NARRATION
Histoire : ★★★★★
1964. Guerre Froide, post-crise des missiles de Cuba. Le soldat d’élite Naked Snake est envoyé en mission secrète sur le sol de l’URSS afin d’exfiltrer Nikolai Sokolov, scientifique russe en passe de développer une arme nucléaire révolutionnaire. Parachuté seul dans la jungle soviet, Snake sera contraint d’utiliser les techniques de survie et de combat que lui a transmises son mentor The Boss, guerrière de légende lors de la Seconde guerre mondiale. Seulement voilà, The Boss va finalement trahir son pays pour déserter chez l’ennemi, et Snake va rapidement se voir assigner une nouvelle mission, qu’il devra mener bien malgré lui : abattre celle qui a été pour lui comme une mère de substitution, voire peut-être même son amante…


Prenez un récit d’espionnage, saupoudrez-le de péripéties et de romances, ajoutez-y une réflexion sur l’absurdité de la guerre, puis une petite dose de fantastique pour pimenter le tout, et vous obtiendrez la cultissime aventure narrée par Metal Gear Solid 3 ! En proposant un scénario moins touffu mais plus touchant que son prédécesseur, Snake Eater gagne en lisibilité ce qu’il perd en complexité, délaissant le mille-feuille narratif de Sons of Liberty pour délivrer une histoire plus immédiate et surtout plus haletante. Côté mise en scène, nous sommes en terrain connu, puisque les cutscenes sont toujours aussi soignées et débordantes de références au cinéma d’action, les films James Bond en tête. Le tout forme une épopée inoubliable, regorgeant de scènes mémorables, de rebondissements et de thématiques passionnantes : un classique indémodable.


Personnages : ★★★★★
Pour la première fois dans la saga, le joueur n’incarnera jamais l’iconique Solid Snake (préquelle oblige), puisqu’il sera aux commandes de celui qui deviendra plus tard Big Boss, l’antagoniste principal de la série. En faisant ce choix, MGS3 n’y perd toutefois nullement au change : Naked Snake déborde en effet de charisme, tout en gardant la personnalité bourrue qui faisait déjà le charme de son clone. Les personnages secondaires ne sont non plus pas en reste, à l’image de la femme fatale Eva ou de l’impétueux Ocelot, dont on découvre ici la jeunesse. Mais la véritable star de Snake Eater restera bien sûr The Boss, cette fascinante soldate légendaire dont chaque apparition renforce le sentiment de crainte et de respect que lui porte Snake. Et que dire de la fin du jeu, qui offre à ce personnage mémorable une magnifique conclusion...


Univers : ★★★★☆
En prenant comme cadre la Guerre Froide des années 60, MGS3 ancre son univers dans une réalité historique bien documentée, agrémentée de fiction et d’un brin de fantastique. Le lore de Snake Eater nous est conté à travers son récit principal mais aussi grâce au codec, nous permettant de contacter facilement notre petite équipe de soutien ; celle-ci se fera d’ailleurs une joie de nous répondre, occasionnant parfois des dialogues hilarants par l’intermédiaire de notre commandant le Major Zero, de Sigit, le spécialiste en armes et équipements, ou encore de Paramedic, la médecin joviale qui nous en apprendra un peu plus sur l’écosystème tout en nous abreuvant de sa culture cinématographique.


