Omori
7.9
Omori

Jeu de Archeia_Nessiah, OMOcat et Playism (2020PC)

Don't worry... Everything is going to be okay...


INTRODUCTION



OMORI est un projet kickstarter développé sous RPG MAKER MV par OMOCAT qui est notamment connu pour la marque de vêtements du même nom.
C'était un jeu très attendu qui, après 6 longues années, est enfin arrivé.


Il est assez difficile pour moi d'attribuer une note à OMORI, j'ai mis 8/10 car j'y ai passé un bon moment et j'estime que c'est un jeu réussi.
J'aurais surtout été frustrée de le noter en dessous de 8/10, j'expliquerai évidemment tout ça dans la critique.



GAMEPLAY



Parlons tout d'abord du gameplay qui, pour un jeu RPG MAKER est vraiment bon.


L'exploration est agréable malgré la limitation de RPG MAKER qui nous empêche de nous déplacer autrement qu'en quatre directions. On a le choix de courir en continu et on peut intérargir avec presque tous les éléments de l'environnement.
La partie tuto du jeu est quant à elle, bien foutue et intuitive.
Au tout début nous dirigeons uniquement Omori (notre protagoniste) et très vite, en fonction de nos obstacles, nous pourront incarner n'importe quel autre personnage de la bande quand on le souhaite. Cet aspect est particulièrement agréable puisque certaines interactions seront différentes en fonction du personnage qu'on incarne, elle favorise l'attachement aux personnages en les faisant tous participer au même titre que le protagoniste. Certains diront que ça ne casse pas trois pattes à un canard mais selon moi, c'est un élément très bien intégré au jeu qui ajoute de la personnalité aux personnages et de la dynamique.
Le jeu a la bonne idée de faire apparaître les ennemis sur la zone, donc pas de rencontre aléatoire. Comme dans les Mother, les ennemis vous foncent dessus en vous voyant.


On rencontrera également des énigmes avec de nombreuses quêtes annexes.
Concernant ces quêtes, elles font tout ce qu'on attend d'elles, c'est-à-dire de nous permettre de souffler pendant le scénario tout en ajoutant de l'exploration supplémentaire sans craindre d'être coupé par l'histoire. Nous serons amenés à revisiter d'anciennes zones assez régulièrement et ce n'est pas un problème car le jeu est pensé pour y retourner. Puisqu'en dehors des quêtes qui nous y amènent, d'autres éléments de la zone changeront et/ou nos personnages auront débloqué de nouvelles compétences qui justifient notre présence afin d'accéder à d'autres parties (toujours annexes). Ainsi, la durée de vie du jeu est suffisamment étendue, il y a pas mal de choses à faire et j'estime qu'on en a pour notre argent sur ce plan.


Le système de combat est très classique mais réussi aussi.
Le début du jeu est excessivement facile bien que certains boss pourront poser quelques difficultés. Vous trouverez également une zone facultative avec des ennemis assez corsés. Néanmoins, vous mourrez très rarement.
OMORI propose des combats au tour par tour, chaque personnage aura un rôle (celui qui frappe fort, celui qui soigne etc) et apprendra des compétences qui lui sont propre. Le nom et l'utilité de chaque compétence sont très représentatifs du personnage concerné. Les changements de statuts et les faiblesses/résistances sont eux représentés par un système d'émotion, c'est encore une fois une touche qu'on apprécie au vu de l'univers.
Malgré les combats qui ne révolutionnent en rien le genre, ils fonctionnent très bien grâce à leur dynamique (visuelle notamment dont on parlera plus tard) qui rend le jeu nettement plus fun.


Le gameplay est cependant loin d'être parfait.


Le premier problème qu'on remarque est la lenteur globale du jeu. L'exemple le plus parlant serait les petits jobs dans les magasins ou bien le recyclage de déchet qui prend des plombs pour rien. Tout ça accompagné d'animations de sprites assez lentes, notamment pendant les scènes d'intrigues. Ou encore l'écran noir au moment de fuir un ennemi que je trouve un poil trop long quand on fuit en masse dans certains coins étroits.
Certaines quêtes annexes qui nous demandent de retourner en arrière ne nous guident pas toujours. Ce n'est pas compliqué, mais lorsqu'on en a plusieurs en cours, on a tendance à se perdre et à oublier qu'est ce qui était où.
Certes, c'est aussi un problème d'orientation de ma part...


