Monster Hunter World
7.5
Monster Hunter World

Jeu de Capcom (2018PC)

Il est désormais presque inutile de présenter Monster Hunter. Fer de lance du jeu vidéo japonais, Monster hunter a su s’imposer ,et le mot est faible, comme un véritable phénomène ludique au pays du soleil levant. On le doit au succès de la PSP en des temps glorieux. Le succès serait presque comparable à celui de World of warcraft par chez nous à une période similaire.


La suite on la connaît, la licence acquiert de la notoriété et parvient avec difficulté a s’implanter comme un jeu de niche en occident, et en particulier sur la Wii avec Monster Hunter Tri puis sur les consoles portables de Nintendo avec la quatrième génération de monstre (Monster Hunter 4 et moultes dérivés). Et si la chasse de monstre est un sport tout à fait convenable que je pratique depuis le premier épisode Freedom sur la Playstation portable, fort est de constater que la formule a pris la poussière avec le temps. Le game-design est impacté par des éléments indigestes, des menus peu pratiques, le tout couplé avec l’ergonomie de la Wii, de la Wii U, ou de la 3DS complétement inadaptées au gameplay de la licence.


Beaucoup d’entre nous connaissent le concept désormais: on incarne un avatar qui chasse des monstres, dont l’apparition et l’existence est rendue légitime à travers un univers protohistorico-fantastique fait de chasseurs, de pêcheurs, de forgerons ,de petits chatons esclaves et , bien sûr, de petits et gros monstres pas jojo. Mais si je me suis familiarisé avec ces univers depuis le premier épisode sur PSP, je dois dire que, pour la première fois, je ne me suis pas attardé plus que cela sur Monster Hunter World. Plusieurs centaines d’heures sur ses prédécesseurs, je me suis « contenté » d’une soixantaine d’heures sur celui-ci, le temps de boucler la trame principale, de farmer quelques gros monstres et de regarder en détail ce que l’opus avait à offrir à travers son besoin d’ouverture au monde.


Et je me suis demandé pourquoi. Pourquoi « si peu » de temps ? Probablement parce que je n’arrive plus à accepter le modèle de jeu de Capcom, aussi peaufiné soit-il. On chasse des monstres jusqu’à plus soif, on traque et on loot en boucle sans réfléchir, c’est ainsi que se compose le jeu dans son essence. Et pourtant Monster Hunter World ne cesse de faciliter les choses, de rendre plus accessible une formule de chasse et un modèle de game-design vieux de plus de 15 ans. A vrai dire, Monster hunter world est et restera avant tout un jeu très ambitieux, ponçant, repassant, nettoyant, dépoussiérant une formule de jeu désuète. Monster Hunter World a tout ravagé sur son passage, à l’image d’un Deviljho colérique ou d’un dragon ancien en mal d’amour. Il a raflé tout les sourires et les porte-monnaies. Un succès critique et commercial de tonnerre.


Toutefois, tout n’a pas été remanié ou repensé pour offrir un ensemble complètement convaincant pour ma part. La faute à cette ambivalence constante, celle entre les premiers fans de la série qui doivent s’y retrouver et les tout nouveaux venues qui souhaitent découvrir (mais pas sans bizutage) une licence connue pour ses exigences. Le jeu a le cul entre deux chaises et ça se sent. Je n’ai pas été tout à fait conquis, espérant à vrai dire un changement plus radical pour la série et pour son game-design.


Oui, les environnements ont été grandement améliorés, à l’appui de terrains de jeux ouverts et non plus séquencés en petites zones. Exit les temps de chargement et ça fait du bien. Mais toutes ne se valent pas point de vue level-design…


Oui la récolte et la chasse ont été simplifiées, mais c’est avant tout grâce à l’utilisation de lucioles omniscientes qui servent littéralement à tout voir et tout repérer. A tel point que chasser suffisamment de monstres ne vous demandera même plus de regarder la map : « suivez les lucioles ». Ou comment apposer une surcouche indigeste au game-design, telle une vision d’aigle sortie de nulle part, vous indiquant même les futurs mouvements du monstre sur la map ou le moment clé indiquant que le monstre se voit capturable.


