Majesty 2: The Fantasy Kingdom Sim par Gaor
Rigolo ce sim-RTS. Acheté en promo sur Steam (7,50 €), Gamekult me l'a un peu survendu avec un 7/10 excessif mais le concept est bonnard. Jugez Pluto : tu es seigneur dans un monde heroic-fantasy et tu dois élever des champions rasés de près, des héros. Quand ils sortent de l'école, ils sont niveau 1, à chier, et paniquent face aux loups qui agressent continuellement tes paysans. Ils bombent le torse quand ils gagnent leurs duels et montent en XP mais courent se barricader dans leur école dès que leur vie est mise en danger — quand ils ne meurent pas en fuyant. Car c'est là la particularité de Majesty 2 : tu ne contrôles pas directement tes héros. Ils ont chacun un caractère unique (nous dit-on) et décident de leurs actions. La seule carotte à ta disposition pour les faire se bouger à peu près comme tu le souhaites est la récompense pécuniaire. Si une tanière d'ours sauvages à l'ouest du campement te pourrit la vie, tu n'as pas d'autre choix que de placer un petit drapeau "attaque" dessus et de monter les enchères. Selon leur niveau, les héros seront ou non intéressés pour aller rosser les bestioles et empocher les thunes. Offre 100 pièces et c'est le héros le plus pourri, celui qui n'a aucune chance de venir à bout des monstres, qui se portera volontaire. Offre 2000 pièces et c'est une dizaine de héros, dont les plus balèzes, qui se tireront la bourre pour taper le jackpot. Idem pour explorer la carte ou défendre un point précis.
Autre particularité : des robinets à ennemis émergent un peu n'importe où, surtout juste à côté de ton campement si ce n'est pas carrément à l'intérieur (ils sont matérialisés par une grille d'égouts, par exemple). Des petits ennemis relous en sortent en permanence. Crois-tu que tu puisses détruire ces points de spawn ? Sûrement pas. Au début on trouve le système mal branlé, on se dit que c'est naze d'avoir en permanence des rats géants qui bouffent les mollets de nos paysans. Mais on comprend vite la raison de ce choix de game design : ce sont là des sources d'XP nécessaires à l'évolution des héros.
Il n'y a pas grand chose à faire à part observer. Les héros se baladent dans le campement et éclatent tout ce qu'ils croisent. Le joueur se concentre plutôt sur les upgrades et la construction de nouveaux bâtiments/unités. Le système est ainsi fait que ça bastonne TOUT LE TEMPS. Zéro répit (pour l'IA, parce que le joueur, lui, peut aller se boire un Coca en attendant que l'or afflue, via un système économique astucieux).
On regrettera la taille des maps, assez petites, et la médiocrité récurrente des objectifs (tuer le gros machin en haut de la carte). L'équilibre des missions est bancal (le début de certaines est infernal de difficulté) et la mécanique de jeu se comprend trop vite. Finalement, ce sont les débuts de mission les plus difficiles, durant lesquels les choix de construction/upgrade sont importants. Mais une fois qu'on arrive à une dizaine de héros de niveau 9-10, on peut commencer à se renfoncer dans son fauteuil.
En fait, le concept est tellement inédit (du moins pour moi) et bien huilé que j'y reviens toujours ! J'adore voir grossir mon campement et mes héros devenir des tueurs en puissance, créer des coteries panachées (sorcier, nain, elfe, archer). Et ce sentiment d'avoir bâti un royaume intouchable après une demi-heure de jeu a quelque chose d'addictif. Je regrette que l'humour soit si hésitant et consensuel. Le jeu aurait gagné à moquer davantage les poncifs de l'heroic-fantasy et à oser la franche parodie.