Mon plus gros souci avec le jeu, c'est le hasard. Je m'explique. Lorsqu'on visite une zone éphémère en lien avec l'intrigue, il nous arrive de faire progresser l'histoire sans avoir pu visiter toute la zone, et je peux vous dire que c'est fréquent, de ne pas savoir dans quel ordre faire les choses. Si vous aimez explorer un maximum, ça vous frustrera, surtout quand ça concerne des éléments de l'histoire. Ce n'est pas intuitif car chaque interaction semble importante dans ces moments-là.


Autre problème, mais très personnel cette fois-ci, c'est l'impossibilité de compléter le jeu à 100% en une partie, sachant que le jeu est plutôt long et qu'on est obligé de le refaire depuis le début pour tout voir, c'est un truc qui me dérange particulièrement dans les RPG car ce n'est pas des jeux qui ont grand d'intérêt à être rejoué selon moi (les longues phases de scénario et de farming, ce sont des aspects peu intéressants à redécouvrir dans le seul but de compléter le jeu), surtout quand il faut tout refaire depuis le début dans le cas OMORI. Car le nombre de sauvegardes est limité à trois, ce qui est beaucoup trop peu pour rattraper autant de choses.
Beaucoup de RPG fonctionnent comme ça donc je ne jette pas la pierre à OMORI. C'est juste quelque chose qui me dérange car les éléments manquants ne sont pas suffisamment conséquents pour justifier une nouvelle partie à mon goût, surtout en enchaînant à la suite de la première.



MUSIQUE



La soundtrack est excellente. Je me sens obligée de la défendre auprès des personnes qui ne l'estiment que moyennement.


La plupart des musiques de boss sont mémorables et chaque track trouve sa place dans le jeu. Tantôt mignonnes, tantôt rêveuses, tantôt énergiques, tantôt émouvantes, elles sont toute très bien intégrées à l'œuvre.


Ce qui peut paraître comme un défaut de la soundtrack est le nombre astronomique de morceaux, 179 d'après la playlist youtube pour tout le jeu. C'est très ambitieux pour un jeu RPG MAKER et on se demande si c'est vraiment nécessaire. Car le risque avec ce chiffre est de se perdre, forcément on aura un pourcentage plus faible de tracks marquantes, certaines se fondent dans le lot.
Et pourtant, le surplus ne se fait même pas ressentir puisque chaque zone a son lot de musiques attribuées (pour l'exploration et les combats), ce qui leur permet à chacune d'avoir une identité propre. On passe suffisamment de temps dans chaque zone pour être imprégné et habitué aux musiques. Le gros avantage de changer à chaque fois est d'empêcher la lassitude car la plupart des tracks sont de courtes boucles qui ne dépassent pas 1 minute 30.
Le tout étant très fluide et rendant les boss particulièrement divertissants.



ART/GRAPHISMES



Les illustrations, la partie indiscutable d'OMORI.


Oui, les dessins sont impeccables, c'est beau, c'est magnifique et tous les adjectifs qui vont avec. Il s'agit du point vendeur du jeu après tout.
Le choix du style "fait main" est très efficace et cohérent avec l'univers attachant du jeu qui joue beaucoup sur la nostalgie et les thèmes de l'enfance, l'esthétique correspond parfaitement. L'illusion d'animation quand on se regarde dans le miroir ou pendant les combats est très bien pensée, ça rend le monde tellement plus vivant.


C'est d'ailleurs sur ce point que je souhaite souligner l'efficacité de l'interface des combats qui est somptueuse. Les couleurs éclatantes, les expressions des personnages en fonction de leurs émotions, l'animation des attaques et surtout l'animation du coup spécial qui regroupe les personnages pour une attaque ultime, un régal pour les yeux.
L'avantage des combats est aussi de voir à quoi ressemblent les ennemis qui n'ont qu'une sprite en pixel art le reste du temps. Seuls nos personnages principaux ont un portrait pendant les phases d'exploration.


