Ce qui est à vous est aussi à moi. Cette simple phrase résume l’état d’esprit des bandits de Monaco, un jeu indépendant abordable, séduisant et terriblement addictif.


Pour beaucoup, la Principauté de Monaco se résume à un Rocher, un Prince polygame, un stade de foot à moitié vide, des casinos et Monte-Carlo, qui a donné son nom à une radio mais surtout la destination favorite de James Bond, lorsqu’il veut jouer ses deniers ou faire le beau lors des soirées de l’ambassadeur, avec Ferrero Rocher et tout le bazar. Ce lieu de décadence, de haute bourgeoisie et d’affaire va devenir le théâtre d’une bande de gredins désireux de dépouiller et vider tout ce qu’ils peuvent. Monaco mêle habilement action, infiltration et réflexion pour permettre au joueur de réussir le casse parfait, celui fait rapidement, en silence et qui vide le coffre-fort, sans haine ni violence, comme dirait l’autre.



Demolition Man ou Abu le singe?



En général, dans une bande de braqueurs, amateurs ou non, chacun a sa spécialité, plus ou moins utile selon les missions et les moments, mais compte une place important dans l’équipe. Monaco ne déroge pas à cette règle, il nous propose huit personnages avec chacun leur habileté. Petite présentation: le Locksmith est un expert en infiltration, il crochète les serrures très rapidement, idem pour les coffres, pour se cacher, pirater les systèmes informatiques. Le Lookout, cerveau de la bande est l’éclaireur parfait, lorsqu’il avance en silence, il peut détecter les ennemis, civils ou chiens de la zone, l’homme idéal pour prendre les devants. Arrive ensuite le Pickpocket, un marginal accompagné d’un singe qui loot pour lui tout ce qu’il peut, le Mole, gros et lourd, est inarrêtable. Il peut ouvrir des brèches dans les murs, qu’importe leur épaisseur et tant pis pour la discrétion. Le Cleaner porte bien son nom car il endort tout les ennemis sur son chemin, à condition qu’ils ne l’aient pas repéré. Viennent s’ajouter à cette bande le Gentleman, expert en déguisement, le Hacker, capable de pirater un système entier depuis une simple prise de courant et la Redhead, qui parvient toujours à ses fins.


Vous l’avez compris, chaque personnage possède ses avantages et il est tout à fait possible d’accomplir une mission avec l’un ou l’autre. Évidemment, certains bandits seront plus adaptés à certaines missions mais on s’en rend compte une fois arrivé sur les lieux, malheureusement. Monaco se joue en vue du dessus, il est aussi maniable au pad ou au combo souris et clavier et on ne voit que ce que notre personnage voit, grâce à un jeu de lumière très bien élaboré. Toute la carte est grisée, hormis le faisceau coloré de ce que voit notre bandit, devant lui, à travers une fenêtre, une porte, etc. Il en est de même pour les gardes qui s’interrogent vite sur votre présence en ces lieux interdits au public. Un point d’interrogation apparaît puis un point d’exclamation rouge une fois qu’ils vous ont démasqué. A partir de là, il faut ruser, se cacher dans une plante, revenir sur ses pas pour attendre que l’orage passe ou les dégommer au fusil à pompe, ce qui aura pour effet de rameuter les collègues du défunt surveillant. Sur ce point, l’IA n’est pas tout à fait au point, car à part les chiens, les ennemis abandonnent rapidement les poursuites pour vous mettre le grappin dessus. On ne peut que vous conseiller de jouer habilement et de prêter attention à l’environnement.



Chacun sa route, chacun son chemin



Plusieurs routes mènent à l’objectif final, que vous décidiez de faire des trous les murs, de vous déguiser en garde, d’avancer de plante en plante ou d’éliminer silencieusement chaque sbire peu attentif. Pirater un système de sécurité demande un minimum d’organisation car l’effet ne dure que quelques secondes, le temps qu’un ennemi le remette en route, Vous voulez évitez les caméras et lasers qui donnent l’alarme? Prévoyez bien votre coup, car derrière cette porte qui se veut salvatrice peut se cacher deux gardes qui patrouillent tranquillement et se feront une joie de vous trucider. D’ailleurs, à l’inverse du très nerveux Hotline Miami, on ne meurt pas instantanément, ce qui permet de se sauver d’une situation mal embarquée. De plus, si notre personnage meurt, on en choisit un autre pour finir le boulot à sa place, le chaos restant le même. Tout est donc question d’organisation et de réflexion même si parfois, ne pas trop se poser de questions suffit à atteindre son but. Seulement voilà, vous avez grimpé les trois étages, traversé des pièces truffées de gardes pour voler ces précieux documents, c’est très bien mais il faut repartir désormais pour quitter la zone. Ici, pas d’hélicoptère sur le toit qui vous attend ou un saut de l’ange par la fenêtre dans un tas de foin, il faut faire le chemin inverse. Un double challenge mais une fuite en général plus facile car on connaît les lieux et si on se fait repérer sur la fin on peut quand même s’en sortir.


