Persona 5: Royal
8.9
Persona 5: Royal

Jeu de Atlus (2019PlayStation 4)

Persona 5 est incontestablement un excellent jeu et un monument du J-RPG mais est-il vraiment ce « meilleur J-RPG de tous les temps » ou ce « jeu ultra mature et profond » comme on l’entend très souvent dire à son sujet ? A titre personnel je ne dirais pas cela ou du moins pas totalement, voici pourquoi.



LA VERSION ULTIME D'UN RPG DEJA CULTE



Avant tout chose, je ne vais pas faire un rappel de l’origine story de la saga néanmoins un petit point s'impose sur la version Royal dont il est question ici puisqu’elle est une version survitaminé du jeu originalement sortie 3ans auparavant. Cette dernière apporte non seulement la VF mais aussi quelques ajustements de gameplay non négligeable tel que le grapin qui donne accès a de nouvelles zones, les attaque Showtime qui permettent d’infliger de gros dégât aux adversaires de manière stylé et même des combats de boss revisité avec des exécution inédite. Et ce n’est pas tout puisqu’il y a aussi eu un lissage graphique, des musiques supplémentaires ainsi qu’une galerie disponible à partir du menu pour revoir les cinématiques, scruté en détail des modèle 3D des personnages et de leur perso ou découvrir les artwork promotionnel, etc… Mais surtout, l’ajout le plus conséquent c’est bien évidement le nouveau chapitre exclusif débouchant sur 2 nouvelles fins, ainsi que le nouveau personnage jouable Kasumi qui rejoindra occasionnellement l’équipe et offrira une nouvelle possibilité de Dating. Sans oublier le nouveau quartier avec de nouvelles boutique et mini-jeux. Bref, c’est vraiment une très grosse plus-value par rapport à la version vanilla et un investissement que vous ne regretterez pas quand bien même vous auriez déjà joué à la version originale.



UNE GENEROSITE QUI FORCE LE RESPECT



Tout d’abord je dois confesser que ce fut pour moi une totale découverte de la licence, les jeux Altus n’ayant jamais bénéficié d’une traduction francophone auparavant. Grâce à cette édition Royal j’étais vraiment content de pouvoir enfin profiter de cette licence dont on m’avait tant vanté les mérites. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le jeu ne manque pas de charme et d’originalité, dès les premières minutes on est happé par sa mise en scène flamboyante, sa splendide direction artistique cel shading, son ost jazzy énergique et ses menus dynamiques du plus bel effet. Absolument tout nous en met plein la vue et l’abondance de features qui s’amoncèlent tout au long de l’aventure ne cesse de nous captiver.


C’est un jeu extrêmement riche en activité, pourtant, on se retrouve continuellement couper dans notre élan par une escalade de dialogue qui n’en finit pas et plombe bien souvent notre motivation et/ou notre plaisir de détente après une rude journée de boulot… Des tartines et des tartines de dialogue comme vous n’en aurez jamais vue, je serais curieux de connaitre le nombre de page de script écrites pour ce jeu mais ça se compte sans aucun doute par millier. Alors la première chose à dire sur ce jeu c’est que si vous êtes allergique à la lecture et aux scènes de dialogue dans les jeux vidéo en générale ce dernier n’est clairement pas fait pour vous car vous aller en bouffer (a noté tout de même qu’une touche permet de les skiper rapidement même si je n’ai jamais compris ces gens qui sautent l’histoire m’enfin chacun sa life). Cela étant, aussi consistante soit-elle, cette narration n’en demeure pas moins extrêmement bien écrite et plaisante à découvrir. C’est laborieux et parfois un peu redondant (ils ont considéré important de faire des rappel régulier de notre progression au cas où on espace trop nos partie, ce qui n’est pas forcément mal en soit mais peu s’avéré énervant par moment et on se dit que le jeu aurait peut-être plus gagner à être allégé de quelques dialogues superflus qui alourdissent encore plus un texte déjà fort conséquent), pour autant, tous ses dialogues impressionnent par leur justesse, leur crédibilité et leur naturel, l’écriture est vraiment soignée, bien que ça puisse être barbant sur la quantité, ça ne manque clairement pas d’intérêt.