En parlant des phases d'explorations, lorsque l'on choisi qui contrôler, on a le droit à une photo de "je te laisse la place" entre les deux personnages échangés, il y a une photo pour chaque échange et dans les deux sens (12 en tout), j'ai adoré ce soin apporté aux illustrations qui ajoute de l'énergie au groupe.
L'album photos est également très riche en illustrations et on a même le droit à des cinématiques. Je rêve d'avoir un artbook qui regroupe tous les dessins du jeu.


Concernant le pixel art, il est franchement joli. Il ne rivalise évidemment pas avec un Hyper Light Drifter, The Messenger ou Celeste. Néanmoins, les gens ont tendance à avoir des standards très élevés en terme de pixel art de nos jours, ce qui est plutôt injuste puisque celui de OMORI fait très bien le travail, mais n'est pas à la hauteur pour certains.
S'il y a un reproche à faire sur les graphismes, c'est qu'on ressent tout de suite qu'il s'agit d'un jeu RPG MAKER dû à l'aspect très géométrique des environnements, ça peut être une qualité pour les amateurs du style classique du logiciel mais personnellement, j'aurais préféré quelque chose de moins uniforme.



HISTOIRE



Pour poser le contexte. On incarne donc Omori et l'histoire commence dans "l'espace blanc" qui est un lieu assez vide et cryptique avec une unique porte de sortie qui, une fois franchie, nous amène dans un monde enfantin et coloré afin d'y rejoindre nos amis. Assez vite, un de nos amis disparaît et c'est ici le but principal du jeu, le chercher à travers cet univers loufoque.


Autant vous dire que si vous ne vous attachez pas aux personnages, il vous sera très difficile d'apprécier l'histoire puisque tout est centré sur eux.
Étant exigeante sur ce plan-là, car j'ai beaucoup de mal à m'attacher à un casting, j'avais des craintes au début. Seulement cette fois-ci, ça a fonctionné, l'esthétique m'a grandement aidé, mais surtout la dynamique du groupe d'amis était juste la bonne.


C'est typiquement une œuvre qui résonnera différemment en chaque individu et c'est une force d'OMORI ou autres jeux qui traitent du drame de cette façon. J'ai personnellement beaucoup accroché au groupe d'amis qui déborde de chaleur, de nostalgie et de mélancolie, je les ai trouvé très attachants à leur façon même si pour certains, ils représentent de bêtes archétypes, j'ai trouvé la dynamique des personnages maîtrisée.
Selon moi, c'est le point fort de l'histoire, le traitement de l'enfance "parfaite" qui appuie là où ça fait mal. C'est un bon exemple d'un aspect qui résonne différemment en fonction de la personne, certains y verront une simple représentation exagérée de l'enfance parfaite, moi j'y vois une réminiscence d'un passé enjolivé.
Le jeu maîtrise mieux ses moments chaleureux que ses moments d'effroi et de drame (qui ne sont pas mauvais pour autant, mais trop classiques et revu).


Sinon, il faut l'avouer, OMORI, c'est un peu edgy par moment (pardon pour ce terme mais c'est le plus simple pour imager). On se rapproche parfois de la creepypasta, ce qui peut paraître douteux.
Il ne faut pas s'attendre à une profonde analyse de la dépression, l'intérêt d'OMORI est surtout dans sa mise en scène et sa narration plus que dans le fond réel du sujet, je ne dis pas que c'est dénué d'intérêt ou de sens, mais ça ne cherche pas tant à aller en profondeur.
J'étais à moitié déçue car je m'attendais peut-être à un traitement de la dépression chez l'enfant/l'adolescent en particulier, mais ce n'était pas vraiment le cas.
Il y a tout de même pas mal de foreshadowing et de symboliques tout le long du jeu.


Avec la touche de drame dans la narration, je craignais qu'OMORI se veuille tire-larmes. Pour autant, je n'ai pas senti qu'il voulait à tout prix me faire pleurer (si c'était le but c'est raté). À de nombreuses occasions, il aurait pu utiliser des techniques faciles et larmoyantes, mais il ne tombe pas dans le piège. Finalement, les moments d'émotions sont plus souvent chaleureux que tragiques, je ne vais pas entrer en détail au risque de trop en dire.