Oui l’ensemble est bien plus immersif et grouille de vie avec un écosystème local pertinent et des affrontements de grands monstres venant établir les rapports de force entre les différentes espèces (guerre de territoire). Mais tout cela vient vite se ternir par un manque de variété croissant dans le bestiaire à mesure que l’on progresse dans le jeu.


Oui on peut améliorer la qualité et la quantité du farm d’objets et des matériaux de monstres, mais les taux de drop restent toujours excessivement bas pour les objets dits « rares », et ces derniers sont nécessaires pour les set d’armures complets.


Oui il y a un scénario plus adapté à une formule de jeu contemporaine, avec cinématiques et voice acting, ce qui donne crédit à son univers. Mais celui-ci est convenu et insipide, dépassant son rôle prétexte en étant un peu trop intrusif à mon goût. On repassera sur le côté « il faut sauver l’écosystème local, va donc flinguer tout ces monstres stp ». Un classique de la licence.


Oui il y a de nombreuses nouvelles entrées et de nouvelles têtes pour le bestiaire, mais aussi comme toujours des « gros monstres » venant plus tardivement dans l’aventure ne faisant office que de trashs mobs, que vous chasserez une fois ou deux et basta .

Je pense au Tzi-tzi, au Dodogama, ou encore au grand Girros qui arrivent bien après certaines pointures, qui sont de vrais copié-collés d’autres mobs vus auparavant et/ou qui restent particulièrement faibles). Snas parler des éternels coloris.

Oui la manette PS4 ou le combo clavier/souris c’est quand même bien plus ergonomique que ce que l’on a connu auparavant. Mais le gameplay reste lent et indigeste, pénible au nom de l’exigence, mal expliqué (gros manque de pédagogie et c’est propre à la série). Celui-ci est de plus mis à mal lors des fights par des hitbox mal définies ainsi que des moves et AOE illisibles. Chose qui pour le coup aurait pu être franchement améliorée depuis le Plésioth du premier MH….


Oui le multi est de mise mais il est comme d’accoutumée incroyablement éreintant, compliqué et frustrant et demande coordination pour rejoindre efficacement la quête d’un ami ou d’un inconnu.


Oui le jeu est très beau mais il est aussi parfois illisible, multipliant fenêtres et pop-up (et surtout, surtout en début d’aventure),inventaires, éléments de quêtes/contrats/requêtes secondaires, effets visuels et profusion de détails colorés à tout va…


Oui comme tout les Monster Hunter auparavant, on finit très très vite dans une boucle récolte/craft/cantine/farm du monstre. Le plaisir devient drogue et l’apport ludique frôle le néant , oubliant courbe de progression au profit de l’abatage industriel.


Bref, c’est Monster Hunter 5, ça reste Monster Hunter avec ce que ça implique pour le meilleur comme pour le pire. On est sur un nouveau format mais pas sur une nouvelle formule de fond, et c’est bien ce que je regrette à titre personnel, espérant presque un reboot complet et une refonte en profondeur du gameplay. Pas que c’est mauvais ce gameplay, mais c’est quasiment le même depuis plus de 15 ans. Et depuis 15 ans, un nouveau venu ne peut pas deviner comment les différentes armes fonctionnent, parce que les mecs plutôt que de se dire : « tiens on va prendre le temps d’expliquer » , ont préféré bosser sur d’autres points moins essentiels. Marche ou crève, au nom de l’élitisme de l’Action-Rpg. On en connaît d’autres.


Il faut donc prendre son mal en patience et regarder derrière les jolies couches de peinture de Capcom pour voir un schéma resté malheureusement ancré dans sa tendre jeunesse. On est pas du tout dans la malversation et la malhonnêteté pour autant, bien au contraire (Le jeu est bon, je répète, le jeu est bon. Et ce sera un bon investissement quoi qu’il arrive). Il y a un besoin dans ce jeu, un besoin de trouver son public. On voit plutôt ici un exercice de style délicat , ou Capcom ne sait pas trop sur quel pied danser pour contenter tout le monde : les puristes et les bleus. Mais ça fonctionne bien et c’est un équilibre qui plaît. Capcom a réussi son coup avec ce Monster Hunter World et est parvenu à remporter un pari difficile pour venir chiner un nouveau public. Si tout le monde y trouve son compte et prend plaisir à découvrir le bonheur de traquer un gros dragon sur fond de musique épique, que demander de plus ?



Bohr
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le 19 août 2022

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