UNE ORGANISATION SCOLAIRE



L’autre point qui peut nuire à l’appréciation du jeu c’est la contrainte de temps. En effet, vous incarné un étudiant et vos journées sont rythmées par un calendrier avec un nombre restreint d’activité extra-scolaire disponible chaque jour. Cela ajoute un certain stress pour qui cherche comme moi à optimiser au maximum toute ses relations et statistiques (en vue du platine par exemple) mais surtout cela donne une sensation d’emprisonnement assez frustrante. Il y a des tas de chose à faire mais si peu de temps pour les accomplir, tant et si bien qu’on doit constamment réfléchir à notre planning, en fonction des jours de la semaine, etc et on n’est jamais vraiment libre de faire ce qu’on veut quand on veut et autant de temps qu’on le veut, par exemple, faire une partie de fléchette vous fera passer la soirée, et vous ne pourrez rejouer que le lendemain soir. Finalement vous ne pouvez même pas jouer juste pour jouer, vous êtes coincé dans le cadre et ne devez penser qu’à ce que l’activité va vous apporter en termes de stats afin de vous organiser en fonction sans pourvoir profiter pleinement des activités en question… Il y a un côté oppressant dans ce game design, néanmoins, on peu aussi y trouver quelques choses de grisant de par la nécessité d’organisation que ça implique et l’encadrement de la progression de notre personnage au fils du jeu qui empêche le joueur de se maximiser trop rapidement et faire perdre à ces activités une partie de leur intérêt ludique.



UNE VIE NORMALE



Parmi ses activités diverses et varier on retrouve un élément tout à fait inédit dans le J-RPG, le Dating Sim, ces fameux jeux de drague typiquement japonais offrent tout un panel de conversation permettant d’approfondir le background des personnages secondaires et amplifier notre attachement à eux. Malheureusement le point noir que j’aurais à reprocher à cela c’est que les choix de dialogue déterminent notre lien d’affection avec eux et sont donc totalement dépendant d’une soluce (or il n’existe malheureusement aucun guide book officiel alors que ce serait pourtant le jeu parfait pour en profiter). Là encore si vous voulez maximiser vos relations vous n’aurez aucune liberté d’action car la moindre erreur vous plomberait la partie.



MAIS ENCORE ?



Avec toutes ces activités on en oublierait presque l’autre moitié du jeu, je parle bien évidement de sa partie RPG ou plutôt devrais-je dire Dungeon Crawler puisque cela se résumera à des phases d’exploration de donjon (toujours bourré de dialogue je vous rassure…ou pas) dans lesquels on aura des phases d’infiltration, des combats au tour par tour, des coffres, des énigmes, des pièges, et systématiquement 3 objectifs à remplir pour atteindre le boss. On a 1 mois pour terminer chaque donjon (sinon game over ? je vous avoue que je n’ai jamais tenté mais en toute logique oui) durant ce laps de temps on est libre d’y accéder quand on le souhaite, autant de fois qu’il le faut et accomplir autant d’activités que possible le reste du temps. Chaque donjon a sa propre identité, ses propres mécaniques et bien sur sa propre histoire, c’est comme des chapitres. Le level design de ces donjons est tout simplement brillant, c’est un vrai plaisir de les découvrir, d’en déceler les moindres secrets. Il y a une atmosphère mystique qui s’en dégage, un mystère qui ne cesse de nous surprendre lorsqu’on les parcourt, et les combats haletants contre un bestiaire faramineux ajoutent encore plus de variété et d’identité aux lieux.



