Tamagotchi 2.0 ?

Il y a de cela à peu près trois ans, un concours de circonstance a fait qu’une 3DS accompagnée d’un jeu Nintendogs s’est retrouvée séparée de son propriétaire et abandonnée sur mon sofa… "Pourquoi pas", me dis-je sans trop d’à priori, "Ça ne coûte rien d’essayer… Si ça se trouve, il y aura peut-être même un minimum d’intérêt". Alors bien sûr, je ne suis pas la cible visée ; serais-je capable de prendre un certain recul et de mettre de côté ma trentaine d’années bien tassée et ma pilosité hirsute ? Probablement pas… Mais ce n’est pas ça qui m’arrêtera…

Le premier contact avec la bête fut étonnament "réaliste" : l’intéraction avec le bestiau se faisant pour beaucoup par l’intermédiaire du microphone, et ne reconnaissant pas la voix de son maître, il m’a juste foutu le vent de la décennie… Bref, réinitialisation du jeu, et direction le chenil pour acquérir un nouvel animal : mon choix se porte sur le canidé de la jaquette, à savoir un Golden Retriever ; si Nintendo a poussé le vice jusqu’à crédibiliser les comportements des différentes races, je ne devrais avoir aucun mal à le dresser, le Golden Retriever étant à la fois docile et intelligent…

De retour à la maison, il faut commencer par lui faire apprendre son nom, puis différents ordres comme "assis", "couché" ou encore "va bouffer les bijoux de famille du facteur qui ose encore m’apporter une facture"… grâce à la reconnaissance vocale d’une précision relative, mais correcte. Après, il faut logiquement s’en occuper : le nourrir, le caresser, le toiletter, le promener, jouer avec…et surtout lui apprendre des tours, dans le but de participer à des compétitions comme le lancer de frisbee ou la course au leurre. Mieux le chien est éduqué, plus vite il progresse et gagne de compétitions, plus vite le pognon s’amasse, que l’on peut réinjecter dans le confort de la bête (jouets, meubles…), dans l’acquisition d’un autre compagnon canin…ou dans un chat.

Apparemment, d’après ce que j’ai compris, le chat est LA nouveauté de la franchise. On comprend cependant assez vite pourquoi Nintendo n’a pas misé sur un "Nintencats" : le chat n’apprend pas de tours, et passe le plus clair de son temps à dormir, à bouffer, et à réclamer des caresses quand, dans un moment d’égarement, il remarque notre présence… Ah si, il lui arrive de jouer avec son compagnon canis lupus. Bref, c’est un chat.

Pour ce qui est de l’aspect technique du jeu, ne connaissant pas vraiment les capacités de la console, la 3DS n’ayant pour ma part qu’un intérêt relatif, Nintendogs offre un rendu plutôt satisfaisant, pas transcendant mais très regardable, en particulier les bêtes elles-mêmes. Les chiots ressemblent beaucoup à des peluches et je pense que c’était l’effet recherché, tandis que les décors sont corrects quoique manquant un peu de diversité. Par contre, les humains sont affublés de têtes de Mii (ça ferait une bonne insulte ça, "tête de Mii !!") que je trouve personnellement horribles… Quant aux musiques, l’ensemble est assez anecdotique, mais est contrebalancé par des aboiements (et miaulements) plutôt convaincants, qui diffèrent selon la race de l’animal en question…

J’ai tout de même quelques reproches à faire à ce Nintendogs, et pas qu’un peu. Dans les moindres, on peut citer le rythme de progression un peu bâtard : que ce soit l’entraînement ou les tournois, on est limité à respectivement trois et deux sessions par jour (réel). Ce qui force à jouer par petites sessions, et masque bien maladroitement un contenu qui trouve vite sa limite à moyen terme… En revanche, c’est plutôt bien calibré avec le rythme de vie de la cible prioritaire visée : la jeune fille qui rentre de l’école (après avoir fait ses devoirs, bien évidemment…). Encore une fois, comme avec nombre de jeux DS, je déplore également que tout ou presque se fasse par l’intermédiaire du stylet : c’était bien la peine de rajouter des boutons par rapport à la génération game boy, si c’est pour qu’ils servent de décoration…

Cependant, l’ultime défaut est à mon sens beaucoup plus grave : Nintendogs est très (trop) laxiste sur ce que j’appellerais les besoins primaires du chien, avec en premier lieu la nourriture et l’hygiène. À l’inverse d’un tamagotchi, il ne peut pas tomber malade, encore moins mourir, si on s’en occupe mal ; question responsabilisation des gosses, on repassera… Oui, ces animaux sont virtuels, mais montrer les avantages d’un compagnon à quatres pattes tout en prenant bien soin d’omettre les quelques "inconvénients" de la réalité n’est pas le meilleur moyen de faire prendre conscience aux enfants que dans la vraie vie véritable, un animal est un être vivant dont la santé peut sérieusement être compromise si son hygiène de vie est déplorable… Bref, Tamagotchi : 1, Nintendogs : 0. Retour au centre du terrain…