Mato Anomalies
Mato Anomalies

Jeu de Arrowiz et Prime Matter (2023PlayStation 4)

Après une aventure horrifique aux accents de New Age avec The Chant, mené des retrouvailles avec une vieille licence en la compagnie de Gungrave G.O.R.E, une exploration sur une planète perdue dans Scars Above, Prime Matter nous invite au sein d’une dystopie néo-futuriste au sein de Mato Anomalies. Oeuvre d’Arrowiz, studio chinois, Mato Anomalies n’est pas leur premier essai puisque Arrowiz a déjà plusieurs titres à son actif comme Beats Fever ou encore Hermitage Strange Case File dont la direction artistique n’est pas sans rappeler Mato Anomalies.


L’esthétique même du titre m’a attiré avec cette ambiance cyberpunk couplée à la culture chinoise, mélange qui m’a rappelé F.I.S.T même si ce dernier lorgnait plus du côté du dieselpunk. Une fois manette en main, l’inspiration des titres Atlus comme Shin Megami Tensei et Soul Hackers se fait sentir que ce soit dans quelques éléments du gameplay que dans la fondation de la fine équipe. Cela ne suffit pas, pour autant, à conférer à Mato Anomalies une envergure propre à marquer les esprits.


Se débattre dans un panier de crabes


Détective à son compte, Doe accepte tous les contrats qui se présentent mais œuvre, surtout, auprès de Belladone, femme ayant ses entrées partout, au bras long et au réseau tout aussi étendu. Cette fois, sa requête auprès de Doe amène ce dernier à remonter un trafic de neuromatière. Arrivé sur place, plus de trace du produit. Ce qui attend Doe n’est autre qu’une brèche l’emportant dans un univers alternatif peuplé de créatures cauchemardesques. Un dénommé Gram, habitué des lieux, l’en extirpe et lui explique la nature de cet étrange univers. Nommés les Antres, ces portes renferment des êtres qui s’en prennent à la stabilité mentale des humains pouvant les mener jusqu’au suicide. Un fléau que Gram tâche d’endiguer et à qui Doe va prêter main-forte tout en se rendant compte que ses affaires sont peut-être liées à cette dimension parallèle.


Découpé en huit chapitres plus un épilogue, Mato Anomalies propose une structure assez simple pour faire progresser son récit. Une partie se déroule en ville, aux côtés de Doe, afin de mener les investigations et dialogues nécessaires à l’avancée de l’histoire mais aussi à l’acquisition de quêtes secondaires. La partie exploration s’accomplit avec Gram et le reste de l’équipe au sein des Antres, véritables donjons qui se réalisent en quelques minutes puisqu’il n’y a aucune construction en labyrinthe. Si l’absence de décor au sein de Soul Hackers 2 vous a dérangé, Mato Anomalies risque de vous déplaire puisque les donjons se présentent sous la forme de plateformes suspendues. Les quelques variations se font via l’écran de fond servant de décorum et des ennemis croisés.


Chaque chapitre (jusqu’au cinquième) vous accordera un nouveau partenaire montant le nombre de combattants à six, sachant que votre équipe peut en accueillir quatre maximum. Chacun d’eux est spécialisé dans une approche que ce soit l’attaque frontale, l’attribution de bonus et de malus, la rapidité d’exécution, etc. De plus, deux types d’armes sont attribués à chaque personnage et leurs compétences sont différentes selon celle utilisée, offrant donc plus de possibilités d’approche. Par contre, l’équipement ne se présente pas sous sa forme habituelle. Votre équipe constitue une entité en elle-même. La combinaison des points de vie individuels est la seule prise en compte en jeu. Aucun membre ne meurt seul : votre ennemi devra vider entièrement la jauge de vie de l’équipe. C’est donc victoire ou game over ! Quant à l’équipement, il se présente sous forme de puces à placer dans un sphérier, attribuant ses bienfaits à toute l’équipe.


Concernant les combats, on retrouve le classique tour par tour formule simple mais efficace avec une inspiration de Shin Megami Tensei concernant l’usage des faiblesses de l’ennemi. Même si je trouve que le système ne va pas aussi loin que son aîné. Je n’ai pas toujours eu la sensation de « gagner » des tours en exploitant la faiblesse adverse. Mato Anomalies proposant trois modes de difficulté pouvant être modifiée à tout moment, vous pouvez moduler selon vos envies. Le jeu ne se veut pas punitif (hormis pour le boss final mais nous y reviendrons). Le titre propose une traduction française intégrale et plusieurs options en termes de doublage : chinois, japonais et anglais.


Du côté de Doe, le détective n’est pas dénué de compétences. Ses activités l’amèneront parfois à croiser de fortes têtes dont il faudra briser les convictions via un piratage mental. Pour cela, des decks de cartes sont mises à disposition, chacune liée à un membre de votre groupe dont une forme plus aboutie sera acquise après avoir progressé dans votre relation avec le/la concerné(e). Afin de faire céder votre cible, vous devez réduire sa barre de vie à néant en usant de vos cartes, à l’image d’une partie de Magic The Gathering ou d’un Yu Gi Oh. Votre adversaire sera secondé de « démons », des entités qui lui confèrent des bonus et qu’il faudra détruire pour pouvoir progresser. Certaines sessions de piratage sont proches de l’énigme. Heureusement, au bout de trois essais infructueux, il vous est proposé de passer cette étape sans aucune incidence sur la suite des évènements.