LES COMBATS JUSTEMENT PARLONS-EN



Que c’est bon de trouver encore un peu de tour par tour de nos jours et quel tour par tour, sur ce point je rejoins assez l’opinion publique c’est certainement le plus complet qu’on ait jamais vue, il y a un tas de possibilité qui contribue fortement à l’aspect stratégique des joutes dont la difficulté peu parfois s’avérer élevé. Plusieurs bémols cependant, la limite de sort disponible sur nos persona peut être contraignante, les armes à feu s’avèrent vite inefficaces en termes de dégât, mais surtout le point qui m’a le plus dérangé c’est les noms des compétences, difficile à retenir et absolument pas évocateur, si bien que je devais systématiquement lire leur effet et je n’avais par conséquent pas une pleine vue d’ensemble de mes possibilités tactiques. Aussi, les objets de soin et autres buff sont extrêmement nombreux, c’est laborieux de s’y retrouver dans tout ça, chercher un objet dans le menu peu prendre 1min. Alors bien sur tour par tour oblige vous pouvez prendre votre temps pas d’inquiétude à avoir, je souligne juste que ça peut être agaçant. De même certains monstres sont des vrais sacs à PV ultra résistant sur la fin du jeu et les combats peuvent donc s’éterniser tandis que les boss sont à mon sens trop fragile, c’est dommage surtout quand on a la possibilité de les exécuter autrement via des actions d’équipe spécifique mais qu’on finit par les tuer avant =/. Au-delà des combats eux même ce qui a rendu cette saga culte c’est certainement l’aspect capture et fusion de monstre qui là encore s’avère être d’une grande richesse et s’étoffe au fils de notre progression.



CA GROOVE DANS TON SALON



Je parlais des musiques en introduction, comment ne pas leur dédier un chapitre dans cette critique, l’ost de ce jeu est un incontournable must have, le ton jazz a une patate folle et donne au titre une identité vraiment unique qui vous marquera inévitablement. Sans m’éterniser sur les superlatifs voici quelques exemples de la diversité des ambiances et de la cohérence sonore de l’ensemble.
Jazz « Life goes on »
Rock « Blooming Villain »
Mélancolique « Alleycat »
Lyrique « Rivers in the Desert »



ET L'HISTOIRE DANS TOUT CA ?



Oui parce que j’ai commencé cette critique sur les chapeaux de roues en vous informant de l’impressionnante richesse narrative du jeu mais je n’ai pas abordé la question du scénario en lui-même, alors "qu'est-ce que ça raconte ?". Grosso modo une bande de jeune en difficulté parviennent à libéré de leur persona, c'est-à-dire à se libérer de leur pression sociale, à sortir de ce moule qui les emprisonnait et les étouffait. La persona pour ceux qui l’ignore c’est un concept imaginé par le célèbre psychanalyste Carl Jung et dont vous avez sans doute plus entendu parler en tant que « masque sociale » (oui, d’où les masque des personnages du jeu qu’ils retire pour libérer leur Persona ou plutôt leur ombre), je ne vais pas rentrer plus dans le détail de ce concept et je vous invite à voir ce court résumé (jusqu'à 6 :10)


Libéré de ces chaines de l'esprit, ils développent la capacité de rentrer dans la psyché des autres, dans leur palais mental, qui vont donc être les donjons du jeu. Ce pouvoir ils vont s’en servir contre des personnes corrompues afin de les libérer des traumas profondément enfouis qui ont fait d’eux des personnes malveillantes. Tout ça dans une optique idéaliste de reformer la société… Mais de quel droit nos héros peuvent-il se permettre d’imposer leurs valeurs morales et décider de réformer la société a leur image, qui pourrait les en empêcher de lobotomiser le pays entier ? C’est le fils rouge de cette histoire.


La chose importante dont il faut avoir conscience pour appréhender le jeu convenablement en plus de ce concept psychanalytique c’est qu’il est profondément ancré dans sa culture Nippone. Chaque chapitre va apporter son lot de problématique sociétale, a priori universel tel que le harcèlement, le suicide, l’isolement, la prostitution, etc mais ceux-ci sont vraiment à mettre dans leur contexte Japonais pour être parfaitement compris. Par exemple la « pression à la réussite » est quelques choses de très présent là-bas, bien plus qu’en occident et implique une philosophie de vie très différente, assez difficile à vous expliquer. Disons que la réussite chez nous s’apparente essentiellement à l’aspect pécunier, réussir sa vie c’est avoir une rolex a 50ans comme disais l’autre, en Asie et particulièrement sur l’archipel, c’est plus une question d’effort, de rigueur, de travail, gagner sa vie ne suffit pas il faut être reconnu, réussir un examen ne suffit pas il faut être parmi les meilleurs. Ce n’est donc pas la même approche de la question, les pressions sociales ne sont pas les même et les enjeux non plus.