S'il y a un aspect que j'ai trouvé intéressant, je vais m'autoriser un spoiler ici, c'est bien


d'avoir choisi de faire une fin ouverte quant au pardon des amis de Sunny, on ne saura jamais leur réaction sur la vérité, ni même s'ils la connaîtront, on s'attend à une réponse mais niet, et je préfère ce choix à celui de la simple happy ending à laquelle on s'attendait, dans l'esprit c'est une fin heureuse mais pour ce flou elle en devient douce-amère et ce sont celles que je préfère. Après, le but de l'histoire est la résolution des conflits internes de Sunny, donc la réponse à cette conclusion est futile au final.


Je suis donc un peu mitigée sur le scénario, on tend du bon au douteux dans la narration et la mise en scène. Même si, pour être honnête, l'ado sombre au fond de moi sait apprécier ce genre d'élément, ce qui fait que ça me dérange tout de même, c'est ce que je vais évoquer dans la partie suivante.



CONTEXTE



Si j'ai quelques difficultés à excuser les défauts d'OMORI (les quelques soucis de gameplay, l'histoire et la narration parfois douteuse, dépassée et maladroite) c'est bien à cause du développement chaotique derrière et du manque de communication de la team.
Selon moi, c'est un jeu qui aurait eu bien plus de mérite et mieux brillé en sortant plus tôt (comme il aurait dû), pendant l'âge d'or des jeux indés un peu loufoques de ce type, entre les RPG MAKER et l'attention qu'a apporté Undertale à ce genre. Car à ce jour, j'ai l'impression qu'il se fond plus dans la masse de jeux indés qu'on a pu avoir, tous aussi particuliers les uns que les autres.


À cause de son retard, j'ai plus l'impression qu'il est une représentation nostalgique de cet âge d'or des jeux RPG MAKER, s'il était sorti plus tôt, on lui aurait plus facilement excusé certains choix et ses qualités auraient été amplifiées. Si j'avais moi-même joué ce jeu quelques années plus tôt, je l'aurais sans doute adulé. Il aurait été un des meilleurs de son medium (il l'est déjà, mais c'est moins apparent)
Je dis tout ça alors que OMORI est acclamé par la plupart des gens depuis sa sortie, c'est une bonne chose même si je maintiens que les choses auraient été particulièrement bénéfiques pour lui d'être arrivé avant.


C'est notamment pour ces raisons que j'aurais été frustrée de noter en dessous de 8/10 en plus d'avoir attendu 5 ans dans mon cas.
Une partie de moi souhaite mettre moins, et une autre souhaite mettre plus.


Aussi, je ne suis pas trop au courant de tout le bazar douteux derrière les backers du kickstarter et comment a été géré l'argent. C'est à prendre en compte bien que je ne sois pas concernée, j'ai donc peu d'information à ce sujet.



CONCLUSION



Pour finir, c'est un bon jeu, voire très bon jeu, il réussit beaucoup plus qu'il n'échoue. OMORI est une œuvre personnelle et touchante malgré ses défauts. J'ai beau légèrement tacler des aspects de l'histoire et certains choix de mise en scène, j'ai pris beaucoup de plaisir à faire cette aventure et à parcourir l'univers. À aucun moment je n'ai subi l'expérience, j'ai tout apprécié à un certain degré.
Difficile à noter car je comprends autant les notes inférieures à la mienne que les notes supérieures.


Contre toutes attentes, il est peu probable qu'il soit inspiré d'Undertale puisque avant même la sortie de celui-ci, OMORI semblait déjà très clair et avancé dans la tête des développeurs au vu des trailers de l'époque. Mais il n'en est pas moins très inspiré des Mother lui aussi, dans son gameplay et son interface notamment, et bien évidemment dans ses touches humoristiques et loufoques.


Le jeu coûte un peu plus de 16€ sur steam et j'estime qu'il vaut son prix pour sa durée de vie avec tous ses secrets, les illustrations et la soundtrack immense.


PS:


vous mélangez Anohana avec Bonne Nuit Punpun et ça fait des chocap- OMORI

BlackTeaLady
8
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le 9 janv. 2021

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