jeu y est une vraie mosaïque de paysages : campagnes verdoyantes, littoraux escarpés, ruines anciennes, vignobles, oliveraies, villages pittoresques et la ville fictive de San Celeste (déjà aperçue dans Mafia II). Je trouve que l'écart générationnel de la PS5 se voit particulièrement dans ce jeu, notamment dû au fait que chaque PNJ semble avoir son propre visage modélisé. Il y a une vraie ambiance visuelle empruntée de poésie que j'adore, j'ai été particulièrement marqué par la mission introductive du jeu qui monte notamment le volcan surplombant la mine, pour avoir visité le Vésuve quelques jours auparavant en Italie, ça m'a vraiment pris au trippe.
Le jeu retranscrit magnifiquement l'ambiance politico-mafieuse qui règne. Il fait également plaisir aux fans de la 1ere heure en faisant ce que les autres jeux Mafia faisaient : faire revenir des personnages emblématiques, ici, au début du XXe siècle, les quelques grands pontes comme Frank Vinci ou Leo Galante sont présents alors qu'ils ont probablement le début de la trentaine, ainsi que d'autres personnages plus mineurs. Ils ont également recrée la même place de marché en Sicile que l'on voit au début de Mafia II, dont le chapitre 1er s'appelait déjà The Old Country.
Maintenant, il est vrai que du point de vue purement vidéoludique, il y a de quoi décevoir. Ce sont des défauts que l'on peut noter mais qui ne m'ont pas dérangé personnellement (d'où ma note élevée), n'étant pas un joueur invétéré, on peut donc effectivement remarquer que si les décors sont visuellement splendides, l’interaction reste limitée. On croise des vendeurs, des charrettes, mais l’exploration sert surtout la narration, sans véritable interactivité poussée : peu de PNJ actifs, pas de négociation sur les marchés, bâtiments souvent fermés, missions secondaires quasi absentes.
La bande-son privilégie des sons organiques : grillons, sabots, clochers, bruits naturels plutôt qu’une musique omniprésente. Pour ma part, j'ai fait le choix de dialogues en dialecte sicilien pour renforcer l’authenticité et le sentiment d’être plongé dans cette époque. C'est pourquoi je dirai que Mafia: The Old Country ne propose peut-être pas un monde ouvert foisonnant, mais il offre une immersion visuelle et narrative rare, où la Sicile elle-même devient la toile de fond puissante, brute et authentique d’une histoire mafieuse aux origines. Ce qui n'est franchement pas pour me déplaire.