Outer Wilds
8.6
Outer Wilds

Jeu de Mobius Digital, Alex Beachum et Annapurna Interactive (2019PlayStation 4)

Petit chouchou des top 2019, il fallait jouer à Outer Wilds, alors qu'il venait enfin de quitter le giron Epic Store. Entre temps, on aura entendu et lu tous les journalistes un peu sensibles décrire avec des étoiles dans les yeux cette boucle temporelle de 22 minutes, durant laquelle nous incarnons un extra terrestre qui explore un mini système solaire pour tenter de comprendre, et stopper, l'apocalypse.

Alors on se lance, faisant fi de ce léger divulgachage (on imagine que des boucles de 22 minutes, on en aura quelques unes à vivre) et c'est parti pour l'aventure.


On rencontre d'abord un tutoriel lourdaud sur notre planête de départ. Rien de très rassurant : manque de souplesse des systèmes de jeu - le saut est pesant et peu précis, les interactions avec l'environnement limitées et on sent très, trés fort le moteur de jeu un peu poussif qui oblige les développeur à créer des décors simplistes et taillées à la serpe. Pourtant, il y a déjà une promesse interessante, avec ce soleil qui se lève, ces étoiles qui défilent, indiquant que c'est bien notre petite terre qui tourne, et cette ligne d'horizon courbe. Finalement, on nous donne le contrôle d'un vaisseau fait de planches de bois, de cristaux étranges et de réacteurs en cuivre et l'aventure commence.


On se retrouve dans un système solaire certes miniature - on peut rejoindre n'importe laquelle des planètes en quelques minutes - mais régi par des lois physiques parfaitement bien simulée. Le pilotage du vaisseau est simple mais offre beaucoup de liberté, de danger (il y aura des écrasements accidentels sur l'étoile centrale) et surtout de plaisir.
On comprend bien vite que notre objectif est de découvrir comment éviter la destruction totale de notre système et de sortir de cette boucle de 22 minutes. Pour cela : faire l'archéologue-explorateur, car une civilisation - celle des Nomaïs - précédait la notre et nous a laissé beaucoup de traces, d'artefacts et d'écrits.
On saute ainsi de planète en planète, on se pose, on sort de notre véhicule pour explorer des ruines et des sites naturels plus ou moins improbables, à la recherche du sens de tout cela, et pourquoi pas d'une solution à la fin du monde qui se répète. De manière automatique, après chaque découverte importante, un ordinateur de bord se met à jour et résume ce que l'on vient de voir (ce qui clarifie parfois les choses).
Il n'y a pas d'inventaire (ou presque - au pire on tient quelque chose en main) à gérer, seulement une mémoire des lieux et des systèmes, que le jeu nous explique de manière claire et séquentielle.
Un peu comme le pilotage du vaisseau, nos sorties sur les planêtes ou dans l'espace se font en combinaison, un oeil sur les jauges de carburant et d'O2, nous procurant un grand plaisir dans les déplacements. L'attention portée au pilotage est surprenante compte tenu des premières impressions décevantes quant à la mobilité du personnage.
Si la plastique des lieux n'est pas toujours à la hauteur, les concepts deployés sur les différents planétoïdes sont toujours étonnants d'inventivité. De la compréhension du système lié aux pierres quantiques, aux torrents de sable passant d'une planète à l'autre sur un mini système double, à cette planète qui s'effondre sur un trou noir central, tout au long des 22 minutes, l'inventivité des concepteurs est remarquable.
Les premières heures peuvent être un peu âpres, mais quand les pièces du puzzle commencent à se mettre en place, le jeu devient merveilleux. On domine ce système, on vole d'un mystère a l'autre et on décompose les mécanismes imbriqués de the Outer Wilds. On y pense après avoir éteint la console - soudainement une idée nous vient, et on trépigne de pouvoir relancer une partie, pour foncer dans l'ascenseur le long de l'arbre, sauter dans notre combinaison et quitter notre planète au son du rugissement des moteurs low-tech.
La fin de partie peut être un peu lente, les dernières énigmes ne sont pas aussi claires que les premières. Et l'épilogue m'a un peu laissé sur ma faim (mais je sais qu'il a boulversé beaucoup de monde).
Certaines comparaisons se font naturellement, par exemple avec Myst, mais on est à un niveau si différent, si supérieur qu'on se trouve chanceux que certains créateurs continuent à innover. Même s'il n'est pas parfait, Outer Wilds mérite absolument qu'on s'y attarde et qu'on s'obstine un peu, car ce mélange de simulation spatiale et de découverte est un véritable nouveau genre, et offre ce qui se rapproche le plus d'une aventure onirique aujourd'hui.

ur_best
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le 29 juil. 2022

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