Une vue de dessus en 2D représente également des inconvénients. Parfois, un garde nous aura repérés car ce qu’on pensait être un mur n’est en fait qu’un petit muret et nous rend donc totalement visible aux yeux de tout le monde. Une fois démasqué, tout peut vite devenir très brouillon, surtout lorsqu’on joue à quatre joueurs en coopératif, l’intérêt principal dont nous allons reparler juste après. Dans la confusion, il n’est pas rare de shooter un allié par mégarde ou parce qu’il ressemble à un garde. Une vue du dessus ne montre finalement que des icônes, ce qui augure forcément quelques moments mémorables. Cela dit, rien de bien méchant là-dedans, le plaisir de jeu n’est pas altéré.



Meilleur à plusieurs



L’intérêt principal de Monaco: What’s Yours Is Mine réside dans le multijoueur, rendant l’expérience de jeu totalement différente. Vous pouvez jouer chaque mission en local, tout seul, et découvrir les niveaux qui peuplent le jeu dans un premier temps, mais en appuyant simplement sur «Start» vous passez en ligne, choisissez une mission puis un personnage, et trois autres personnes peuvent vous rejoindre en un clin d’œil. Les missions restent les mêmes mais la manière de jouer change radicalement, à condition d’être avec partenaires qui ne font pas n’importe quoi. Les pièces sont en général nettoyées et vidées bien plus rapidement et efficacement. Par exemple, un collègue peut attirer des gardes volontairement pendant que vous vous frayez un chemin tranquillement vers le but final. Avec un Lookout qui prend les devants, un Cleaner qui endort les gardes gênants, le Locksmith qui ouvre les portes plus vite que son ombre et le Pickpocket, rien ne vous échappera. De plus, un classement en ligne montre pour chaque mission le temps mis par d’autres joueurs pour la terminer. En général, c’est court et réservé aux adeptes du vite-fait, et donc par forcément bien fait.


Pour renforcer l’immersion, Monaco bénéficie d’un style graphique unique, très bien foutu et coloré, un gameplay parfaitement fluide rendant le jeu très plaisant, et complètement addictif. Le scénario n’a pas grand intérêt, les objectifs de missions varient peu mais la complexité des niveaux rend le challenge non répétitif et assez corsé. Le tout est en anglais sauf les voix des gardes, qui sont en français, et faites par des fans au début du développement du jeu. La bande-son est de très bonne facture, alternant le bon et le moins bon, mais correspondant au thème.


Malgré les quelques moments brouillons cités plus haut, Monaco est un excellent jeu, procurant beaucoup de plaisir sans être répétitif et surtout très accrocheur. Techniquement au point, graphiquement stylé, son aspect multijoueur essentiel contribue largement à son succès, toutefois ceux qui préfèrent la jouer loup solitaire apprécieront tout autant leur expérience de braquage en 2D colorée.

RobinBeaugendre
8
Écrit par

Créée

le 16 juin 2016

Critique lue 313 fois

1 j'aime

1 commentaire

Robin Masters

Écrit par

Critique lue 313 fois

1
1

D'autres avis sur Monaco

Monaco
Mysterarts
6

Un braquage c'est avant tout un plan, non ?

Bah non ! Je voulais apprécier ce jeu mais c'est raté... On ira pas jusqu'à parler d'un hold-up, mais de la déception, sans aucun doute. Pour résumer ce que je lui reproche : un braquage, ça se...

le 12 mai 2013

9 j'aime

3

Monaco
Dough
8

Le banditisme, les risques en moins, le fun en plus

L'histoire d'une petite troupe de bandits dans la ville de Monaco. A travers diverses missions d'infiltration à la difficulté croissante, le joueur est ammené à piller une banque, voler des...

le 4 mai 2013

8 j'aime

Monaco
thetchaff
9

Le Gentle Pac-Man cambrioleur

Monaco est un jeu en vue du dessus dans lequel vous incarnez des voleurs qui vont faire une succession de casses. Le jeu adopte un style graphique minimaliste et une vue du dessus dans laquelle le...

le 2 sept. 2014

2 j'aime

Du même critique

The Escapists
RobinBeaugendre
7

J'ai pas le temps, mon esprit est ailleurs

La prison, ses coulisses, ses magouilles et ses plans de fuite foireux, tout un art. Alors, en attendant votre future éventuelle incarcération, jouez à The Escapists, qui n’est pas avare en idées...

le 17 juin 2016

3 j'aime

Doom II
RobinBeaugendre
10

Critique de Doom II par Robin Masters

Difficile d'assurer la relève après un premier Doom fabuleux, dévoilant à la face du monde le genre FPS. Donc on prend les mêmes et on recommence, et c'est parti ! On pourrait résumer Doom 2 à un...

le 18 juin 2016

2 j'aime

Olympic Gold: Barcelona '92
RobinBeaugendre
7

Rien ne sert de courir

L’important, c’est de participer. Ce sacré Pierre de Coubertin doit bien se marrer dans sa tombe quand il voit qu’on utilise toujours sa phrase lancée après une soirée bien arrosée à la veille des...

le 18 juin 2016

2 j'aime