Papers, Please
7.4
Papers, Please

Jeu de Lucas Pope et 3909 (2013PC)

Grosse attente pour ce jeu puisqu'on promettait un peu partout des choix éthiques déchirants et un univers proto-soviétique intéressant. J'ai l'impression que la presse jeu vidéo n'a pas vraiment compris le fond du jeu, en tout cas l'idée que je m'en étais faite en la lisant était tout à fait fausse. Rien à voir avec l'implication émotionnelle d'un Walking Dead, le projet que le jeu développe par son gameplay et son univers c'est au contraire de montrer comment un système de règles contraignant que sont d'une part le totalitarisme et d'autre part le jeu vidéo réduit à néant le libre arbitre jusque dans sa manière de penser.
On joue donc un douanier d'un simili mur de Berlin qui a des règles claires de vérifications qui se complexifient selon l'avancée du jeu et qui doit faire du chiffre pour nourrir sa famille. Il y a quelques clients récalcitrants, des propositions de pots de vin, des groupuscules résistants qui vous contactent, mais très vite, on se rend compte que nos choix ne sont guidés que par une gestion froide et calculée de chiffres. C'est simple, si tu laisses passer tout le monde, la partie se termine en 5 minutes. Le jeu se vit donc comme une véritable expérience d'aliénation et fait éprouver par son gameplay le processus de déshumanisation des systèmes administratifs (la tâche est répétitive et laborieuse, les erreurs sont punitives, la vitesse d'exécution demandée est assez grande) . Les personnages, à la modélisation très sommaire ne deviennent plus qu'un ensemble d'informations, de chiffres (numéro d'identité, taille, poids, âge) à comparer, de plus en plus nombreux (alors que l'espace de votre table de travail est très réduit -paramètre de plus qui éloigne de toute émotion annexe). Le seul plaisir que le jeu valorise est celui du travail bien fait, on devient satisfait à chaque fois que l'on détecte une anomalie et angoissé à chaque fois qu'on laisse passer quelqu'un (chaque erreur est punie d'un rappel à l'ordre qui devient vite pénalisant). On devient vite une machine incapable de penser la nuance (bon, pas bon: des 0 et des 1). Et si j'ai participé à la résistance, c'est simplement parce qu'ils m'ont donné des directives claires.


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MystreOrange
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le 29 juil. 2014

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