Se laisser gagner par la lassitude


Si au début je me suis laissée prendre dans la toile de Mato Anomalies, ne serait-ce que par son ambiance, au fur et à mesure du temps qui passe, ma motivation a aussi décrue. Et il aura fallu qu’un bug m’empêche de vaincre le boss final pour jeter l’éponge. Le titre recèle de bonnes idées mais peine à convaincre sur le long terme. Cela se sent que Arrowiz voulait miser sur sa narration allant jusqu’à proposer une option permettant de mettre les combats en mode auto (ce que j’ai fait, d’abord pour les simples ennemis, puis même les boss). L’intrigue se complexifie mais de façon si brutale que je suis incapable de me rappeler les détails de ce basculement tant le titre entrecoupe aussi ses chapitres d’allocutions alambiquées. Notez que je me base sur la traduction française pour juger cela. Le titre est très verbeux, ce qui ne me dérange pas outre mesure, sauf quand, et c’est malheureusement le cas ici, les dialogues se perdent en circonvolutions au lieu d’aller droit au but.


Pourtant, à côté, le casting reste plaisant à suivre tout autant que la constitution du groupe. Chacun possède ses propres motivations, s’allie, plus ou moins de bonne grâce, à Doe pour faire front commun. Doe est l’archétype du gars pas méchant mais n’ayant aucune chance de survie en milieu hostile. A ses côtés, on retrouvera une voleuse dénuée de scrupules surtout si ses actions touchent les hauts dignitaires, un soldat rescapé d’un conflit et vivotant avec ses traumatismes, une mercenaire misant sur l’action avant la réflexion ou encore une artiste qui, malgré sa notoriété, est aussi libre qu’un oiseau en cage.


De même, la cité a un charme ne serait-ce que via les quelques quartiers que l’on peut traverser. Loin d’être un open world, Mato Anomalies privilégie quelques zones à explorer : la carte du monde permet de s’y téléporter et se présente comme la carte de métro de la ville. En dehors des PNJs avec lesquels échanger, ces zones proposent quelques boutiques. Je regrette que certains quartiers soient grands juste pour conférer un sentiment d’espace qui n’est exploité qu’à moitié. Néanmoins, ils ont chacun leur ambiance et participent à la direction artistique du titre qui mérite d’être saluée.


Malheureusement, la narration alambiquée n’aide pas à s’immerger. Tout comme les quêtes annexes qui consistent, 90% du temps, à simplement nettoyer une Antre de ses occupants. Quant à celles liées aux compagnons, ce ne sont que de simples lignes de dialogues. Mention tout de même à la conclusion de celle de Mist qui propose un clip musical (malheureusement sous-titré seulement en anglais).


Il existe bien des Antres annexes qui peuvent vous servir à glaner de l’expérience et des armes rares mais l’intérêt s’arrête là. Surtout que le titre n’est guère difficile jusqu’au pic de difficulté extrême du dernier boss. Même en Facile, il n’est guère aisé à vaincre, d’autant plus si vous subissez le même bug que moi. A savoir que je ne peux pas utiliser d’attaque spéciale pour contrer la sienne, sinon c’est l’écran vert et arrêt automatique de l’application. En dehors de cela, ce boss peut instantanément réduire votre équipe à néant à l’aide de son attaque spéciale. Et vous n’avez droit qu’à un tour par membre de l’équipe pour détruire l’arme afin d’éviter cela. Je n’explique pas ce pic de difficulté sachant que le titre propose de multiples formes d’accessibilité que ce soit les combats automatiques, idem pour l’équipement pour avoir la meilleure optimisation ou encore passer les sessions de piratage mental.


Surtout je pense que Mato Anomalies souffre de la comparaison avec ses aînés. S’il a été décrié, je me suis bien plus amusée sur Soul Hackers 2 ne serait-ce que par son gameplay nerveux et les combinaisons possibles avec les multiples démons. On peut augmenter la vitesse d’animations au sein de Mato, mais cela n’empêche pas des mouvements saccadés, voire des ralentissements bruts comme si le jeu allait stopper net (surtout lors du combat final). Le titre comporte beaucoup de temps de chargements (à chaque changement de carte). Il y a aussi ces moments où, au sein des quartiers, on croise le même PNJ dupliqué en une dizaine d’exemplaires juste devant nous. Tout comme la transition entre in-game et cinématique est parfois très brute, rendant l’action confuse. Ces instants m’ont sorti du jeu, empêchant mon immersion.


Aparté sur les trophées


Comme nombre de jeux du label Prime Matter, le platine de Mato Anomalies demeure largement accessible. En dehors de l’histoire, vous devrez accomplir toutes les quêtes secondaires du titre. Au sein des Antres, il vous faudra remporter cinquante combats, ouvrir 50 coffres, obtenir un certain nombre d’armes et de puces d’équipements. Autant d’éléments que vous obtiendrez en avançant au sein du jeu. Le trophée le plus tatillon reste celui de débloquer tous les talents de vos compagnons, ce qui pourra réclamer un peu de farming au sein des Antres, tout comme obtenir une arme légendaire de chaque type.


En résumé


Les ambitions de Mato Anomalies ne vont pas jusqu’au bout de leur concept : peut-être par manque de moyens ? La narration, parfois cryptique, pourra laisser plus d’un joueur sur le banc. Pourtant on ne peut nier une originalité dans la direction artistique (les titres mêlant culture chinoise et cyberpunk sont encore peu nombreux à nous parvenir). L’influence des titres Atlus comme Shin Megami Tensei n’est nullement une gêne mais fait d’autant plus ressentir le fossé entre les deux. J’aurais vraiment voulu aimer Mato Anomalies mais, il faut croire que le catalogue Prime Matter ne m’est pas destiné.

So-chan
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le 11 mai 2023

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