JEU
Game Design : ★★★★★
Comme tout jeu Kojima qui se respecte, Metal Gear Solid 3: Snake Eater regorge d’idées de game design loufoques mais souvent géniales, aboutissant à un jeu bac-à-sable où les possibilités d’approches sont aussi nombreuses que jouissives : faire fuir les gardes avec un nid de guêpes, détruire leurs réserves de munitions, saboter leurs systèmes de communications, les affamer puis les appâter avec de la nourriture avariée, les interroger après les avoir neutraliser… En plus de ses phases d’infiltration, Snake Eater expérimente avec ses mécaniques de survie en encourageant le joueur à chasser pour se nourrir, à se camoufler dans la végétation et à panser ses blessures. Le jeu varie également son aventure en proposant diverses situations : une grotte labyrinthique dépourvue de lumière, un laboratoire à explorer déguisé en scientifique, une prison dont il faudra s’échapper, une course-poursuite endiablée… Et c’est sans compter la dizaine de combats de boss, chacun constitué d’une expérience unique et mémorable : on retiendra en particulier le mythique duel de snipers contre The End, où notre patience sera mise à rude épreuve, la descente ésotérique du Styx en compagnie de The Sorrow, nous mettant face aux fantômes de nos victimes, et bien sûr le boss final et son iconique champs de fleurs immaculées…


Gameplay : ★★★☆☆
Le maniement de Snake était déjà bien rigide à la sortie du jeu mais sa panoplie de mouvements, notamment via le système de combat CQC, compense le manque de sensations manette en main. Quelques bizarreries de mapping sont toutefois à relever, comme le fait d’appuyer sur la touche carrée pour viser puis de devoir la relâcher pour tirer… Enfin, la version Subsistence est à grandement privilégier puisqu’elle bénéficie d’une caméra plus agréable, contrôlable à 360°.


Level Design : ★★★★☆
En délaissant le contexte urbain de ses précédents opus, Kojima Productions propose ici des zones plus ouvertes que par le passé, et dont les embranchements garantissent de multiples possibilités d’approches : conduits d’aération, trappes dérobées, hautes herbes, brèches dans une clôture… Les différents niveaux sont ainsi très bien conçus et épousent parfaitement la richesse du game design.


PERSONNALITÉ
Direction artistique : ★★★★☆
L’aspect graphique du jeu, bluffant à l’époque, a forcément un peu vieilli mais n’en demeure pas moins agréable. On saluera tout particulièrement le design et la réalisation des personnages, encore très expressifs et disposant chacun d’une patte visuelle marquée. Côté environnements, la majorité de l’aventure se situe dans une forêt vierge joliment rendue (jungle, marécages, mangroves, grottes…), mais le jeu sait aussi varier ses décors, notamment lors du passage dans les montagnes de Krasnogorje ou dans les dédales plus industriels de Groznyj Grad.


Ambiance : ★★★★☆
Les environnements sauvages de Snake Eater simulent une immersion en forêt particulièrement réussie, bercée par le chant des insectes, des gouttes de pluie sur les branches ou de celui des oiseaux. Lorsque le joueur se fait repérer, les musiques d’ambiance s’emballent via des sonorités plus stressantes, rythmant la progression de passages de tension tout aussi prenants.


Musiques : ★★★★☆
En complément des très bonnes musiques d’infiltration, plusieurs chansons parsèment le soundtrack de Snake Eater, à l’instar de la jazzy Don’t Be Afraid ou du superbe Way to Fall de Starsailor. Mais c’est bien sûr le thème principal éponyme, semblant tout droit tiré d’un générique de James Bond, qui aura le plus marqué les esprits et qui lui confère son statut de bande originale culte : « I give my life, not for honor, but for you […] I’m still in a dream, Snake Eater… »


En situant son récit aux origines de la saga, Metal Gear Solid 3: Snake Eater fait le choix de s’affranchir d’une partie de son héritage pour s’ancrer dans un contexte plus historique, celui de la Guerre Froide. Bien lui en a pris, puisque l’aventure vécue y est ici exaltante et passionnante, bien aidée par des personnages charismatiques et des thématiques bien traitées. Mais loin d’être une expérience uniquement cinématographique, ce qu’on pourra parfois reprocher à d’autres épisodes de la série, Snake Eater propose aussi un game design remarquable aux idées foisonnantes, transformant les nombreuses phases d’infiltration en bac-à-sable jouissif et ludique. Pour beaucoup, il s’agit du Metal Gear le plus abouti : un grand jeu culte, à juste titre.

CChris8
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le 25 sept. 2021

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CChris8

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