VENONS-EN AU FAIT…



Après tant d’éloge, pourquoi n’est-il pas à mes yeux le J-RPG ultime ? Et bien c’est très simple, loin de moi l’idée de nié ses incontestable qualité, mais le jeu est à mon sens tellement à part dans son genre qu’il ne peut le représenter et ce serait même presque réducteur de qualifier Persona 5 uniquement de J-RPG tant ils foisonnent d’autres élément tout aussi important dans son Game Design. Sur les quelques 180h qu’ils vous occuperas (oui tout de même) plus de la moitié sera consacré à des dialogues et la restriction des activités nous pousse finalement à suivre une ligne droite si bien que le jeu tient autant du Visual Novel à mes yeux. Attention je ne dis pas ça comme quelques choses de négatif même si cette critique a pu vous sembler assez…critique, elle est en réalité plutôt affectueuse, c’est au contraire cette originalité qui fait son charme et son identité. Car même si je reconnais m’être un peu forcé par moment et en être sortie assez éreinter au point de lui attribuer seulement un petit 6/10, force est de reconnaitre avec le temps que l’expérience m’a profondément marqué au point de rehausser ma note a un 8/10 amplement mérité et j’ai eu grand plaisir à me replonger dans son univers grâce à Strickers.


Ce n’est donc pas tant qu’il ne mérite pas sa réputation, c’est juste qu’au vue de la rudesse du titre ce ne serait à mon sens pas une bonne idée de recommander ce jeu à un néophyte du J-RPG pour lui faire apprécier le genre, de surcroit à quelqu’un qui ne connaitrait rien de la culture Tokyoïte. C’est en revanche sans aucun doute un jeu à recommandé aux habitués/connaisseurs. Quant à la question de la maturité de l’histoire, le jeu aborde effectivement des questions profondes comme on l’a dit mais porte aussi en lui les clichés d’animé shonen et s’enfonce un peu dans le schéma « adolescents héroïques au cœur pure contre les méchants adultes corrompus », ce qui est assez dommage. Cependant là encore Persona 5 à l’avantage de traiter de questions plus nombreuses, au lieu de se focaliser sur un sujet en particulier chaque chapitre traite d’une question sociétale différente, mais le fait aussi de manière plus subtile, plus concrète et avec une écriture plus dense. Donc oui c’est sans aucun doute une œuvre plus complexe et mature que ne le laisse entendre son esthétique manga, ses personnages un peu clichés et son ton léger plein d’humour. Une œuvre qu’il convient de mettre dans son contexte culturel pour permettre la réflexion et l’analyse afin dans dégager le propos adulte qui se cache derrière cette apparence teenage. Une histoire à deux facettes, à la fois accessible a n’importe qui et qui s’adresse à un publique précis.



CONCLUSION



Je n’ai abordé qu’une infime partie de ce qu’est Persona 5 Royal, je suis volontairement resté en surface pour vous réserver la découverte et éviter de m’étaler sur 20 pages tant on pourrait en dire s’il fallait s’arrêter sur tout ce qu’il propose. Si vous aimez les romans d’Arsen Lupin (dont s’inspire un petit peu le jeu), les J-RPG en générale, que vous vous intéressez un minimum à la culture nippone et que les clichés animés ne vous rebutent pas trop, ce jeu sera parfait pour vous. Sinon bah ganbatte kudasai... Moi en tout cas je suis très content d’avoir enfin pu découvrir cette pépite et j’ai désormais hâte de rattraper Persona 4 Golden qui, à défaut d’un portage/remaster/remake traduit, dispose d’une version steam sur laquelle des fans ont apparemment fait un travail de traduction formidable. Aussi puisque le Persona 5 d’origine date déjà de 2016 et que la saga fête cette année ses 25ans (avec des annonces prévues de septembre 2021 a l’automne 2022) on espère l’annonce prochaine d’un Persona 6 qui pourrait encore mettre la barre très très haute sur cette 9ème génération de console (pour rappel P5 a été initialement développé sur PS3).

Créée

le 21 avr. 2022

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Nixotane

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